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Chine: un Australien détenu au nom de la “sécurité nationale”

La ministre australienne des affaires étrangères Marise Payne a appelé la Chine à traiter correctement et en toute transparence le cas de l'écrivain sino-australien Yang Hengjun. KEYSTONE/AAP/DAN HIMBRECHTS sda-ats

(Keystone-ATS) L’écrivain dissident sino-australien Yang Hengjun a été interpellé alors qu’il était de passage en Chine la semaine dernière. Le régime chinois l’accuse d’avoir compromis la “sécurité nationale”, un prétexte souvent utilisé contre des ressortissants étrangers.

Son interpellation intervient à un moment de tensions entre Pékin et certains pays occidentaux comme le Canada, les Etats-Unis et l’Australie. Deux citoyens canadiens ont déjà été arrêtés en décembre en raison d’accusations similaires.

Yang Hengjun, 53 ans, est un ex-diplomate chinois, devenu romancier, blogueur et partisan d’une démocratisation de la Chine. Il s’est installé aux Etats-Unis. Naturalisé australien en 2000, il est l’auteur de plusieurs romans d’espionnage à teneur politique et d’un blog en mandarin très suivi.

Ses critiques contre le gouvernement chinois ont déjà fait de lui une cible. Il s’était évaporé quelques jours en 2011 durant une visite en Chine avant d’affirmer que cette “disparition” était en fait un malentendu.

Enquête

“Le Bureau municipal pékinois de la Sécurité d’Etat a récemment pris des mesures coercitives et mène une enquête sur le citoyen australien” Yang Hengjun, a indiqué Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le soupçon d’activités criminelles est souvent associé en Chine à des accusations d’espionnage.

Les amis de Yang Hengjun avaient initialement fait part de leur inquiétude quand il n’est pas monté à bord de l’avion qui devait l’amener de Canton à Shanghai le 19 janvier. En Australie, de nombreuses voix dénoncent le fait que la Chine n’aurait pas informé suffisamment rapidement les autorités australiennes de son arrestation.

Aux termes d’un accord bilatéral consulaire de 2000, la Chine avait trois jours calendaires pour informer l’Australie de la détention de M. Yang et autoriser des visites consulaires, sauf si l’intéressé renonçait à ce droit. Selon le ministre australien de la Défense, Pékin a uniquement informé Canberra après “quatre jours”.

Le groupe de défense des écrivains PEN a accusé la Chine de répression contre les auteurs. “Il est évident que M. Yang n’aurait pas été arrêté s’il n’était pas l’auteur d’écrits critiques”, a-t-il déploré.

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