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Zambien

Au vu des résultats publiés par la commission électorale, Edgar Lungu, 59 ans, est donc confirmé dans ses fonctions à la tête de la Zambie, 18 mois seulement après son accession au pouvoir (archives). KEYSTONE/AP/FRANK FRANKLIN II sda-ats

(Keystone-ATS) Le président zambien Edgar Lungu a été réélu lundi au premier tour de la présidentielle, avec plus de deux points d’avance sur son principal rival Hakainde Hichilema. Le parti de celui-ci a annoncé qu’il allait contester les résultats du scrutin devant la justice.

Avec 50,3% des suffrages et 100’000 voix d’avance, le chef du Front Patriotique (PF) obtient de justesse la majorité absolue nécessaire pour éviter un second tour, selon les résultats officiels livrés par la Commission électorale. En face, Hakainde Hichilema, un homme d’affaire à succès qui dirige le Parti uni pour le développement national (UPND) est battu avec 47,6% des suffrages, un cinquième revers consécutif pour lui à une élection présidentielle.

Mais l’opposant ne s’avoue pas vaincu pour autant. Son parti a aussitôt affirmé avoir des “preuves de la manipulation des chiffres” par le parti au pouvoir. “Nous allons porter cette affaire devant la justice (…) pour contester les résultats de l’élection”, a lancé devant la presse Jack Mwiimbu, un cadre de l’UPND.

Lenteur du dépouillement

Tout au long du dépouillement qui a duré plus de trois jours, M. Hichilema s’était plaint de la lenteur du processus et avait ouvertement accusé le parti de M. Lungu de truquer les résultats.

“Ce sont des pleurnichards qui se plaignent à chaque fois qu’il y a une élection. Nous leur avons donné une leçon et c’est la fin de l’UPND”, a répondu lundi Davis Chama le secrétaire général du PF qui a débouché plusieurs bouteilles de champagne à l’annonce des résultats, selon un journaliste de l’AFP.

Pour ce scrutin présidentiel, sept autres candidats se partagent quelque 40’000 voix, très loin derrière les deux favoris. Dans la capitale Lusaka, des concerts de klaxons et de vuvuzelas ont salué la victoire de M. Lungu et des centaines de personnes convergeaient vers le centre-ville pour célébrer le succès de leur candidat.

Police anti-émeute déployée

Face aux craintes de violences post-électorales, après une campagne tendue qui a fait au moins trois morts dans des affrontements entre PF et UPND, la police anti-émeute a été déployée lundi dans les principales artères de Lusaka. Les incidents avaient même poussé la commission électorale à suspendre la campagne pendant dix jours dans la capitale Lusaka pour tenter d’apaiser les esprits.

Mais les affrontements se sont poursuivis jusqu’à la veille des élections, en marge d’un meeting de l’UPND notamment. Si le scrutin de jeudi s’est déroulé dans le calme, cette vague de violences est inédite dans ce pays habituellement connu pour sa stabilité.

Au vu des résultats publiés par la commission électorale, Edgar Lungu, 59 ans, est donc confirmé dans ses fonctions, 18 mois seulement après son accession au pouvoir. Il avait été élu en janvier 2015, devançant déjà d’une courte tête M. Hichilema, après une élection anticipée pour désigner un président le temps d’achever le mandat de Michael Sata, décédé de maladie en octobre 2014.

Mandat de cinq ans

A l’époque Hakainde Hichilema avait aussi crié à la fraude électorale et contesté en vain les résultats. Edgar Lungu est cette fois élu pour un mandat de cinq ans et devra affronter la crise économique que traverse son pays, frappé par la chute du cours du cuivre dont il est le deuxième producteur d’Afrique.

Des milliers d’emplois ont été supprimés dans le secteur minier, l’inflation dépasse les 20%, le déficit 8% du PIB et une grave sécheresse perturbe la production hydroélectrique.

Les Zambiens ont également voté jeudi pour élire leurs députés et leurs conseillers municipaux, ainsi que pour un référendum sur une modification mineure de la Constitution. Les résultats de ces scrutins n’étaient pas disponibles lundi après-midi. La Zambie, ex-Rhodésie du Nord, est indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1964 et a été dirigée jusqu’en 1991 sous un régime du parti unique par Kenneth Kaunda, avant de s’ouvrir au multipartisme.

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