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Le patron de Swissfirst jette l’éponge

Le directeur de Swissfirst Thomas Matter a été récemment vivement critiqué dans la presse. Keystone

Pris dans la tourmente de l'affaire Swissfirst, le directeur exécutif (CEO) du groupe financier du même nom, Thomas Matter, démissionne avec effet immédiat.

Il réagit aux critiques croissantes dont il fait l’objet suite à la fusion des banques Swissfirst et Bellevue. Réalisée en 2005, cette opération aurait été entachée d’irrégularités.

Thomas Matter a annoncé sa décision lundi matin dans un communiqué. Il se dit toujours victime d’une campagne de presse intense menée contre sa personne dans le cadre d’une opération qui suscite plus que jamais la suspicion générale.

Le désormais ex-patron de Swissfirst estime que, suite à sa démission, son paquet d’actions devient un pur investissement financier, qu’il laisse à disposition de Swissfirst dans le cadre de la recherche d’une solution stratégique.

Eloigner la polémique

En se retirant, Thomas Matter souhaite contribuer à un retour au calme pour Swissfirst et ses employés, en éloignant d’eux la polémique. Mais il cherche aussi à protéger sa famille.

«Je donne ainsi la valeur d’une vie de travail, ce qui me coûte beaucoup», a-t-il souligné. Je sais aussi apprécier le fait que l’ensemble du conseil d’administration soit solidaire et reste derrière moi inconditionnellement.»

De son côté, le conseil d’administration de Swissfirst a dit prendre acte de ce retrait et respecter la décision, tout en réaffirmant la régularité de la fusion.

Outre Jürg Schäppi, la direction sera assurée provisoirement par Daniel Hefti (directeur financier de Swissfirst), Urs Kaufmann (directeur de Swissfirst Bank) et Roland Maier (de Swissfirst Asset Management), a indiqué le conseil.

Cette démission ne se veut pas un aveu de culpabilité. Le patron de Swissfirst se dit convaincu que la fusion s’est déroulée tout à fait régulièrement et ne compte pas baisser les bras face aux soupçons qui pèsent contre lui.

Enquête en cours

La semaine dernière, le Ministère public zurichois avait procédé à des perquisitions dans différents locaux du groupe bancaire Swissfirst et saisi du matériel comme pièce à conviction. Thomas Matter est soupçonné d’escroquerie, d’abus de confiance, de gestion déloyale et d’opérations d’initiés.

Des ventes massives d’actions Swissfirt par des caisses de pensions et des assurances avaient précédé sa fusion avec la banque Bellevue il y a un an. Les assurés ont été ainsi privés de dizaines de millions de francs de gains dus à la hausse des cours après la fusion.

Lors de la fusion, Swissfirst a repris l’ensemble des activités de la banque Bellevue. En contrepartie, le conseil d’administration, les dirigeants et les collaborateurs du groupe Bellevue ont reçu 47% des actions de Swissfirst, représentant alors une valeur d’environ 300 millions de francs. Comme Swissfirst avait suffisamment d’actions en ses propres mains, la fusion a pu être réalisée sans recourir à une augmentation de capital.

swissinfo et les agences

Après la fusion avec la Bank am Bellevue, l’action Swissfirst s’était fortement apprécié à la Bourse suisse, créant des soupçons de délits d’initiés.

Le patron de Swissfirst, Thomas Matter, est suspecté d’avoir téléphoné à plusieurs caisses de pension pour convaincre les gérants de vendre leurs actions.

Selon des journaux alémaniques, ces caisses auraient alors laissé échapper des gains potentiels à hauteur de plusieurs millions de francs.

pour leur part, les dirigeants des deux banques auraient vu leurs paquets d’actions gonfler de plusieurs dizaines de millions.

Sous la pression de l’affaire Swissfirst, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz veut accélérer la révision de la norme pénale sur le délit d’initié. Il devrait faire sa proposition cet automne encore.

Pour l’heure, Swissfirst se porte bien. La banque a presque doublé son bénéfice au premier semestre, notamment grâce à la fusion avec la Bank am Bellevue.

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