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Al Baghdadi aurait quitté Mossoul et se cacherait dans le désert

La situation restait confuse mercredi dans les faubourgs ouest de Mossoul KEYSTONE/AP/KHALID MOHAMMED sda-ats

(Keystone-ATS) Le chef du groupe Etat islamique (EI) et calife autoproclamé Abou Bakr al Baghdadi aurait abandonné le commandement opérationnel à ses lieutenants. Il aurait quitté Mossoul pour se dissimuler dans le désert, croient savoir des responsables américains et irakiens.

Sa seule préoccupation désormais est sa survie, ont-ils indiqué mercredi. S’il est impossible de le localiser, l’absence de communication officielle de l’EI et la perte annoncée de Mossoul laissent entendre qu’Abou Bakr al Baghdadi (Ibrahim al Samarraï de son vrai nom) a quitté la grande ville du nord de l’Irak.

Visé par de nombreuses frappes aériennes et donné pour mort ou blessé à de multiples reprises, le numéro un de l’EI demeure toujours insaisissable. Il ne reste jamais plus de 24 heures au même endroit, explique-t-on de mêmes sources, et préfère se cacher parmi les civils dans des villages reculés que se mêler aux combattants.

Propagande en baisse

Par ailleurs, ces sources affirment que la nette diminution de la diffusion de la propagande de l’EI sur les réseaux sociaux atteste de l’isolement de plus en plus grand dans lequel se trouvent Abou Bakr al Baghdadi et son entourage. Dans sa dernière intervention en novembre, il appelait dans un enregistrement audio ses partisans à combattre les “mécréants” et à faire “couler leur sang comme des rivières”.

La dernière communication officielle concernant Abou Bakr al Baghdadi remonte au 13 février et provient de l’armée irakienne qui disait avoir bombardé une maison où il se trouvait peut-être.

Selon Hicham al Hachimi, auteur de l’ouvrage “Le Monde de Daech”, al Baghdadi se déplace désormais dans des zones contrôlées par des tribus sunnites au nord de l’Euphrate. La zone s’étend du nord de la ville de Baadj (nord-ouest de l’Irak) à la ville syrienne d’Albou Kamal.

Prison reprise à l’EI

A Mossoul même, les forces irakiennes ont repoussé une contre-attaque lancée dans la nuit de mardi à mercredi par les combattants de l’EI aux abords de bâtiments administratifs repris la veille par l’armée de Bagdad.

Les djihadistes ont utilisé des voitures piégées au cours de leur contre-attaque, a expliqué à l’agence Reuters le général Ali Kadhem al Lami, de la police fédérale irakienne. “Aujourd’hui, on dégage le secteur, qui a été libéré”, a-t-il ajouté.

Les forces irakiennes ont également repris une prison au nord-ouest de Mossoul où l’EI aurait exécuté des centaines de personnes et enfermé des femmes yézidies, a informé l’armée irakienne.

La prison de Badouch a été reconquise par les forces de la 9e division blindée et un groupe paramilitaire qui participent à l’offensive lancée pour déloger les djihadistes de Mossoul. L’armée n’a pas précisé si des prisonniers se trouvaient toujours dans le lieu au moment de sa capture.

Selon Human Rights Watch, l’EI a exécuté le 10 juin 2014 quelque 600 détenus de cette prison, surtout des chiites, les forçant à s’agenouiller près d’un ravin avant de les y pousser et de brûler leurs corps.

Mossoul ville minée

Les combats ont laissé derrière eux des roquettes et mortiers non explosés et des bombes artisanales. Mossoul est aujourd’hui l’une des villes les plus minées au monde. Cela posera d’énormes problèmes quand des dizaines de milliers de ses habitants rentreront chez eux, a alerté mercredi l’ONG Handicap international.

“On fait face à une très grosse urgence”, affirme Fanny Mraz, chef de mission de l’ONG en Irak. “Il y a déjà un afflux de blessés par des restes de mortiers ou de roquettes à Mossoul”, poursuit-elle.

Ces engins non détonnés constellent la ville transformée depuis plus de quatre mois en champ de bataille. Ils explosent quand des civils se “déplacent” ou quand “ils essaient de se réfugier dans un édifice abandonné mais contaminé”, raconte Mme Mraz.

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