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Athènes veut renvoyer en Turquie 10’000 migrants d’ici fin 2020

Depuis la multiplication des arrivées ces dernières semaines sur les îles égéennes depuis la Turquie, le camp de Moria suffoque avec quelque 13'000 migrants pour une capacité de 3000. KEYSTONE/AP/MICHAEL VARAKLAS sda-ats

(Keystone-ATS) Le gouvernement grec a annoncé lundi sa volonté de renvoyer en Turquie quelque 10’000 migrants d’ici la fin 2020. La décision a été annoncée après un conseil des ministres convoqué en urgence au lendemain d’un incendie meurtrier dans un camp de l’île de Lesbos.

Le sinistre sur l’île de Lesbos, dans le plus grand camp de migrants d’Europe, a relancé le débat sur la réforme du droit d’asile voulue par le gouvernement du Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis.

Lors d’une réunion d’urgence lundi, le conseil des ministres a apporté une première réponse en affichant sa volonté de renvoyer 10’000 migrants en Turquie d’ici fin 2020, contre un peu plus de 1800 en quatre ans et demi, sous le précédent gouvernement de gauche. De tels retours sont rendus possibles par l’accord UE-Turquie conclu en mars 2016.

Parmi les autres mesures annoncées, le conseil des ministres a prévu le renforcement des patrouilles en mer Egée, avec déjà 23 patrouilleurs supplémentaires opérationnels depuis la semaine dernière, afin de stopper les arrivées.

Une morte et 17 blessés

Les autorités ont confirmé la mort d’une réfugiée dans l’incendie du camp de Moria qui, selon des migrants, serait parti d’un petit commerce ambulant. Mais selon les médias grecs, l’enfant de la victime, un nouveau-né, pourrait également avoir péri dans les flammes. Il y a eu également 17 blessés parmi les migrants dont deux enfants.

Depuis la multiplication des arrivées ces dernières semaines sur les îles égéennes depuis la Turquie, le camp de Moria suffoque avec près de 13’000 migrants pour une capacité de 3000.

“Une telle tragédie peut arriver à tout moment” dans ce camp qui accueille des milliers de migrants “de cultures différentes”, a déploré Kostas Mountzouris, le préfet du nord de la mer Egée, dont fait partie Lesbos.

“La situation est très tragique”, a renchéri Boris Cheshirkov, porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) en Grèce, jugeant “extrêmement urgent” d'”accélérer les transferts vers le continent”.

Réfugiés en colère

Les exilés en colère ont déclenché des émeutes dimanche soir, grimpant sur les conteneurs et les murs d’enceinte du centre d’hébergement. La police a tiré des gaz lacrymogènes contre la foule furieuse du retard pris par les pompiers à venir éteindre l’incendie.

“Les policiers ne nous ont pas aidés, et les pompiers ont tardé” à arriver, a déclaré lundi Javad, originaire d’Afghanistan. Lundi, le camp de Moria avait retrouvé un semblant de calme mais avec un renforcement de la présence policière.

L’augmentation du nombre d’arrivées en Grèce ces dernières semaines a mis à rude épreuve le système d’accueil. Le pays compte 70’000 migrants et réfugiés sur son territoire. En trois mois, près de 10’000 personnes sont arrivées à Lesbos, a déclaré le ministre adjoint à la protection civile Lefteris Oikonomou.

“Nous sommes dans un contexte différent de (la crise migratoire de) 2015, où les frontières étaient ouvertes. Mais depuis l’accord UE/Turquie (de mars 2016), nous vivons de loin la pire période”, a-t-il dit à la presse. D’après le HCR, du 2 au 15 septembre, 2510 réfugiés ont été transférés des îles égéennes vers le continent grec.

Mais, selon l’ONG Oxfam, il y a toujours plus de 26’000 migrants dans les cinq “hotspots” des îles grecques, prévus pour accueillir 6300 personnes.

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