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Un parti d’opposition thaïlandais échappe à la dissolution

Future Forward est dirigé par le milliardaire charismatique Thanathorn Juangroongruangkit (deuxième depuis la droite, archives). KEYSTONE/EPA/RY JMA sda-ats

(Keystone-ATS) L’un des principaux partis d’opposition thaïlandais, accusé par ses détracteurs d’avoir tenté de renverser la monarchie, a échappé mardi à la dissolution, faute d'”élément à charge”. Mais il reste menacé d’interdiction dans une autre procédure.

“Il n’y a aucun élément à charge” montrant que des dirigeants clés de Future Forward (“En avant l’avenir”) “ont intenté des actions contre la monarchie”, a conclu la Cour constitutionnelle saisie de l’affaire.

Future Forward est la troisième force politique en Thaïlande. Le mouvement a obtenu aux législatives de 2019 plus de six millions de voix, en particulier celles de jeunes Thaïlandais inquiets du rôle joué par l’armée dans la vie politique.

Fin de la conscription

Avec ses appels à la fin de la conscription et à la réduction des budgets pour la défense, le parti dirigé par le charismatique milliardaire Thanathorn Juangroongruangkit est la bête noire des militaires qui tiennent toujours les rênes du pays. Depuis son ascension fulgurante, il est la cible d’attaques incessantes des autorités judiciaires.

Dans une autre procédure, Thanathorn Juangroongruangkit, 41 ans, a été déchu de son mandat de député, accusé d’avoir détenu des parts dans un organe de presse pendant la campagne électorale.

Et le parti risque la dissolution dans un troisième dossier : une affaire présumée de prêts illégaux qui auraient été accordés par l’homme d’affaires à son mouvement. “Il reste un long chemin (judiciaire, ndlr) à parcourir”, a dit à l’AFP Mme Nalutporn Krariksh, l’un de ses partisans.

Réminiscences de Illuminati

Dans le volet jugé mardi, Future Forward était accusé d’avoir voulu renverser la monarchie. Aussi puissante que mystérieuse, cette dernière est protégée par l’une des législations contre la diffamation les plus strictes du monde et bénéficie du soutien indéfectible de l’élite militaire et économique.

Les détracteurs de ce parti d’opposition s’étaient appuyés sur des discours prétendument antimonarchiques de responsables de Future Forward. Ils avaient aussi mis en avant le logo du parti, un triangle inversé, estimant qu’il était proche du symbole de la confrérie des Illuminati, une prétendue société secrète oeuvrant à l’avènement du nouvel ordre mondial.

“Nous pensons que ces cas sont motivés par des considérations politiques”, a déclaré M. Thanathorn au cours d’une conférence de presse après la décision. Il a promis de faire pression pour que la Constitution de 2017, considérée comme avantageuse pour les partis soutenant l’armée, soit amendée.

Mardi, Amnesty International a appelé “les autorités thaïlandaises à cesser d’instrumentaliser le processus judiciaire pour intimider et harceler les dirigeants et les membres de Future Forward”.

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