Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
On pense souvent – c’est un cliché – que les Suisses sont près de leurs sous et savent compter. Mais comme vous pourrez le constater dans cette sélection de l’actualité du jour, les Suisses ne sont plus à la hauteur de leur réputation, puisqu'on rencontre de gros problèmes comptables tant dans l’armée que dans… la banque privée.
Autre sujet de déception peut-être, la Suisse n’est plus forcément synonyme de qualité et de probité, en tout cas en matière de production d’eau minérale.
Bonne lecture.
Le gestionnaire de fortune suisse Julius Baer subit de plein fouet les répercussions de la déconfiture du groupe immobilier autrichien Signa. À la Bourse suisse, la banque privée zurichoise était boudée depuis lundi par les investisseurs à cause d’une perte de confiance due à des échos concernant des pertes plus grandes qu’escomptées liées à un emprunt de Signa.
Cette situation a contraint la banque privée à réagir. Julius Baer a annoncé ce jeudi le départ de son directeur général Philipp Rickenbacher. L’actuel directeur général adjoint assurera l’intérim. L’administrateur David Nicol en charge de la gouvernance et des risques ne se représentera pas. Par ailleurs, la banque privée a annoncé une réduction «substantielle» des rémunérations de ses dirigeants.
La banque privée, qui présentait également ses résultats ce jeudi, indique que ses pertes de crédits nettes se sont chiffrées à 606 millions de francs, dont 586 millions sous forme de prêts accordés au milliardaire René Benko, patron de Signa. Julius Baer accuse ainsi une chute de son bénéfice net de 52% à 453 millions de francs en 2023.
Le gestionnaire de fortune va par ailleurs supprimer 250 postes dans son programme d’économies, qui vient d’être renforcé. Ces réductions d’effectifs doivent se faire par des départs volontaires ou des suppressions de postes. Julius Baer veut désormais économiser 130 millions d’ici l’année prochaine, soit 10 millions de plus qu’initialement prévu. À la fin 2023, la banque occupait 7435 personnes.
- Les détailsLien externe de la restructuration du Julius Baer sur le site de RTS Info
- La même nouvelle traitéeLien externe par le quotidien Le Temps (abonnement)
- Un articleLien externe du magazine économique Bilan pour comprendre la déconfiture de Signa
Les banques ne sont pas les seules à rencontrer quelques difficultés comptables; l’armée suisse aussi. La radio publique alémanique SRF a dévoilé hier que le budget de l’armée présentait un déficit de financement d’un milliard de francs. Cette situation s’expliquerait par une mauvaise planification financière.
Concrètement, il manquera un milliard de francs en 2024 et 2025 pour payer de l’armement déjà commandé. Un rapport que s’est procuré SRF montre que l’armée s’est écartée de sa propre planification financière. Cette mauvaise planification remonte à huit ans, lorsque l’armée avait fait ses calculs pour le financement d’un nouvel avion de combat. Ce plan impliquait une réduction drastique d’achats d’armement. Or, depuis 2020, le gouvernement et le Parlement ont donné le feu vert à des commandes plus importantes que prévu.
Cette mauvaise planification entraîne des conséquences politiques. La ministre de la Défense Viola Amherd et le chef de l’armée Thomas Süssli ont été auditionnés ce jeudi à Berne par la Commission de la politique de sécurité du Conseil des États. Cette affaire donne aussi du grain à moudre aux milieux traditionnellement critiques par rapport à l’armée. Ainsi, le Groupement pour une Suisse sans armée réclame d’ores et déjà une enquête «complète et transparente» sur les finances et les agissement «peu scrupuleux» de l’armée.
Pour résoudre ce problème de financement, deux solutions seraient envisagées: la négociation d’une prolongation des paiements avec les fournisseurs ou l’annulation pure et simple de certaines commandes. Mais d’autres mesures ont d’ores et déjà été prises. Ainsi, l’armée avait déjà annoncé la semaine dernière avoir été contrainte d’annuler différents événements par mesure d’économie.
- Le résuméLien externe de l’affaire d’un trou d’un milliard francs sur le site de RTS Info
- Article citant les événements supprimés pour cause d’économie à lire sur swissinfo.ch
Nestlé Waters est sous le feu des critiques en France et en Suisse. Il est reproché au numéro un mondial de l’eau minérale d’avoir utilisé des méthodes illégales pour purifier ses produits. Cela concerne quatre marques d’eau minérale en France et une en Suisse.
Précisions tout d’abord qu’il n’existe pas de risque sanitaire dans cette affaire; les eaux incriminées sont propres à la consommation. Il s’agit plutôt d’un problème de respect de la réglementation en vigueur. Celle-ci stipule que l’eau dite «minérale naturelle» ou «de source» doit être consommée telle que sortie de la source, sans aucun traitement ni aucune adjonction. Or Nestlé Waters traitait ses eaux en les filtrant avec du charbon actif et en les désinfectant avec des ultraviolets.
En France, l’affaire, révélée en début de semaine, concerne les sites de production du Gard (Perrier) et des Vosges (Contrex, Hépar et Vittel). Une enquête pour tromperie avait été ouverte contre Nestlé Waters France. Les marques incriminées ont depuis été remises en conformité avec la réglementation.
Mais le scandale a désormais aussi atteint la Suisse. Nestlé Waters reconnaît avoir utilisé jusqu’à fin 2022 un système de filtrage par charbon actif sur son site de production d’Henniez, dans le canton de Vaud. En revanche, le géant alimentaire précise n’avoir jamais avoir eu recours aux ultraviolets en Suisse.
- Le problème des eaux en France à lire sur le site du MatinLien externe
- La même information dans Vosges MatinLien externe
- Le traitement interdit sur le site d’Henniez à lireLien externe sur RTS Info
Peut-être lisez-vous cette sélection de l’actualité du jour par le biais des médias sociaux. Il n’y aurait rien d’étonnant à cela. En effet, vingt ans après le lancement de Facebook, les médias sociaux sont devenus omniprésents.
D’après un sondage réalisé par la SSR, les trois quarts de la population suisse utilisent les réseaux sociaux au quotidien. Cette étude montre également que le téléphone portable est l’outil le plus fréquemment utilisé pour accéder à ces réseaux sociaux, loin devant l’ordinateur, la tablette ou d’autres objets connectés à Internet.
Mais cette fascination pour les médias sociaux n’empêche pas d’avoir un regard critique sur leur utilisation. Par exemple, seule une minorité des personnes interrogées estiment que les médias sociaux ont enrichi leur vie. Pire, 17% d’entre elles estiment avoir développé une dépendance.
- Les principaux enseignements du sondage de la SSR sur les médias sociaux à lire sur swissinfo.ch
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