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Une délégation de l’armée birmane en visite en Suisse

D'après les derniers chiffres des Nations unies, 582'000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie depuis le 25 août, pour se réfugier au Bangladesh voisin (archives). KEYSTONE/EPA/ABIR ABDULLAH sda-ats

(Keystone-ATS) Une délégation de l’armée birmane est en visite en Suisse. Relayée par Amnesty international, cette visite intervient alors que l’ONG demande à la communauté internationale de passer à l’action pour mettre fin à la répression contre les Rohingyas dans ce pays.

Contacté par l’ats, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a confirmé la visite d’une délégation de six membres de l’armée birmane. Celle-ci était intéressée à venir faire un voyage d’étude du fédéralisme, proposé par le DFAE.

Au vu de la situation en Birmanie, “le programme du voyage a été repensé afin que la Suisse puisse à cette occasion rappeler à ses interlocuteurs qu’elle condamne les violences armées qui se sont produites au Rakhine et qu’il est du devoir de chaque Etat de respecter pleinement ses obligations en matière de droit international et de prévenir en particulier toutes violations des droits de l’homme”, a souligné le DFAE.

La délégation birmane est dirigée par le vice-chef de l’armée Soe Win. Des réunions sont prévues avec l’administration fédérale et des experts externes sur la sécurité humaine et le droit humanitaire, le droit international et le droit international humanitaire, la politique de paix, le fédéralisme et la protection des minorités.

La délégation a également rencontré des représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), seule organisation humanitaire actuellement active dans le nord de l’Etat du Rakhine avec la Croix-Rouge locale. La situation humanitaire a été discutée, ainsi que l’action du CICR pour stabiliser la région, selon une porte-parole de l’organisation.

Campagne de répression

Cette visite est controversée au moment où, d’après les derniers chiffres des Nations unies, 582’000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie depuis le 25 août, pour se réfugier au Bangladesh voisin.

La communauté internationale doit “passer à l’action” pour mettre fin à la campagne de répression “systématique, planifiée et impitoyable” de l’armée birmane contre les Rohingyas, a d’ailleurs estimé mercredi Amnesty international. L’organisation évoque la “pire crise des réfugiés” dans la région depuis des décennies.

La crise a débuté quand les rebelles de l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA), dénonçant les mauvais traitements subis par la minorité rohingya en Birmanie, ont attaqué des postes de police fin août. Les événements ont entraîné une répression sévère de l’armée.

Amnesty international estime qu’il est temps d'”interrompre la coopération militaire, d’imposer un embargo sur les armes et d’imposer des sanctions ciblées contre les responsables d’atteintes aux droits humains”. En se basant sur l’analyse d’images satellites et de témoignages de survivants, l’ONG dit détenir de nouveaux éléments qui “attestent de crimes contre l’humanité systématiques visant à terroriser et chasser les Rohingyas”.

Les Rohingyas représentent la plus grande population apatride au monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous la junte militaire. Victimes de discriminations, ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.

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