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Au Japon, les Suisses mettent leur ouvrage sur le métier

Tout comme aux vrais Jeux olympiques, la délégation suisse défile.

A Numazu, au pied du Mont Fuji, les Suisses participent activement au 39ème Concours mondial des métiers. Les 40 compétiteurs suisses ont vite fait de s'adapter à un environnement culturel différent.

Face à eux, outre les Européens, les apprentis issus de pays émergents d’Asie sont de plus en plus talentueux. Surtout dans les métiers de haute technologie.

A Numazu, une ville de pêcheurs, la Suisse a envoyé l’une des plus grandes délégations. Cette dernière représente 38 métiers et est accompagnée de 37 experts.

C’est que la Suisse doit défendre son titre de meilleure nation, acquis il y a deux ans à Helsinki, dans une Asie qui bat tous les records de croissance économique et qui est déterminée à prouver que son niveau de formation professionnelle n’a rien à envier à celui des pays européens les plus avancés en ce domaine.

Problème de traduction

C’est une équipe suisse très solide, bien préparée, très concentrée qui se trouve à Numazu. Elle n’est pas trop dépaysée même si elle est, parfois, un peu perdue avec la traduction japonaise.

Elle est informée sur les us et coutumes locaux. Mais confrontée, dans certains métiers, à des matériels ou des ingrédients différents. Leur utilisation oblige les candidats helvétiques a se montrer imaginatifs.

«Dans les métiers de haute technologie, nos candidats travaillent avec les matériels les plus sophistiqués. C’est extraordinaire. Mais dans d’autres, comme la cuisine, la pâtisserie ou la boulangerie, les produits, ici, sont différents des nôtres. Et cela nécessite une certaine adaptation», observe Jacqueline Mader, le «Team Leader» de l’équipe suisse.

Capacité d’adaptation

Au niveau de leur métier respectif, les jeunes Suisses sont très au point. Ils témoignent d’une faculté d’adaptation remarquable, assurent les experts qui les accompagnent.

«Les Asiatiques sont souvent aussi bons que nous. Mais on a nos compétences. Et nous pouvons tester la qualité de la formation que l’on dispense en Suisse. C’est une bonne vitrine pour nous que d’être ici au Japon», déclare Thomas Hilger, le coresponsable de l’équipe suisse.

Concurrence asiatique

Un avis partagé par Pierre Triponez, député suisse et directeur de l’Union suisse des arts et métiers qui a rejoint la délégation helvétique à Numazu. Ce concours mondial des métiers permet, tous les deux ans, à la Suisse de comparer son système de formation dual (pratique et théorique) avec ceux d’autres pays.

«Cela donne la possibilité à nos formateurs et à nos apprentis de juger leurs standards de formation, leurs qualifications, de découvrir de nouveaux métiers», assure Pierre Triponez.

La Suisse figure parmi les toutes premières nations grâce à son système de formation duale. Les Européens ont encore un avantage compétitif. Mais il s’amenuise: les apprentis coréens, japonais, ceux de pays émergents d’Asie, sont de plus en plus talentueux. Surtout dans les métiers de haute technologie, centrés sur les logiciels.

Exploit de Carole Corminboeuf

Championne d’Europe et du monde de coiffure, Carole Corminboeuf est venue à bout, sans trop de difficultés, de sa première épreuve. Le test B ou la coupe avant-garde avec couleur et le dessin de la barbe pour messieurs. Cela s’est même mieux passé qu’à l’entraînement.

«J’ai toujours eu des problèmes avec le temps, mais, cette fois-ci, j’ai pu travailler beaucoup plus vite», dit-elle. Son prochain test sera la coupe classique avec la taille de barbe, toujours pour messieurs.

Ses parents qui l’ont suivie d’Avenches (Vaud) à Numazu ne cachent pas leur fierté. Selon Fernand Corminboeuf, sa fille a de la suite dans les idées et sacrifie tout son temps libre, depuis des années, à la préparation de ses concours.

L’intérêt de ces olympiades des métiers pour les candidats suisses est double. S’ils obtiennent de bons résultats, ils bénéficient, de retour chez eux, d’une publicité à la mesure de leurs performances.

Ils peuvent aussi obtenir plus facilement une place de travail à l’étranger. Les entreprises qui parrainent ce concours les invitent à faire des stages de trois mois à une année dans tous les pays du monde et dans chaque profession.

Une mosaïque représentant le col de l’Albula

Numazu réserve aux 2472 participants de 46 pays ou régions participant à ce concours des métiers un accueil d’une chaleur exceptionnelle. Chaque classe de ses écoles primaires et secondaires soutient une équipe.

Avant le début de la compétition, la Suisse a rendu visite à celle qui l’encourage pendant les épreuves.

Un orchestre de collégiens de 13 à 15 ans a accueilli ses membres en jouant l’hymne national suisse. Ils ont créé un site sur Internet consacré au pays de Heidi. Ils ont construit une mosaïque de la taille d’un écran de cinéma représentant le col de l’Albula.

En échange, les Suisses leur ont chanté une chanson en japonais et en suisse-allemand et leur ont offert des cadeaux. «Cela a été un moment des plus émouvant», conclut Jacqueline Mader.

swissinfo, Georges Baumgartner, Numazu au Japon

Le 39ème Concours mondial des métiers (CMM ou «WorldSkills Competition», WSC en anglais) se tient du 14 au 21 novembre à Numazu, au Japon. Les compétitions proprement dites ont lieu du 15 au 18 novembre.

2472 participants (juges, officiels, observateurs, interprètes, etc.) de 46 pays ou régions ont été sélectionnés, parmi lesquels plus de 820 candidats, âgés au plus de 22 ans, provenant de 45 pays ou régions.

Une quarantaine de métiers font l’objet d’une compétition.

Le 39ème CMM a lieu pour la première fois en parallèle au 7ème Abilympics, le Concours mondial des métiers pour personnes handicapées.

Créé en 1953, le CMM connaît un développement régulier. En 1977 par exemple, le concours accueillait 17 nations avec 293 candidats.

La délégation suisse compte 86 personnes, dont des officiels, 37 experts et 40 «compétiteurs» (3 Romands) représentant 38 métiers (sur plus de 250 reconnus par la loi suisse) des secteurs artisanat, industrie et services.

C’est la 5ème délégation la plus importante en provenance d’Europe, derrière la France (101 personnes), la Finlande (100), l’Irlande (92, mais 26 candidats) et la Grande-Bretagne (91, mais 23 compétiteurs), mais bien devant l’Allemagne par exemple (68 personnes en tout).

La délégation suisse vise une troisième victoire consécutive au classement par nation après celles de 2003 à St-Gall et de 2005 à Helsinki.

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