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L’aéroport de Lugano, entre rêves de grandeur et réalité en berne

aéroport de Lugano
L’aéroport de Lugano pourrait aussi être touché par les mesures d'austérité de la Confédération, qui envisage de supprimer ses contributions à hauteur de cinq millions de francs. Keystone / Alessandro Crinari

Avant sa faillite, 32 vols réguliers décollaient de l’aéroport tessinois. L’espoir de relancer les activités d’autrefois est toujours présent, mais les finances pointent dans la direction opposée.

Davide Pedrioli fait visiter le mini-aéroport. Tout y est: enregistrement, dépôt des bagages, contrôle douanier. Le directeur de l’aéroport de Lugano présente les installations avec un mélange de fierté et de mélancolie. Tout pourrait fonctionner. Seulement voilà: elles ne sont pas utilisées. Car il n’y a pas un seul passager à l’horizon pour acheter un billet ou enregistrer une valise.

«Ça fait mal», confie Davide Pedrioli. Pourtant, l’espoir de voir un jour redécoller à Lugano des vols charters, voire des lignes régulières, n’a pas disparu. Pour l’heure, l’aéroport est surtout utilisé pour l’aviation privée et les voyages d’affaires.

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L’aéroport tessinois de Lugano-Agno a connu des jours meilleurs. Autrefois, 32 vols réguliers y décollaient. Mais l’activité n’était pas rentable et Lugano-Agno a fait faillite. Keystone / Alessandro Crinari

Environ 10’000 personnes utilisent l’aéroport chaque année, indique Davide Pedrioli. «Elles viennent pour affaires au Tessin ou voyagent vers d’autres pays européens.» La demande la plus forte provient du Tessin, mais des passagers viennent également d’Italie.

Des besoins urgents de rénovation

L’aéroport est important pour le site économique de Lugano et il faut donc investir, affirme le directeur. Une rénovation complète est absolument nécessaire, insiste-t-il. Les bureaux et le bâtiment du restaurant sont vétustes, mais c’est surtout un nouveau hangar, plus grand, qu’il faut construire, souligne Davide Pedrioli.

Pour ces rénovations d’envergure, la ville cherche des investissements privés. Le projet est piloté par le conseiller municipal Filippo Lombardi. Pour l’ancien conseiller aux États tessinois du Centre, le développement de l’aéroport de Lugano est une priorité. Mais, souligne-t-il, «nous ne voulons pas investir d’argent public. C’est pourquoi nous avons élaboré un concept de partenariat public-privé.» Celui-ci doit être prochainement présenté au Conseil communal de Lugano. S’il donne son accord, un appel d’offres sera lancé à l’intention d’investisseurs privés.

Un coup dur venu de la Berne fédérale

Filippo Lombardi évoque un apport d’au moins 30 millions de francs de la part d’investisseurs privés. Cependant, ce ne sont pas les investissements qui le préoccupent le plus actuellement, mais les mesures d’austérité de la Confédération. Les aéroports régionaux comme celui de Lugano ne devraient à l’avenir plus recevoir de subventions pour la sécurité. Or, cet argent provient en réalité de l’aviation elle-même, précise Filippo Lombardi: «Il s’agit du remboursement de la moitié de la taxe sur le kérosène générée par les aérodromes régionaux.»

Rien que pour Lugano, cela représenterait un manque à gagner de 5 millions de francs, soit près de 40% des recettes. Ce serait un coup dur, affirme Filippo Lombardi, car il deviendrait sans doute bien plus difficile d’attirer des investissements privés.

Un soutien financier direct de la ville ou du canton aurait peu de chances d’obtenir une majorité politique. Dès lors, la seule option restante serait probablement d’augmenter les taxes de décollage et d’atterrissage pour la clientèle de l’aéroport, avance Filippo Lombardi. Une mesure que Caroline Camponovo, de la section tessinoise de l’Association Transports et Environnement (ATE), juge parfaitement justifiée: «Nous estimons qu’il n’est pas normal que les pouvoirs publics subventionnent jusqu’à 88% les mesures de sécurité de l’aéroport de Lugano.»

Car il n’y a plus de vols réguliers à Lugano, seulement des jets privés, rappelle Caroline Camponovo. «Ce sont des gens fortunés, qui possèdent un avion. Payer aussi pour la sécurité ne changera rien pour eux.»

Le directeur de l’aéroport, Davide Pedrioli, espère quant à lui que Berne reconsidérera sa position. Plusieurs obstacles subsistent en effet pour le programme d’économies. «Nous verrons ce que décident le Conseil fédéral et le Parlement.» La décision est attendue pour l’automne. D’ici là, à l’aéroport de Lugano, il faudra faire preuve de patience.

Traduit de l’allemand par Pauline Turuban à l’aide d’un outil de traduction automatique

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