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Cap de l’Appel de Genève sur la protection des missions médicales

Le nouveau directeur de l'Appel de Genève Alain Délétroz va porter le nouvel Acte d'engagement sur la protection des missions médicales. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’Appel de Genève étend son action auprès des groupes armés non-étatiques. Il lancera d’ici fin 2018 un Acte d’engagement sur la protection de missions médicales. Dans un contexte volatil, il veut s’attaquer à la prévention et être présent en Centrafrique en 2019.

Thème cher à la Suisse, la protection des missions médicales a été identifiée parmi les trois axes supplémentaires de la politique de l’Appel de Genève. “Il y a un gros problème” avec certains groupes armés sur cette question, affirme dans un entretien à l’agence Keystone-ATS le directeur Alain Délétroz, quelques jours après une réunion du Conseil de fondation pour évaluer la politique 2017-2019 de l’organisation.

Après avoir pris la température auprès de groupes avec lesquels elle travaille depuis des années, l’institution a conclu que les conditions étaient réunies pour proposer un Acte d’engagement. Du côté des acteurs étatiques, la Suisse prépare un plan d’action sur cette question d’ici quelques mois.

L’Acte d’engagement de l’Appel de Genève sur la protection de missions médicales sera le quatrième après les habituels contre le recours aux enfants dans les conflits, contre les violences sexuelles et contre les mines antipersonnel. Des plaidoyers signés par des dizaines de groupes armés.

Mali, Ukraine ou encore Yémen

En revanche, la situation ne se prête pas pour le moment à un tel scénario pour les deux autres nouveaux thèmes retenus jusqu’en 2019: les déplacements de civils et la protection du patrimoine culturel. “Si on a un bon produit juridique mais qu’aucun groupe ne le signe, cela ne vaut la peine”, dit M. Délétroz qui a remplacé la co-fondatrice Elisabeth Decrey Warner il y a moins d’un an à la tête de l’organisation.

A mi-chemin dans sa politique triennale, l’organisation tire un bilan positif “à 85%”, selon le directeur. L’Appel de Genève est passée de 35 collaborateurs en 2016 à 73 au total et s’est décentralisée au plus près des conflits.

Désormais, elle bénéficie de bureaux notamment en Irak et en République démocratique du Congo (RDC), deux pays d’où revient M. Délétroz, mais aussi au Mali, en Ukraine et au Yémen. Grâce à ce changement, l’accès est plus facile et l’appréhension sécuritaire de la zone d’activité est affinée.

Un nouveau dispositif qui colle à un contexte de groupes armés toujours plus nombreux et variés. Une récente étude du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a conclu que plus ils sont structurés, plus ils sont ouverts à une retenue dans les violences.

1,3 million de franc de la Suisse

“Le défi sera très important”, renchérit M. Délétroz. “Plus un groupe est organisé de manière verticale, plus le dialogue est facile”, dit-il. Pour autant qu’il n’ait pas de volontés destructrices comme l’Etat islamique (EI). Mais même le profil de ce type d’entités n’est pas rédhibitoire pour l’organisation.

“Il n’y a pas de groupe que nous excluions a priori dans un dialogue humanitaire”, dit le directeur. Une position que l’administration américaine comprend, selon lui. Mais les échanges avec des commandants de ces acteurs plus radicaux en sont seulement à des “balbutiements”.

Pour l’Appel de Genève, le Proche-Orient absorbe la moitié du budget de 8,7 millions de francs. Avec 1,3 million chacun, la Suisse et la Suède arrivent désormais derrière l’UE parmi les donateurs.

L’organisation souhaiterait que ceux-ci conditionnent moins leur soutien à une action en particulier. Une flexibilité qui permettrait de répondre à des situations en Afrique qui préoccupent le directeur.

Retrait reporté de deux pays

En 2019, celui-ci souhaiterait que son organisation puisse engager un dialogue sur la crise centrafricaine. Une inquiétude qu’il élargit à toute la région.

Autre priorité, la possibilité d’intervenir en amont auprès de groupes politiques qui finissent par basculer dans la lutte armée. “J’aimerais bien que l’Appel de Genève soit prépositionnée dans deux ou trois ans” dans des zones “où l’on sait que les tensions montent et que des changement politiques sont attendus”, glisse M. Délétroz. “On le fait un peu”, ajoute-t-il.

Et l’Appel de Genève va davantage s’appuyer sur les communautés, notamment sur la contribution des femmes. Un désengagement en Colombie n’aura par ailleurs pas lieu pour le moment avec la situation de l’Armée de libération nationale (ELN). Ni aux Philippines.

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