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UniNE: stratégie gagnant-gagnant entre guêpes et plantes

Une des guêpes parasitoïdes étudiées: Cotesia glomerata. UniNE/Neil Villard sda-ats

(Keystone-ATS) Certaines plantes émettent des signaux odorants qui aident de petites guêpes à trouver des partenaires sexuels. De leur côté, ces mêmes guêpes pondent leurs œufs dans des chenilles qui attaquent ces végétaux, ont constaté des chercheurs neuchâtelois.

On les appelle les HIPVs (de “herbivore-induced plant volatiles”). Cette abréviation désigne les substances volatiles qu’émettent les plantes quand elles sont attaquées par des insectes herbivores.

Le Laboratoire pour la recherche fondamentale et appliquée en écologie chimique (FARCE) de l’Université de Neuchâtel (UniNE) a déjà montré par le passé leur rôle dans la défense naturelle des végétaux contre les ravageurs. Avec, par exemple, cette faculté du maïs à lancer des appels à l’aide odorants afin d’attirer des guêpes parasitoïdes qui vont déposer des oeufs dans des chenilles dévoreuses de feuilles.

L’équipe de Hao Xu, doctorant au sein du laboratoire neuchâtelois, dévoile dans la revue Plant, Cell & Environment une nouvelle subtilité du système. Des guêpes parasitoïdes exploitent des substances odorantes émises par la plante, qui, en combinaison avec des phéromones sexuelles, les aident à trouver un partenaire.

“C’est la première fois à notre connaissance qu’une étude s’intéresse au rôle des HIPVs dans la localisation de partenaires d’insectes parasitoïdes”, relève Ted Turlings, directeur du FARCE. Ce rôle a été confirmé, avec plus ou moins d’importance, pour quatre espèces de guêpes parasitoïdes.

Différences entre espèces

Ces travaux ont aussi mis en évidence des différences entre les espèces de guêpes dans leur stratégie de recherche de partenaires sexuels et de chenilles pour y déposer leurs oeufs.

Ainsi, une seule des quatre guêpes examinées, Microplitis mediator, n’utilisait a priori que les signaux provenant de la plante pour trouver des partenaires. Aucune implication de phéromones sexuelles n’a pu être mise en évidence dans ce cas.

Une bonne nouvelle pour les maraîchers, sachant que cette petite guêpe s’attaque à la noctuelle du chou, un ravageur notoire. Les trois autres espèces, elles, avaient besoin d’un mélange entre phéromones sexuelles et HIPVs pour leur quête de partenaires.

Chaque espèce, en fonction de sa nature, exploite les odeurs produites par la plante de manière à assurer au mieux le succès de sa reproduction, explique Ted Turlings. Les guêpes solitaires par exemple ne comptent qu’un seul individu par plante-hôte. Elles doivent s’aventurer loin de celle-ci pour trouver un partenaire, ce qui les incite à davantage compter sur des substances volatiles d’origine végétale.

Ceci est moins le cas pour les espèces grégaires qui disposent plusieurs individus par plante-hôte. Chaque individu peut ainsi attendre aux alentours de la plante-hôte l’arrivée d’un partenaire sexuel originaire de la même plante. Logiquement, les espèces grégaires tirent moins profit des substances volatiles émises par la plante pour trouver des partenaires.

Plus généralement, cette étude démontre que la recherche d’hôte et de partenaires reste, pour les guêpes parasitoïdes, des processus olfactivement liés, un phénomène qui n’avait jamais été observé auparavant, conclut l’UniNE.

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