Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La légalité et l’éthique font-elles forcément bon ménage? Ce pourrait être un joli sujet de dissertation. Mais aujourd’hui, c’est avant tout le début d’une polémique qui agite le monde politique bernois, comme vous le découvrirez dans cette sélection de l’actualité.
L’autre grand thème de cette journée de jeudi est le retrait annoncé du grand patron de la SSR. La bataille qui s’annonce autour de la redevance explique en grande partie la décision de Gilles Marchand.
Bonne lecture,
Le registre maritime du Liberia exploite une succursale en Suisse. Cela peut certes sembler un peu surprenant au premier abord, mais il convient de rappeler que bien que n’ayant pas d’accès à la mer, la Suisse abrite un grand nombre de sociétés actives dans le commerce maritime. Par ailleurs, le pays est aussi le siège de poids lourds du commerce des matières premières.
Le pavillon du Liberia est même de plus en plus en vogue parmi les compagnies maritimes actives en Suisse. La société genevoise MSC illustre bien ce phénomène. Active dans les domaines des croisières et du transport de conteneurs, elle a désormais fait passer plus de 300 de ses quelque 800 navires sous pavillon libérien.
Cet engouement pour le Liberia s’explique par le fait que ce petit pays africain offre des conditions favorables aux sociétés. Sa fiscalité est très légère et ses standards en matière de protection de l’environnement et de droit du travail sont assez peu contraignants.
Le Liberia est devenu le numéro un sur le marché des pavillons dits «de complaisance», dépassant le Panama. Mais dans les faits, la population de ce pays de 5 millions d’âmes ne profite pratiquement pas de cette activité. Le gouvernement de Monrovia en a délégué la gestion à une société établie dans le paradis fiscal américain du Delaware. Selon les calculs d’une ONG locale, le commerce de pavillon ne rapporterait finalement que onze millions de dollars par an au pays, ce qui est bien modeste par rapport à un commerce maritime qui pèse des milliards.
- Enquête très complète sur les pavillons libériens en Suisse à lire sur swissinfo.ch
- En 2000, la radio publique RTS se penchaitLien externe sur l’«imbroglio international» des pavillons de complaisance
- Toujours le thème de pavillons de complaisance, mais traité par Radio FranceLien externe
Le grand patron de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) – dont swissinfo.ch fait partie – est sur la voie du départ. Gilles Marchand a annoncé ce jeudi qu’il quitterait ses fonctions de directeur général de la SSR au plus tard au début 2025.
Il s’agit d’un départ anticipé de deux ans. Normalement, le mandat de Gilles Marchand à la tête de la SSR court jusqu’au début 2027, date à laquelle il atteindra l’âge de la retraite. Une procédure de mise au concours sera prochainement lancée pour trouver la personne qui le remplacera, indique le Conseil d’administration de la SSR.
Cette décision s’explique par le calendrier politique. Les années 2026 et 2027 seront importantes pour la SSR en raison de la négociation autour de sa nouvelle concession et, surtout, du vote sur l’initiative populaire «200 francs, ça suffit». Cette dernière entend limiter drastiquement le budget de la SSR en faisant passer le montant de la redevance de 335 francs par an et par ménage actuellement à 200 francs. Le Conseil d’administration de la SSR et Gilles Marchand préfèrent donc mettre en place une nouvelle direction générale pour faire face à ses échéances capitales.
Sociologue de formation, Gilles Marchand a d’abord été actif dans l’édition et la presse écrite avant de rejoindre la SSR. Dans la Suisse francophone, il reste très connu pour avoir dirigé la Télévision Suisse Romande (TSR) de 2001 à 2010, puis la Radiotélévision Suisse (RTS), société issue de la fusion de la télévision et de la radio publiques de Suisse romande. Il est directeur général de la SSR depuis le 1er octobre 2017.
- L’annonce du retrait de Gilles Marchand sur le site de RTS InfoLien externe
- La même nouvelle sur le site de WatsonLien externe
- Le point sur l’initiative «200 francs, ça suffit» sur le site du MatinLien externe
Les notes de frais de certains membres du gouvernement du canton de Berne font polémique. Selon une enquête de la télévision publique alémanique SRF, certains conseillers d’État établissent des notes de frais qui font grincer des dents.
Un seul exemple pour illustrer le malaise. Le conseiller d’État bernois Philippe Müller touche un salaire annuel d’environ 280’000 francs ainsi qu’une indemnité forfaitaire de 8000 francs par an. Ces revenus confortables ne l’empêchent pas de facturer un petit pain à 95 centimes, une banane à 20 centimes ou encore un bretzel au beurre à 3,20 francs. D’autres ministres cantonaux sont également épinglés.
Sur le fond, il n’y a rien à redire: ces pratiques sont tout à fait légales. Reste le problème de l’éthique. Est-il convenable de facturer ce genre de petits frais lorsque l’on dispose déjà d’un salaire «confortable». L’Association bernoise du personnel de l’État juge la situation «embarrassante».
L’enquête de SRF montre également qu’il existe de très fortes disparités dans les forfaits destinés à couvrir les frais de bouche et de représentation des membres des gouvernements cantonaux. La fourchette va de 2400 francs par an dans le canton des Grisons (le plus pingre) à 34’000 francs dans le canton de Genève (le plus prodigue).
- L’enquêteLien externe de SRF relayée par RTS Info
- Le même sujet reprisLien externe sur le site du Matin
L’argent liquide ne sera-t-il un jour plus qu’un souvenir en Suisse? Ce n’est probablement pas encore pour demain, mais le fait est que les billets de banque et les pièces de monnaie sont de moins en moins utilisés. Pratiquement les trois quarts des transactions se font aujourd’hui sous une forme électronique. Le phénomène est visible depuis quelques années, mais s’est encore nettement accéléré avec la pandémie.
La Suisse figure parmi les pays européens où l’on a le moins recours au cash, derrière les pays nordiques et les Pays-Bas. Le succès de l’application suisse Twint est en grande partie derrière cette révolution, montrent les recherches de «Basik», l’émission économique de la RTS. L’évolution est rapide: moins d’un tiers des transactions sont faites aujourd’hui en liquide dans les commerces, contre plus de la moitié en 2019.
Il est cependant encore trop tôt pour envisager une disparition pure et simple de l’argent liquide. Un récent sondage de l’Université de Saint-Gall a montré que 72% des personnes interrogées se disent contre un bannissement du cash, alors que seulement 28% pourraient y renoncer totalement. Par ailleurs, le gouvernement a mis l’an dernier en consultation un contre-projet à une initiative populaire demandant la préservation de l’argent liquide.
- La disparition du liquide dans l’émissionLien externe «Basik» de la RTS
- Le même sujet reprisLien externe sur le site du Blick
- Le sondageLien externe de l’Université de Saint-Gall sur le site de 20 minutes
- Le contre-projet du Conseil fédéral expliquéLien externe sur le site de la radio neuchâteloise RTN
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