Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
C’était il y a un an, et on peut dire que depuis, le monde n’est plus tout à fait le même. La mise en ligne de ChatGPT a bouleversé pas mal de nos habitudes, même si en fait, l’intelligence artificielle était avec nous depuis bien plus longtemps, dans notre GPS, notre service de musique en ligne, notre moteur de recherche favori ou l’appareil photo de notre téléphone.
Je vous parle également d’Europe et de migration – via la nouvelle édition de notre émission Let’s Talk -, de soldats suisses à l’étranger qui n’en finissent pas d’alimenter le débat sur la neutralité et du 10’000e pont suspendu du Népal.
Bonne lecture,
Un an jour pour jour après la mise en ligne de ChatGPT et alors que les guerres internes au sommet de l’entreprise qui l’a créé défraient la chronique, l’heure est à un premier bilan. Pour le tirer, nos confrères de la RTS ont invité Rachid Guerraoui, de l’EPFL, qui nous rappelle que la machine dit parfois n’importe quoi et qui nous explique pourquoi.
Dans son laboratoire de calcul distribué, le professeur et son équipe travaillent sur des formes d’intelligence artificielle plus fiables: «On apprend aux machines à apprendre en se méfiant des données. Quand on envoie un enfant à l’école, on ne lui dit pas de se méfier de son maître ou de sa maîtresse, mais quand il apprend sur internet, on lui dit ‘attention, tu peux lire n’importe quoi’. Et ChatGPT, qui a beaucoup appris sur internet, dit parfois n’importe quoi, parce qu’il ne s’est pas assez méfié des données», explique Rachid Guerraoui.
Le professeur reste optimiste face aux possibilités offertes par l’intelligence artificielle au service de la lutte contre le réchauffement, par exemple: «Il y a beaucoup de progrès qui pourraient nous aider. Si on pouvait prédire avec une certaine justesse où il y aura de grosses pluies comme ce qui est arrivé en Libye en septembre, on pourrait mieux se préparer. Il y a des domaines où l’intelligence artificielle peut énormément apporter. Je pense notamment à la médecine.»
- Rachid Guerraoui: «ChatGPT dit parfois n’importe quoi, parce qu’il ne s’est pas assez méfié des données»Lien externe – RTS Info
- ChatGPT: intelligence, stupidité ou malveillance artificielles? – par votre serviteur, avril 2023
- Point Fort SWI – La machine et la morale
Les relations que la Suisse doit entretenir avec l’Union européenne et la question frontalière restent des sujets de discussion animés entre parlementaires helvétiques. Pour cette nouvelle édition de notre émission «Let’s Talk», nous en avons invité trois – dont deux nouvellement élus – à croiser le fer: Estelle Revaz, socialiste genevoise, Thomas Stettler, UDC jurassien et Sidney Kamerzin, élu du Centre en Valais.
Sur le dossier européen, les trois parlementaires – représentant les trois partis qui ont obtenu les meilleurs résultats aux législatives du 22 octobre – sont à peu près d’accord: les négociations interrompues en 2021 doivent reprendre. Les socialistes et la droite conservatrice se rejoignent même sur la question de la protection des salaires. Ici, pour l’élu de l’UDC, la reprise des directives européennes n’est pas à l’ordre du jour.
Plus contrastées, les positions des trois élus sur l’immigration et les frontaliers traduisent les orientations politiques de leurs partis respectifs. Si l’UDC considère la Suisse comme «l’aspirateur de l’Europe en matière de migration», le Centre rappelle qu’il devrait manquer au pays environ 300’000 travailleurs et travailleuses d’ici 2030. L’élue socialiste quant à elle salue les frontaliers et frontalières venus travailler en Suisse pendant la pandémie, car sans cet apport, «nous aurions tout simplement dû fermer les hôpitaux – et les chantiers».
- «Il faut avancer sur le dossier européen pour des raisons économiques, énergétiques et de formation» – Emilie Ridard, Let’s Talk, SWI
Plus
Envoyer des soldats suisses en mission à l’étranger nuit-il à la neutralité du pays? Le débat ne date pas d’hier et le cas du Kosovo l’illustre parfaitement. Depuis 1999, les quelque 200 soldats et soldates de la SWISSCOY participent là-bas à la Force internationale de maintien de la paix. Et leur présence, autant que leur mission est toujours l’objet de discussions.
La création de cette Force reposait sur une résolution de l’ONU. Elle était donc conforme au droit international et au droit suisse de la neutralité. Mais le débat avait fait rage en Suisse entre une gauche dénonçant une militarisation de la politique étrangère et une droite qui reprochait à la KFOR de saper les fondements de la neutralité.
Le premier engagement de l’armée suisse dans une mission de maintien de la paix à l’étranger remonte à 1953, entre les deux Corées. Depuis cette date, des militaires, dont des Suisses, sont stationnés sur la ligne de démarcation à Panmunjom. Dans les décennies qui ont suivi, ce sont au total près de 14’000 militaires helvétiques qui ont été engagés pour la promotion de la paix. Actuellement, 280 soldats et soldates suisses sont sur le terrain pour 14 missions dans 18 pays.
- L’armée suisse, le Kosovo et la question de la neutralité – Giannis Mavris
- Vidéo: La neutralité suisse: une histoire singulière – Genève Vision/Claire Braillard/dbu
C’est un modèle de collaboration entre deux pays de montagnes: la Suisse soutient le Népal depuis plus de 50 ans dans la construction de ponts suspendus. Long de 283 mètres, le 10’000e ouvrage vient d’être inauguré dans les contreforts de l’Himalaya. Véritables lignes de vie pour les habitantes et les habitants, ces ponts voient passer plus de 20 millions de personnes chaque jour.
Dans un pays où coulent plus de 6000 rivières, les premiers ponts suspendus ont été construits dans les années 1960 sous l’impulsion d’un géologue suisse. Et la collaboration se poursuit toujours. Les Suisses ont contribué à former quelque 3000 ingénieurs népalais, qui aujourd’hui dirigent eux-mêmes les projets.
Avec son relief accidenté, le Népal – un des pays les plus pauvres du monde – n’a guère les moyens de construire des routes de montagne. Les ponts constituent une alternative relativement bon marché et permettent les échanges et les transports de marchandises, qui ici se font essentiellement à dos d’homme ou de mulet.
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