Des perspectives suisses en 10 langues

A Mulhouse, une mosquée cofinancée par des dons du Qatar

(Keystone-ATS) Le Centre Annour, inauguré à Mulhouse en mai 2019 au bout d’une décennie de travaux – construction ultra-moderne encore inachevée qui va rassembler mosquée, école et commerces-, est financé pratiquement pour moitié par des dons privés du Qatar.

“Le premier centre islamique d’Europe en termes de diversité des services proposés”. C’est ainsi qu’est présenté ce bâtiment blanc à haute performance énergétique sorti de terre dans le nord-est de Mulhouse, ville où se rend mardi Emmanuel Macron pour dévoiler sa stratégie de lutte contre “le séparatisme” islamiste.

Sur environ 10’000 m2 répartis sur trois étages sont prévus, outre la salle de prière pouvant accueillir 2000 personnes, des salles de cours, un espace culturel, un centre mortuaire, des commerces, une piscine, un parking…

“La salle de prière ne représente que 13% de la superficie, le reste est ouvert à tout le monde”, a expliqué à l’AFP Nasser El Kady, président de l’Association des Musulmans d’Alsace (Amal), responsable du projet.

Si ce n’est la participation de la mairie à l’achat du terrain, le projet est financé uniquement par des dons privés, qui s’élèvent pour l’heure à 19,5 millions d’euros pour des travaux achevés à 85%.

“On choisit notre imam”

Sur cette somme, “entre 4 et 5 millions d’euros sont des dons locaux et les trois quarts restants viennent du Qatar et du Koweit”, à hauteur respective de 65% et de 35% des quelque 15 millions d’euros provenant de l’étranger, a détaillé M. El Kady, rappelant que l’aumône est l’un des piliers de l’islam.

“Mais on ne travaille pas avec les Etats, ce sont des dons privés transmis par des associations, il n’y a rien de caché”, affirme le président de l’Amal, association membre des Musulmans de France (ex-UOIF).

“Mulhouse est le projet phare de Qatar Charity (influente ONG qatarie, ndlr), c’est comme ça qu’ils le présentent. (…) Pour eux c’est une manière d’enraciner et développer l’islam politique en Europe, dans des mosquées qui sont des centres de vie”, avait expliqué en 2019, au journal l’Alsace, le journaliste Georges Malbrunot, qui a co-écrit avec Christian Chesnot le livre “Qatar Papers” sur les financements qataris de projets européens.

Nasser El Kady soutient au contraire “travailler pour qu’il n’y ait pas de communautarisme”, avec notamment de fréquentes rencontres interreligieuses ou des actions sociales. “On n’accepte pas les dons conditionnés, aucun membre (du centre) n’est imposé de l’étranger, on maîtrise notre discours, on choisit notre imam”, a-t-il affirmé.

Travaux inachevés

Depuis la pose symbolique de la première pierre du centre Annour (lumière en arabe, ndlr) début 2009, suivi rapidement d’un coup d’arrêt des travaux jusqu’en 2012, le budget initialement prévu a presque doublé.

Fin mai, la première prière a eu lieu dans la grande salle de culte bleue et blanche surplombée d’un immense lustre et d’une mezzanine suspendue pour les femmes. Selon le président de l’Amal, il manque encore 2,5 millions d’euros pour finir, une somme qui sera impossible à rassembler sans fonds étrangers.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision