Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Comme bien d’autres pays occidentaux, la Suisse vieillit. Cette évolution pose un problème très concret: celui du manque de places dans les résidences pour personnes âgées. Il existe une solution, mais celle-ci est limitée dans le temps, comme vous le découvrirez dans notre sélection de l’actualité de ce jour.
Également au programme de ce vendredi: une année exceptionnelle pour la récolte de pommes de terre, le retour de la grippe aviaire et un achat de matériel ferroviaire qui suscite la polémique.
Bonne lecture!
Le nombre de places disponibles dans les établissements médicaux sociaux (EMS) reste trop limité. Conséquence directe: de nombreuses personnes âgées sont contraintes de rester à l’hôpital en attendant de trouver une solution d’accueil dans un home.
Une enquête de la RTS montre qu’environ 15% des lits du réseau hospitalier du canton de Neuchâtel sont ainsi occupés par des seniors en attente d’une place en EMS. Le phénomène n’est pas marginal, mais touche d’autres régions du pays, par exemple Genève.
Le problème est aussi d’ordre pécuniaire. Les personnes âgées sans fortune suffisante et sans prestations complémentaires peinent à trouver une place en EMS. C’est alors la famille qui est mise à contribution pour payer le séjour, ce qui peut tourner au fardeau financier. À Genève, par exemple, la facture à la charge de la personne placée en EMS revient à 217 francs par jour.
Ce genre de problème risque de devenir toujours plus aigu, la Suisse étant confrontée à un vieillissement accéléré de sa population. Selon les scénarios de l’Office fédéral de la statistique, on s’attend à ce que le nombre de personnes de plus de 80 ans double d’ici 2050 pour atteindre 1,11 million, soit près de 10% de la population.
Le virus de la grippe aviaire a fait son retour en Suisse. Il a été détecté cette semaine sur un oiseau sauvage (une oie cendrée) à Vinelz, une commune située au bord du lac de Bienne.
Plusieurs foyers de grippe aviaire avaient déjà été détectés ces dernières semaines dans plusieurs pays d’Europe, et plus particulièrement en Allemagne. Ce retour du virus en Suisse ne constitue donc pas vraiment une surprise, selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).
Une surveillance accrue a été mise en place sur une bande de trois kilomètres le long des rives des lacs de Neuchâtel, de Bienne et de Morat. Par ailleurs, les exploitations avicoles de la région comptant au moins 50 volailles doivent appliquer des mesures de protection afin d’éviter que les animaux domestiques comme les poules ou les canards n’entrent en contact avec des oies sauvages.
L’OSAV rappelle que la transmission du virus de la grippe aviaire à l’être humain est extrêmement rare et «observée jusqu’ici uniquement dans des cas isolés à la suite de contacts étroits, non protégés avec des volailles infectées». L’office invite toutefois la population à ne pas toucher d’oiseaux sauvages morts ou malades et de les signaler aux autorités compétentes.
Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas forcément pour l’agriculture suisse. Après des années moroses, 2025 s’annonce exceptionnelle pour la culture de pommes de terre. À tel point qu’il faut trouver des solutions pour écouler les surplus.
C’est un peu la parabole des vaches maigres et des vaches grasses, mais en l’occurrence, il s’agit de pommes de terre. Alors que la récolte avait été médiocre en 2023 et moyenne en 2024, notamment en raison des conditions météorologiques et des ravageurs, les rendements de cette année 2025 s’annoncent exceptionnels. 453’000 tonnes devraient être récoltées, soit bien plus que les années précédentes (entre 340 et 380’000 tonnes).
Une telle abondance n’est pas forcément facile à gérer. L’une des solutions consiste à utiliser les surplus de pommes de terre comme fourrage pour les vaches. Indépendamment de leur utilisation, les surplus qui ne sont pas destinés à la consommation humaine doivent être traités avec un colorant alimentaire orange. Cette obligation est destinée à éviter les reventes frauduleuses de pommes de terre.
Ce système permet d’éviter un écroulement des prix, comme c’est le cas dans plusieurs pays. En Suisse, un fonds de soutien existe pour faire face aux crises dans la production de pommes de terre. Il permet de déclasser les surplus en fourrage pour le bétail, en compensant partiellement la perte de valeur. Ce fonds est alimenté par une petite cotisation sur chaque kilo produit. Il sert à désengorger le marché en cas de situation exceptionnelle.
Pour de très gros contrats, une grande entreprise publique suisse doit-elle favoriser l’industrie nationale ou peut-elle se fournir à l’étranger? Un achat de matériel des Chemins de fer fédéraux suscite la polémique.
Les CFF ont attribué à Siemens Mobility un contrat de 2,1 milliards de francs pour la livraison de 116 rames à deux étages destinées au RER zurichois et à la Suisse romande. Le constructeur allemand a été choisi pour ses performances en matière de coûts, d’efficacité énergétique, de maintenance et de durabilité, selon le directeur des CFF, Vincent Ducrot.
Le constructeur suisse Stadler a exprimé sa déception face à cette décision, soulignant que la différence de prix avec Siemens n’était que de 0,6%. Il met en avant la fiabilité de ses trains déjà en service dans plusieurs pays et rappelle que ses usines suisses emploient 6000 personnes et collaborent avec plus de 200 PME locales.
Le syndicat Unia juge «incompréhensible» de confier un tel contrat à l’étranger. «L’industrie suisse est actuellement confrontée à une situation de crise en partie provoquée de l’extérieur. Si le contrat de matériel roulant avait été attribué à une entreprise indigène, plus de 170 sous-traitants suisses auraient pu travailler le long de la chaîne de valeur, avec des délais très courts», note Unia. Rappelant au passage que la loi prévoit un soutien à la place industrielle suisse, le syndicat demande au Conseil fédéral et aux CFF de rendre publics les critères qui ont conduit au choix de l’entreprise allemande.
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