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Appels à la justice pour un critique du régime cambodgien assassiné

Kem Ley avait été abattu en plein jour de deux balles dans la tête dans un café à Phnom Penh. Une procession en hommage avait été organisée, suivie par des milliers de Cambodgiens, dont ces moines (archives). KEYSTONE/EPA/MAK REMISSA sda-ats

(Keystone-ATS) Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche au Cambodge devant la tombe d’un célèbre critique du régime. Ils ont lancé des appels à la justice pour le premier anniversaire de cet assassinat, qui avait provoqué une onde de choc dans le pays.

Analyste charismatique et populaire, Kem Ley avait été abattu en plein jour de deux balles dans la tête dans un café à Phnom Penh. Le meutrier, Oeuth Ang, un ancien soldat, avait été condamné en mars à la réclusion criminelle à perpétuité, mais ses motivations selon lesquelles la victime lui devait de l’argent restent très controversées.

“Je ne sais pas s’ils ont fabriqué de toutes pièces cette histoire de dette, mais je n’y crois pas du tout”, a déclaré la mère de Kem Ley, au moment où la foule commençait à se rassembler devant la maison familiale, dans la province de Takeo (sud).

“Il n’y a pas eu de justice pour nous jusqu’ici”, a ajouté cette femme de 77 ans, dont le sentiment reflète celui de nombreux participants à la manifestation.

Aucune transparence

Les jours précédant son assassinat, Kem Ley, grande voix démocrate du Cambodge, avait multiplié les interviews pour commenter un rapport affirmant que la famille du Premier ministre avait fait main basse sur l’économie du pays d’Asie du Sud-Est.

Plus d’une centaine d’ONG locales et étrangères ont appelé le gouvernement à rouvrir ce dossier après un “procès inique”.

“Il n’y a eu aucune transparence dans l’enquête sur l’assassinat et de nombreuses questions restent toujours sans réponse”, déplorent ces organisations dans un communiqué soulignant qu’il y avait “suffisamment de preuves” que l’assassin avait des complices.

Le célèbre politologue était connu notamment pour ses critiques du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 31 ans. Le régime est accusé de corruption, de népotisme, de fraude électorale et de violations des droits de l’Homme.

Ces dernières années, plusieurs défenseurs des droits humains ou syndicalistes ont été tués au Cambodge, alors que le climat politique est très tendu.

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