Aujourd’hui en Suisse
Suisses du monde, bonjour,
Nous ne sommes pas près de ne plus entendre parler de pénurie de main-d’œuvre en Suisse. Après le pic de 2022, on distingue peu de signes d’amélioration, et ceci malgré des perspectives conjoncturelles mitigées.
Dans cette sélection, je vous parle aussi de votre confiance dans les institutions helvétiques et du mot de l’année, qui n’est malheureusement pas chargé d’optimisme.
Bonne lecture,
Malgré la stagnation de l’économie, le manque de personnel qualifié persiste en Suisse, comme dans d’autres économies avancées. L’indice de pénurie de personnel a encore crû de 24% cette année, selon les données publiées aujourd’hui par Adecco et le Moniteur du marché de l’emploi suisse de l’Université de Zurich.
Deux facteurs expliquent cette persistance, précise le leader mondial du placement Adecco dans un communiqué. «D’une part, le nombre de demandeurs d’emploi a nettement diminué», avec un taux de chômage à 2% en octobre dernier. «D’autre part, le nombre de postes vacants a augmenté de 7% par rapport à l’année précédente.»
Les secteurs où les postes sont les plus difficiles à pourvoir sont la santé, l’informatique et l’ingénierie. Adecco préconise aux entreprises de «mieux tirer parti du marché du travail intérieur», notamment en investissant dans la formation ou en assouplissant les conditions de travail. Le géant du placement recommande aussi de «considérer la main-d’œuvre étrangère».
Affectée par la mauvaise conjoncture mondiale, l’économie suisse montre actuellement des signes de ralentissement. Ce manque de dynamisme couplé aux taux d’intérêt élevés devrait faire lentement remonter le chômage. Le SECO prévoit une hausse de 2,3% pour l’année prochaine.
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Vous, Suisses de l’étranger, avez une confiance plus importante dans le contrôle des institutions politiques que vos compatriotes au pays. Avez-vous tendance à voir votre pays d’origine avec des lunettes roses? Nous avons posé la question au politologue Urs Bieri.
Moins de la moitié des Suisses qui résident au sein de la Confédération pensent que les politiciennes et politiciens suisses doivent répondre de leurs erreurs, selon un sondage de l’institut gfs.bern réalisé pour la SSR. Parmi les Suisses de l’étranger, ce sont près de quatre personnes sur cinq (77%) qui sont convaincues que les contrôles fonctionnent en Suisse et que les politiciennes et politiciens responsables sont surveillés de près.
Urs Bieri émet une hypothèse pour expliquer ce contraste: lorsqu’on émigre, «ce qui reste dans la tête, c’est surtout ce qui est beau. Nous connaissons cela en psychologie: les choses difficiles sont souvent oubliées avec la distance», souligne-t-il.
Face aux nombreux défis de l’expatriation, les Suisses de l’étranger peuvent avoir l’impression que les problèmes suisses ne sont plus graves, considère également Urs Bieri. «Si le fédéralisme, le système de milice et le consensus sont plus proches de ses propres besoins que le système de sa nouvelle patrie, cela peut conduire à une plus grande bienveillance envers la classe politique en Suisse», analyse le politologue.
- Lire l’article de ma collègue Claire Micallef
- Les Suisses de l’étranger sont aussi solidaires que ceux restés au pays – l’article de mon collègue Balz Rigendinger
- Notre page spéciale consacrée à la Cinquième Suisse
«Décombres» est le mot de l’année 2023 pour la Suisse francophone, «intelligence artificielle» et «coût de la santé» complètent le podium. Comme chaque année depuis 2017, un jury a élaboré ce classement sur la base d’un corpus de l’Université de Zurich qui recense les mots les plus fréquemment utilisés dans la presse.
En plus d’être l’un des termes utilisés le plus souvent, le mot décombres «souligne aussi la recomposition d’un ordre géopolitique mondial concurrencé par le sud global», selon la Haute École des Sciences appliquées de Zurich. Elle précise aussi qu’en Suisse «décombres» fait allusion à la chute de Credit Suisse et à la fragilité du système financier.
Le jury a aussi placé «coûts de la santé» au troisième rang pour souligner l’enjeu de société que représente ce thème en Suisse, où les individus assument un quart des coûts de la santé, dans un contexte d’augmentation des coûts de la vie.
En Suisse alémanique, c’est le mot «Monsterbank» (montre bancaire) qui a été désigné mot de l’année, en référence à la nouvelle UBS née à la suite de l’absorption de Credit Suisse. Le jury italophone a consacré l’abréviation «GPT» (de l’anglais Generative Pre-trained Transformer) qui, en italien, s’emploie communément pour parler de l’intelligence artificielle.
- Le sujetLien externe de RTS sur le mot de l’année
- Le communiquéLien externe de la Haute École des Sciences appliquées de Zurich
«L’ONU n’est pas là pour sympathiser avec les États membres.» Ce sont les mots de l’ancien Haut-Commissaire de l’ONU aux droits humains Zeid Ra’ad al-Hussein, que nous avons interviewé à l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
C’est une expérience de travail au sein de la force de protection de l’ONU pendant la guerre en ex-Yougoslavie qui est à la base de l’engagement de Zeid Ra’ad al-Hussein en faveur des droits humains. Elle lui fait prendre conscience de la brutalité dont l’humain est capable, mais aussi de la nature souvent imparfaite de la diplomatie onusienne. «J’ai appris que quand l’ONU pense que sa mission est de se faire des amis, elle produit des résultats catastrophiques», a-t-il déclaré.
Zeid Ra’ad al-Hussein était connu pour son franc-parler. Premier musulman à occuper le poste de chef des droits humains à l’ONU, il a condamné sans réserve l’État islamique, le qualifiant de «maison du sang». Il n’a pas non plus hésité à épingler les plus anciennes démocraties, condamnant les «démagogues nationalistes» tels que le Néerlandais Geert Wilders, la Française Marine Le Pen et le Britannique Nigel Farage.
L’ancien Haut-Commissaire aux droits humains jette aussi un regard critique sur l’ONU. Il estime que l’organisation pourrait exercer un pouvoir bien plus important si ses dirigeants avaient le courage de défendre les valeurs et les droits fondamentaux, ainsi que le multilatéralisme.
- Lire l’article de ma collègue Imogen Foulkes
- Un article de ma collègue Julia Crawford sur l’histoire de la Déclaration universelle des droits de l’homme
- Un bilan critiqueLien externe du mandat de Zeid Ra’ad al-Hussein dans Le Temps
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