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Une “forte personnalité” qui s’est battue pour la sortie de l’atome

Doris Leuthard partira plus tôt que prévu pour la fin 2018. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Les partis ont salué une “forte personnalité” dotée d’une “vaste expérience politique” après l’annonce jeudi de la démission de Doris Leuthard du Conseil fédéral. Le bilan de la ministre PDC est loué, en particulier son rôle dans la sortie de la Suisse du nucléaire.

Le PDC a pris connaissance jeudi avec regret et respect du départ de Doris Leuthard pour la fin 2018. “C’est une grande perte”, a déclaré à l’agence Keystone-ATS le président du parti Gerhard Pfister. L’Argovienne est “l’une des personnalités les plus fortes du Conseil fédéral”, a-t-il dit.

Le PLR a lui souligné dans un communiqué sa “vaste expérience politique”. Elle lui a permis de remporter des succès que ce soit en politique énergétique et climatique, économique ou dans le domaine de la formation.

Interrogé par la RTS, le conseiller national Jean-François Rime (UDC/FR) a lui aussi mis en avant la forte personnalité de Doris Leuthard. “Elle avait peut-être du mal à accepter la contradiction”, a-t-il toutefois nuancé.

“C’était vraiment une rassembleuse”, a estimé le conseiller national Jacques-André Maire (PS/NE) au micro de la RTS. Elle a su tenir compte des minorités géographiques, mais aussi des différentes tendances politiques.”

Bilan salué

Le bilan de la cheffe du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) est largement salué. “Elle a réalisé des projets très importants pour le futur de notre pays”, a loué auprès de Keystone-ATS la conseillère nationale (PDC/VS) Viola Amherd.

La conseillère nationale Ada Marra (PS/VD) relève le rôle qu’a joué Doris Leuthard dans la sortie du nucléaire, “une vraie révolution”. A ce sujet, l’ONG Greenpeace l’a remerciée par communiqué pour l’annulation de la construction de trois nouvelles centrales après la catastrophe de Fukushima en 2011 et pour la sortie de l’atome prévue dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050, que Doris Leuthard a défendue.

Pour le PLR, le plus grand mérite de Doris Leuthard à la tête du Département des transports est d’avoir assuré le financement à long terme de l’infrastructure des transports, selon le communiqué du parti.

Critiques

L’Argovienne subit aussi son lot de critiques. “Elle a passé de plus en plus à gauche”, regrette la vice-présidente de l’UDC et conseillère nationale Céline Amaudruz. La Genevoise reproche notamment à Doris Leuthard de ne pas avoir assez défendu les intérêts de la route.

Andreas Häuptli, le président de la Fédération des médias alémaniques Schweizer Medien, n’est lui pas satisfait de la nouvelle loi sur les médias électroniques. Il attend de sa remplaçante ou son successeur une vraie compréhension des médias, “et aussi de l’intérêt”.

Greenpeace, pour sa part, attend de voir avec quel sérieux l’abandon de l’atome sera conduit. L’ONG critique la décision de réviser l’ordonnance sur l’énergie nucléaire qui permettrait, selon Greenpeace, de maintenir connectée au réseau la centrale vieillissante de Beznau (AG) pendant des décennies sans modernisation.

Pro Natura juge qu’elle n’a pas assez fait en faveur de la biodiversité. Elle n’a pas donné d’élan significatif à la politique de transfert des marchandises de la route au rail, regrette encore l’Initiative des Alpes.

La stratégie du PLR inchangée

Le PDC estime pouvoir légitimement revendiquer un siège au Conseil fédéral vu qu’il est le 4e plus grand parti de Suisse. Son président Gerhard Pfister a dit jeudi qu’il n’était pas sur les rangs.

La démission de la ministre PDC ne change rien à la stratégie du PLR pour la succession de “son” conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, qui a lui annoncé mardi son départ pour la fin de l’année également, a assuré la présidente du PLR Petra Gössi.

Cela ne change rien non plus à la question des femmes, selon elle. Et de répéter ce qu’elle a dit mercredi: cela ferait du bien au PLR de porter une femme au gouvernement.

Le PS souhaite des personnalités féminines pour succéder aussi bien à Doris Leuthard qu’à Johann Schneider-Ammann. Idem pour les Verts, a fait savoir le conseiller national Balthasar Glättli (Les Verts/ZH).

Pour Céline Amaudruz, la ligne politique de la personne est plus importante que le genre. Elle ajoute toutefois que c’est un critère dont il faut tenir compte, au même titre que la représentation des régions. Et d’inviter chaque parti à prendre ses responsabilités et à présenter au moins une femme.

Questionnée sur la légitimité du siège du PDC, la conseillère nationale UDC indique que “le centre a le droit à un siège”. Le PLR ne le remettra pas non plus en cause.

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