Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, Suisses de partout,
C’est un important rebondissement judiciaire. La Cour suprême du canton de Zurich retoque la condamnation pour escroquerie de l’ancien patron de Raiffeisen, Pierin Vincenz, en raison de graves vices de procédure. Le procès de celui qui était souvent désigné par les médias comme le banquier le plus populaire de Suisse avait fait couler beaucoup d’encre en 2022.
Également au menu de cette sélection du jour, la Suisse condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme dans deux affaires, la visite d’Alain Berset à Kiev et le portrait d’une muraliste tessinoise installée à San Francisco.
Excellente lecture,
La Cour suprême du canton de Zurich casse la condamnation de Pierin Vincenz. L’ancien patron de la banque Raiffeisen avait été reconnu coupable en avril 2022 de gestion déloyale, abus de confiance, faux dans les titres et d’autres délits. Mais ce jugement est annulé en raison de «graves vices de procédure».
Le droit des accusés d’être entendus sur plusieurs points essentiels a été violé dans le cadre du procès de première instance, a indiqué mardi le Tribunal supérieur du canton de Zurich. L’acte d’accusation n’était pas conforme au droit. Il contenait beaucoup d’arguments à l’appui de l’accusation, dépassant largement le cadre légal prévu pour un acte d’accusation.
En outre, l’acte d’accusation aurait dû être traduit en français, car il y avait un accusé francophone lors du procès. La traduction a été refusée, ce qui viole le principe d’équité, écrit la Cour suprême zurichoise.
En avril 2022, au terme d’un procès spectacle, Pierin Vincenz avait été condamné à trois ans et neuf mois de prison ferme. Quatre de ses associés avaient aussi été condamnés. A la suite de cette annulation du jugement, le Ministère public zurichois doit maintenant tout reprendre à zéro. Il devra déposer une nouvelle plainte auprès du tribunal de première instance.
- La Cour suprême zurichoise annule la condamnation de Pierin Vincenz – RTSLien externe
- Coup de théâtre: l’ex-chef de la Raiffeisen gagne devant la justice zurichoise – lematin.chLien externe
- L’ex-patron de Raiffeisen Pierin Vincenz condamné à la prison – ATS (avril 2022)
- Fraude et cabaret: le procès d’un flamboyant banquier suisse – swissinfo.ch
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu ce mardi deux verdicts sévères à propos de décisions d’instances helvétiques. La Suisse a été condamnée, dans un cas, pour profilage racial et, dans l’autre, pour privation illégale de liberté.
La première affaire concerne le contrôle d’identité d’un Kényan, effectué par des policiers municipaux en 2015 à la gare de Zurich. Cet homme, bibliothécaire à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et résident en Suisse depuis une décennie, estimait avoir été contrôlé uniquement en raison de la couleur de sa peau.
La Cour de Strasbourg lui a donné raison. Elle juge que le plaignant avait motif à s’estimer discriminé et que sa plainte n’a pas reçu un traitement correct de la part des instances administratives et pénales. Elle condamne la Suisse à lui verser 23’975 euros (environ 23’000 francs) à titre de frais et dépens.
Dans le deuxième cas, la Suisse est condamnée pour le traitement d’un délinquant souffrant de troubles psychiques. L’homme a été placé dans plusieurs prisons sans soins appropriés, ce qui constitue un traitement inhumain et dégradant, selon la CEDH.
- La Suisse est condamnée pour profilage racial – ATS
- Profilage racial, privation de liberté: la Cour européenne des droits de l’homme condamne deux fois la Suisse – Le TempsLien externe
- La Suisse peut faire mieux face au racisme, selon les autres pays – ATS (janvier 2023)
- La législation suisse, un système façonné par les droits fondamentaux européens – Musée national suisse
Alain Berset est arrivé ce mardi à Kiev pour une visite surprise. L’ancien conseiller fédéral vient défendre dans la capitale ukrainienne sa candidature au secrétariat général du Conseil de l’Europe, une organisation basée à Strasbourg qui regroupe 46 Etats.
Le Fribourgeois doit rencontrer le bureau de l’organisation en Ukraine, des représentants du parlement ukrainien et d’autres parties prenantes dans le pays, a indiqué l’ambassade de Suisse à Kiev. Il discutera notamment du rôle du Conseil de l’Europe dans le soutien à l’Ukraine, et présentera à cette occasion sa candidature au poste de secrétaire général de l’institution.
Sa précédente visite à Kiev remonte à novembre dernier, l’une de ses dernières sorties en tant que président de la Confédération. Alain Berset avait annoncé sa démission du gouvernement en juin 2023 et a quitté ses fonctions à la fin de l’année.
Il a manifesté son intérêt pour le poste au Conseil de l’Europe début janvier, avec l’aval de la Confédération. S’il était nommé, il serait le premier Suisse à occuper cette fonction. Pour l’élection qui aura lieu en juin, il aura face à lui le Belge Didier Reynders, actuel commissaire européen à la Justice, et l’ex-ministre estonien de la Culture Indrek Saar.
- Alain Berset en visite à Kiev pour parler du soutien du Conseil de l’Europe – ESH MédiasLien externe
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Depuis plus de 20 ans, la muraliste tessinoise Mona Caron embellit de ses fresques les murs de San Francisco, sa ville d’adoption, et de nombreuses autres villes du monde. Mon collègue Marc-André Miserez l’a rencontrée dans le cadre de sa série de portraits de Suisses de Californie.
«J’ai toujours voulu raconter des histoires, je suis une conteuse née», raconte Mona Caron, arrivée sur la Côte Ouest à la fin des années 1990, pour y étudier la littérature. Elle pensait devenir écrivaine, elle a finalement choisi un autre mode de communication.
En 2011, elle entreprend de décorer un immeuble dans le quartier du Tenderloin, tristement connu pour ses scènes ouvertes de la drogue et ses tentes sur les trottoirs. Pendant plus de six mois, elle s’immerge dans la vie du quartier et intègre à sa fresque certaines de ses figures les plus hautes en couleur. Le processus, filmé par une journaliste, donne lieu à un documentaire récompensé par un Emmy Award.
Par la suite, elle commence à peindre ses premières «weeds» («mauvaises herbes»), qui font vite le buzz sur les réseaux sociaux. L’artiste est très demandée, de New York à Taiwan, en passant par le Brésil mais aussi la Suisse. «Percer (…) de l’asphalte, ça paraît sans espoir. Pourtant, (…) ces petites choses toutes fragiles y arrivent», pointe Mona Caron, qui aimerait que le système capitaliste puisse être lui aussi fissuré.
Le portrait de Mona Caron et les autres:
- Mona Caron, comme une herbe dans la ville
- Ces Suisses qui croient au rêve californien
- Claude Zellweger, l’humain et la nature avant la tech
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