Au Svalbard, un Suisse passe de guide touristique à diplomate
Le Bernois Marcel Schütz a émigré à 20 ans sur l'île de Svalbard, sous le pôle Nord. En tant que premier diplomate étranger sur place, il aide aujourd'hui les chercheuses et chercheurs en difficulté à s'en sortir.
A Longyearbyen, le chef-lieu de l’archipel polaire du Svalbard, les températures moyennes les plus élevées jamais enregistrées ont été relevées cet été: 7,7 degrés. «Le climat a changé ici de manière fulgurante au cours des 15 dernières années», explique Marcel Schütz. L’homme de 34 ans y est consul honoraire de Suisse depuis deux ans.
L’archipel, situé à mi-chemin entre le Cap Nord et le Pôle Nord, sert à de nombreux chercheurs et chercheuses de thermomètre pour le changement climatique: «Ces dernières années, les instituts de recherche suisses ont mené plus de 100 projets au Svalbard», explique Marcel Schütz.
Par le passé, plusieurs situations délicates se sont produites: «Par exemple, lorsqu’un chercheur a été victime d’un accident sur le terrain ou lorsqu’il y a des incertitudes sur les dispositions en vigueur».
Le Suisse a d’abord travaillé sur l’île dans la restauration, puis comme guide touristique – aujourd’hui, il apporte un soutien logistique aux expéditions et les accompagne en tant que photographe. Et depuis deux ans, il est le représentant officiel de Berne au Svalbard: «En tant que consul honoraire de Suisse, je fais le lien avec notre lointaine patrie en cas de crise». Marcel Schütz est le premier diplomate étranger à vivre sur place.
Le recours au pistolet d’alarme
Marcel Schütz est désormais un habitant aguerri du Svalbard. Il passe une grande partie de l’année en dehors des quelques agglomérations et il faut plus qu’un ours polaire pour le déstabiliser. «Au cours de toutes ces années, j’ai dû recourir une seule fois au pistolet d’alarme», raconte-t-il. «Et pourtant, j’ai déjà rencontré de nombreuses fois un ours lors de mes randonnées». Quiconque quitte les limites de la ville de Longyearbyen est tenu de porter sur lui un fusil chargé, pour se défendre.
Les relations politiques au Svalbard sont régies par le traité international de la Société des Nations datant de 1920, qui a transféré la souveraineté de l’archipel à la Norvège et a déclaré le Svalbard territoire neutre, démilitarisé – et ouvert au monde. «Toute personne capable de subvenir à ses besoins par ses propres moyens peut s’installer au Svalbard», explique Marcel Schütz.
Changement climatique, surtourisme et conséquences de la guerre
Mais de nouveaux défis l’inquiètent de plus en plus, ainsi que la population. Le changement climatique fait continuellement fondre le permafrost, tandis qu’en surface, des éboulis et des avalanches de neige menacent les habitations. En même temps, «le tourisme a atteint son zénith», estime le Suisse.
À cela s’ajoute la situation géopolitique. Les conséquences de l’invasion russe en Ukraine menacent également la cohabitation pacifique dans le Grand Nord. Comme Moscou souhaite renforcer sa présence dans l’Arctique, Oslo veut exercer un plus grand contrôle – et a pris une mesure drastique: le retrait du droit de vote aux élections locales pour tous les non-Norvégien-nes.
Le consul honoraire de Suisse est également concerné par ce démantèlement de la démocratie – et avec lui près d’un tiers de la population. Malgré tout, Marcel Schütz n’a pas l’intention de quitter le Svalbard, qui n’est plus aussi cosmopolite qu’avant: «J’aime la nature ici. Elle me fascine chaque jour davantage».
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