Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La presse de ce jeudi revient très largement sur la démission du conseiller fédéral Alain Berset, dont nous vous parlions hier dans cette sélection de l’actualité. Mais si les interventions de mercredi étaient plutôt orientées vers le bilan, c’est désormais sa succession qui occupe avant tout les esprits.
Nous prendrons également un peu de hauteur spirituelle pour nous pencher sur l’utilisation des grands édifices religieux. L’actualité du jour montre que cette question fait parfois débat.
Bonne lecture,
Après douze ans passés à la tête du Département fédéral de l’intérieur (DFI), le socialiste Alain Berset a donc décidé de tirer sa révérence à la fin de l’année. Les prévisions vont bon train pour tenter de déterminer qui pourrait lui succéder. L’exercice n’est pas simple, mais la mise en regard de la composition actuelle du Conseil fédéral et de la composition de la Suisse permet de dresser un portrait-robot.
Selon ce portrait-robot, le candidat idéal serait un homme socialiste et germanophone. Pourquoi? Parce que les socialistes disposent du poids électoral permettant de revendiquer deux sièges au gouvernement, parce qu’une femme socialiste siège déjà au Conseil fédéral et parce que les Alémaniques sont actuellement minoritaires au sein du gouvernement d’un pays à majorité pourtant germanophone.
Le portrait-robot étant dressé, deux candidats semblent se démarquer: le conseiller national bernois Mathias Aebischer et le conseiller aux États zurichois Daniel Jositsch. Mais rien n’est joué et d’autres candidats pourraient se dégager au cours des prochaines semaines. Et pas seulement parmi les socialistes. Représentant plus de 10% de l’électorat, le Parti écologiste suisse revendique une nouvelle fois un siège au sein de l’exécutif.
Par ailleurs, une autre question épineuse se pose: quel parti reprendra les rênes du département d’Alain Berset? Le DFI est un département mammouth et prestigieux qui rassemble la Culture, la Santé et les Assurances sociales. Mais c’est aussi un département chargé de trouver des solutions à deux problèmes colossaux: la hausse continuelle des coûts de la Santé et le financement du système de retraite.
- Selon cette analyseLien externe de Watson, la démission d’Alain Berset n’est pas une bonne nouvelle pour les francophones
- SynthèseLien externe du Blick sur les réactions à la démission d’Alain Berset dans le monde politique
- SynthèseLien externe de RTS Info sur les réactions à la démission d’Alain Berset dans la presse
- Les enjeux du départ d’Alain Berset résumésLien externe par RTS Info
- Les principaux papablesLien externe selon 20 Minutes
Poursuite aujourd’hui de «Dangereux millions», notre podcast consacré aux grandes affaires de criminalités économiques, avec aujourd’hui le scandale HSBC. Cette affaire qui avait éclaté en 2015 a dévoilé un système massif d’évasion fiscale vers la Suisse.
Au cœur de cette affaire, on trouve Hervé Falciani, citoyen français né à Monaco et qui travaillait depuis une dizaine d’années comme informaticien à la banque HSBC à Genève. En 2008, auditionné par les autorités suisses pour avoir volé des données à son employeur, il s’était enfui en France et commencé à rendre publiques les données volées.
Il s’agit du plus grand vol de données de l’histoire bancaire suisse. On parle de 100’000 comptes bancaires et de près de 9000 contribuables français qui n’ont pour la plupart jamais déclaré officiellement l’argent placé en Suisse. Le podcast revient sur les années de procédure qui ont débouché sur la mise au jour de ce scandale d’évasion fiscale qui deviendra connu sous le nom de Swiss Leaks. Parmi les personnalités mises en cause à l’époque, on trouve l’humoriste Gad Elmaleh, le footballeur Christophe Dugarry, le coiffeur Jacques Dessange ou l’actrice Jeanne Moreau.
L’homme a l’origine de l’affaire est clivant; renégat pour les uns, traître pour les autres. La révélation de l’affaire a valu à Hervé Falciani l’aura d’un lanceur d’alerte, d’un «chevalier blanc» dans un monde bancaire corrompu. Sauf que l’homme avait à la base volé ces données pour les vendre.
Normalement, l’accès aux édifices religieux est gratuit. Mais dans la petite ville vaudoise de Payerne, il faut payer pour entrer dans l’abbatiale du lieu. En effet, ce joyau de l’art roman en Suisse, érigé depuis plus de mille ans, a été désacralisé et transformé en musée. Mais les pèlerins de Compostelle ne sont pas d’accord de payer les seize francs d’entrée pour aller se recueillir.
L’abbaye de Payerne devient le seul monument religieux payant sur le tronçon suisse de la route menant à Saint-Jacques de Compostelle. L’Association des amis du Chemin de Saint-Jacques a remis une pétition forte de 225 signatures à l’association qui gère le site pour que l’accès soit gratuit, estimant qu’il s’agit d’une somme conséquente pour des pèlerins qui voyagent souvent avec de très petits moyens.
Un peu dans le même ordre d’idée, l’actualité pose une autre question intéressante. Peut-on utiliser un monument religieux gratuit pour organiser des concerts profanes et payants? La Fondation des Clefs de Saint-Pierre de Genève a accepté d’accueillir un concert de Laurent Voulzy en la cathédrale de Genève, à condition d’avoir un droit de regard sur le répertoire. Ce concert a en revanche été refusé du côté de la cathédrale de Sion.
Laurent Voulzy a entamé en France une tournée de concerts dans des églises et de cathédrales. Invité du Téléjournal de la RTS, le chanteur français a déclaré être «attiré par ces lieux extraordinaires». Laurent Voulzy estime que son style de musique, qu’il qualifie de «bienveillant», ne semble pas inadapté aux lieux liturgiques.
- L’interviewLien externe de Laurent Voulzy au Téléjournal de la RTS
- Présentation de l’abbatiale de Payerne dans cet article de swissinfo.ch
- ArticleLien externe du Temps consacré à la pétition des pèlerins
La politique salariale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) suscite une polémique. D’un côté, l’organisation humanitaire internationale réduit ses prestations et licencie du personnel en raison d’une situation financière difficile. De l’autre, elle offre des salaires et des prestations généreuses à ses plus hauts cadres.
Le CICR est dans une crise financière sans précédent qui l’a obligé à licencier 1800 personnes sur un total de 22’700 employés. À tel point que les autorités sont appelées à la rescousse pour aider l’organisation. C’est ainsi que pas plus tard qu’hier mercredi, le gouvernement du canton de Genève a accepté de lui accorder une aide extraordinaire de 39,7 millions de francs pour l’année 2023.
La radiotélévision suisse (RTS) a enquêté sur les salaires et les avantages accordés aux plus hauts cadres de l’organisation. Il en ressort que même si la hausse des rémunérations s’est ralentie après les records des années 2010, les salaires restent généreux. La nouvelle présidente du CICR gagne 390’000 francs par an et le directeur général 320’000 francs. À titre de comparaison, le salaire d’un membre du gouvernement suisse est d’environ 400’000 francs par an.
Contacté par la RTS, le CICR indique que ces salaires restent dans l’ensemble inférieurs à ceux de grandes organisations onusiennes. Par ailleurs, des rémunérations conséquentes sont nécessaires pour attirer les meilleurs talents.
- L’enquêteLien externe de RTS Info sur les rémunérations des hauts cadre du CICR
- Autre article de RTS Info consacré aux dérives budgétaires du CICR à lire sur swissinfo.ch
- L’aide du canton de Genève au CICR dans cet articleLien externe de 20 Minutes
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