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“Chinese Whispers”, reflet de l’art moderne chinois à Berne

(Keystone-ATS) Intitulée “Chinese Whispers”, une exposition d’importantes pièces de la collection du Suisse Uli Sigg s’ouvre jeudi soir au Musée des Beaux-Arts de Berne et au Zentrum Paul Klee. Le public pourra découvrir des aspects de l’art chinois de ces quinze dernières années.

Près de 150 oeuvres sont visibles jusqu’au 19 juin. L’exposition est accompagnée d’une série de débats, avec notamment l’artiste chinois Ai Weiwei et l’architecte Jacques Herzog, de l’atelier Herzog & de Meuron.

“Chinese Whispers”, nom anglais du “téléphone arabe”, montre la position des artistes chinois entre Orient et Occident, entre tradition et progrès. Les plasticiens chinois s’efforcent de concilier ces deux mondes et de se donner une identité propre sur le marché international de l’art, écrit le Musée des Beaux-Arts mercredi.

Le reflet de profondes mutations

Parallèlement, les œuvres témoignent des profondes mutations que connaît la Chine en matière d’urbanisme, de gestion des ressources, d’historiographie récente, de critiques du système politique, ou d’introspection émotionnelle.

L’art contemporain chinois est un phénomène sans pareil. Contrairement à son pendant occidental, qui est le fruit de l’évolution de l’histoire de l’art, l’art en Chine a connu un bond en avant dans les années 1980, après la timide ouverture politique du pays.

Très rapidement, les artistes chinois s’approprient les différents courants de l’art moderne occidental, qu’ils ont “manqués”. Les thèmes qu’ils abordent, par contre, sont authentiquement chinois et expriment souvent une réaction face aux difficultés politiques et sociales de leur époque. Mais depuis le début du XXIe siècle, une nouvelle génération, active à l’avant-garde de l’art mondial, redécouvre la très riche tradition culturelle chinoise.

Retentissement international

“Chinese Whispers” fait suite à “Mahjong”, organisée en 2005 au Musée des Beaux-Arts de Berne. Première exposition à présenter toute la diversité de l’art contemporain chinois en Occident, “Mahjong” a connu un fort retentissement international.

Journaliste économique, entrepreneur, ambassadeur de Suisse en Chine (de 1995 à 1998) et collectionneur d’art, Uli Sigg a commencé dans les années 1970 à s’intéresser à l’art contemporain chinois. Il a été le premier à collectionner systématiquement ces œuvres.

Le Lucernois a créé sa collection non en fonction de ses propres goûts, mais du caractère représentatif des œuvres, comme l’aurait fait une galerie nationale. C’est pourquoi la collection Sigg, qui regroupe plus de 2200 œuvres de 350 artistes, est considérée comme la plus vaste du monde.

Une version réduite de l’exposition “Chinese Whispers” sera présentée au MAK – Musée autrichien des Arts appliqués et de l’Art contemporain à Vienne. Les oeuvres partiront ensuite pour Hong Kong.

Désireux depuis toujours de rapatrier cet ensemble unique, qui retrace 40 ans d’histoire de l’art chinois, dans son pays d’origine, Uli Sigg a légué en 2012 une grande partie de sa collection au musée M+ Museum for visual culture, West Kowloon Cultural District, récemment créé à Hong Kong.

Installé dans un complexe architectural conçu par le bureau d’architectes suisses Herzog & de Meuron, le M+ ouvrira ses portes en 2019 et va devenir l’un des plus grands musées au monde.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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