Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Signe que la Suisse continue d’attirer, sa population est en pleine croissance. Les derniers chiffres sont impressionnants, même s’ils sont principalement le reflet de la première comptabilisation des personnes réfugiées venues d’Ukraine. La démographie promet en tout cas de rester l’un des thèmes phares de la politique helvétique.
Je vous parle aussi d’exportations de biens à double usage vers Israël, des services secrets suisses et de Moscou qui boude une invitation de Berne.
Bonne lecture,
La population suisse a progressé l’an dernier dans une proportion inégalée depuis les années 1960. En 2023, le pays comptait ainsi 8’962’300 résidentes et résidents permanents, soit 146’900 de plus que l’année précédente, selon les chiffres de la Confédération.
Deux facteurs principaux l’expliquent: l’immigration et le vieillissement de la population. L’an dernier, 263’100 personnes (dont 22’000 Suisses) sont arrivées dans le pays, alors que 124’000 (dont 30’700 Suisses) l’ont quitté.
La différence entre ces deux nombres, appelée solde migratoire, est la plus élevée jamais enregistrée en Suisse. Le fait que les personnes venues d’Ukraine au bénéfice d’un statut S soit comptabilisées pour la première fois influe beaucoup sur cette statistique; à hauteur de 20% pour être exact. Sans elles, la croissance de la population aurait été de 1,1% au lieu de 1,7%.
Concernant le vieillissement de la population, on comptait l’an dernier 1’730’300 personnes de plus de 65 ans, soit une hausse de 40’000 par rapport à 2022. Cela représente une personne sur cinq. À noter que la croissance de la population est observable dans tous les cantons, même si certains comme le Valais, Argovie ou Fribourg sont particulièrement concernés (croissance entre 2,1% et 2,4%).
La démographie est au cœur des débats politiques. L’Union démocratique du centre (UDC), parti de droite conservatrice, veut empêcher la Suisse de dépasser les 10 millions d’habitants et habitantes. Il a déposé une initiative populaire en ce sens sur laquelle le peuple devra se prononcer.
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Une enquête de la RTS révèle jeudi que des entreprises suisses ont exporté à destination d’Israël des «biens à double usage ou militaires spécifiques», susceptibles d’être utilisés dans la guerre à Gaza.
En consultant des documents du Secrétariat d’État à l’économie, qui délivre les permis d’exportation pour les biens pouvant être utilisés à des fins civiles ou militaires, la RTS a découvert que plusieurs entreprises de Suisse romande avaient exporté depuis le 7 octobre des plaques de blindage, des boucliers balistiques ou encore des lasers utiles à la défense antimissile.
Il n’y a toutefois rien d’illégal, car les restrictions d’exportations vers Israël ne concernent que les biens pouvant être utilisés directement dans le conflit, comme les armes, les munitions ou encore les explosifs. Mais ces exportations soulèvent des questions éthiques; elles ont dans certains cas pu être utilisées dans des prisons israéliennes critiquées par certaines ONG. Un élu des Vert-e-s avait déposé une motion en début d’année pour demander la suspension de ce commerce, mais le Conseil fédéral a préconisé le rejet du texte.
Du côté des entreprises concernées, c’est le silence qui prime. Entre octobre 2023 et avril 2024, elles sont 17 à s’être partagé 20 permis d’exportation pour des biens à double usage. Ces PME actives dans le civil «utilisent les compétences acquises dans ces projets militaires, très innovants, pour développer des produits technologiques de haute qualité dans d’autres domaines», indique un représentant de Swissmem, qui défend la branche.
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Menace terroriste en Suisse, espionnage lié à la guerre en Ukraine, effectifs du renseignement limités: dans une interview donnée aux journaux de Tamedia, le directeur du Service de renseignement de la Confédération (SRC) dépeint une image sombre de la situation sécuritaire dans le pays.
«Le risque d’attentat s’est accentué depuis janvier», avertit Christian Dussey en évoquant une campagne lancée par le groupe État islamique (EI) appelant à commettre des attaques en Europe. «Ça a vraiment donné un nouvel élan au mouvement, démultiplié par les réseaux sociaux», ajoute-t-il. Selon lui, l’acte d’un individu isolé serait le plus probable en Suisse.
Le haut fonctionnaire souligne toutefois que la coopération internationale pour lutter contre cette menace «fonctionne exceptionnellement bien». S’il plaide pour davantage de personnel dans son service, le Valaisan affirme que la sécurité de la Suisse est assurée, mais qu’il est «question de fatigue du personnel et de sa capacité de résilience».
Concernant la guerre en Ukraine, Christian Dussey parle de guerre hybride «se déroulant en partie» sur le territoire suisse. Ce conflit mêle notamment «espionnage, cyberattaque, désinformation, opérations de sabotage». «Tous les jours, nous menons des opérations contre ce type d’événements» pour éviter que le pays ne serve de plateforme «où les services de renseignement étrangers mènent des opérations contre nos intérêts».
- Lire l’interviewLien externe de Tamedia
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- Dix questions sur les services secrets suisses (swissinfo)
Les Conventions de Genève fêtent cette année leurs 75 ans. L’occasion pour Berne d’inviter en Suisse ses collègues membres du Conseil de sécurité de l’ONU, mais la Russie répond par la négative.
La visite aura lieu à Genève lundi et mardi prochains. L’idée de la Confédération: inviter les 15 membres du Conseil de sécurité, dont la Suisse fait encore partie jusqu’à la fin de l’année, à se rendre dans la ville où les Conventions de Genève ont été signées il y a 75 ans. Le but: «réaffirmer le rôle clé du droit international humanitaire dans les plus de 100 conflits en cours dans le monde», indique le ministère des Affaires étrangères (DFAE).
Mais le Conseil de sécurité ne sera pas au complet sans la Russie qui, sollicitée par Le Temps, ne précise pas à ce stade les raisons de son absence. «Il s’agit d’un voyage informel. Libre à chacun de répondre à l’invitation de la Suisse. Nous avons pris note que la Russie n’a pas souhaité à ce stade répondre positivement», indique un représentant du DFAE.
Moscou considère la Suisse comme un «pays inamical» depuis la reprise des sanctions à son encontre. Des diplomates russes continuent néanmoins de se rendre régulièrement dans la cité de Calvin pour y assister à des réunions.
- Lire l’articleLien externe du Temps
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