La semaine en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
La nouvelle que tout le monde attendait est enfin tombée. La Suisse et les Etats-Unis ont trouvé un accord sur les droits de douane. Les produits suisses importés aux Etats-Unis seront soumis au même régime que les produits européens.
L’autre grand thème de la semaine en Suisse touche aussi à un sujet économique avec un achat controversé de matériel ferroviaire.
Bonne lecture!
C’est le bout du tunnel pour l’industrie suisse d’exportation. Un accord a finalement été trouvé vendredi entre Berne et Washington. Les produits suisses importés aux Etats-Unis seront taxés à hauteur de 15%, soit au même taux que les produits européens. Jusqu’à présent ce taux était de 39%, l’un des plus élevés appliqués.
On sentait que les choses pouvaient bouger, à la suite de la visite récente de dirigeants d’entreprises phares de l’économie à la Maison-Blanche. Ces grands patrons auraient proposé à Donald Trump d’investir dans l’industrie pharmaceutique et les infrastructures aux Etats-Unis et d’y délocaliser des fonderies d’or. Ils auraient aussi offert une montre de luxe et un lingot d’or dédicacé au président américain.
Si le contenu exact des discussions n’est pas connu, un chose est sûre: cette visite a eu des effets. Peu après, devant la presse à la Maison-Blanche, Donald Trump avait affirmé que son administration collaborait avec la Suisse pour alléger les droits de douane.
Selon le principe voulant qu’il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud, le ministre suisse de l’Économie Guy Parmelin et la secrétaire d’État à l’économie Helene Budliger Artieda s’étaient rendus jeudi à Washington pour poursuivre les négociations. Ils ont notamment pu rencontrer le représentant de la Maison Blanche pour le commerce Jamieson Greer.
Ce ne sont pas seulement les exportations qui ont fait couler beaucoup d’encre dans la presse suisse cette semaine, les importations aussi. La polémique a enflé autour de l’achat controversé par les Chemins de fer fédéraux de matériel roulant en Allemagne.
Les CFF avaient annoncé le 7 novembre l’achat de 116 rames à deux étages à la société allemande Siemens Mobility. Un choix qui a suscité des réactions, car l’entreprise suisse Stadler Rail était aussi sur les rangs pour décrocher ce contrat à 2,1 milliards de francs, le plus gros jamais conclu par les CFF. Les deux protagonistes ont tenu à expliquer leur position au cours des derniers jours.
Le patron de Stadler Rail, Peter Spuhler, a exprimé sa déception, notamment dans la presse dominicale. «Le choc est vraiment grand pour les 6000 collaborateurs de Stadler, ainsi que pour nos plus de 200 fournisseurs dans toute la Suisse», a-t-il indiqué dans une interview à la SonntagsZeitung. Avec une offre à peine plus chère (0,6%, soit 18 millions de francs), l’entreprise suisse estime avoir été injustement écartée et envisage de faire recours.
Les critiques ont poussé la direction des CFF à réagir. Elle a indiqué que la procédure avait été menée de manière rigoureuse, conformément à la loi sur les marchés publics. Et que le contrat avait été attribué à l’entreprise allemande parce que celle-ci avait obtenu un meilleur score, notamment en matière de durabilité, d’efficacité énergétique et de coûts d’exploitation.
Cette affaire suscite des remous dans la sphère politique. «Faut-il être stupide pour ne pas passer commande à une entreprise suisse exemplaire comme Stadler à cause d’une différence de prix minime?», s’est par exemple interrogé le centriste Gerhard Pfister sur X. Des parlementaires demandent un examen approfondi du dossier. Du côté des syndicats, UNIA a qualifié la décision des CFF d’«incompréhensible» et réclame plus de transparence dans les critères d’attribution.
Face à une situation sécuritaire toujours plus tendue en Europe, l’armée suisse souhaite assurer le maintien de ses effectifs. Pour y parvenir, elle compte sur l’apport des femmes. Le Conseil fédéral a présenté mercredi une nouvelle idée pour augmenter le nombre de femmes dans les rangs de l’armée.
Le gouvernement souhaite mettre en place une journée d’information obligatoire pour les femmes, afin qu’elles puissent se faire une idée concrète des possibilités offertes dans l’armée et la protection civile. Actuellement, cette journée d’information est obligatoire pour les hommes, mais facultative pour les femmes. Le Conseil fédéral a envoyé son projet en procédure de consultation.
Actuellement, 2500 femmes sont intégrées à l’armée, soit environ 2,3% de l’effectif. Et environ 1200 femmes participent de manière volontaire à la journée d’information. «Mais elles doivent trop souvent se justifier lorsqu’elles souhaitent s’informer», a regretté le ministre suisse de la Défense Martin Pfister devant la presse.
Cette idée n’est en soi pas surprenante, car il y a plusieurs années que les autorités veulent augmenter le nombre de femmes dans l’armée. Ce qui est plus surprenant, c’est le moment choisi, puisque le peuple doit se prononcer dans deux semaines sur une initiative populaire réclamant un service citoyen obligatoire pour tous et toutes. Interrogé lors de la conférence de presse, Martin Pfister a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’une «stratégie pour lutter contre l’initiative».
Ce qui est en tout cas sûr, c’est que l’armée suisse ne devrait pas trop compter sur l’accroissement naturel de la population pour combler les rangs. Deux informations tombées cette semaine montrent que la fertilité des Suisses est à la baisse.
Une étude de l’Office fédéral de la statistique montre qu’en 2024, le nombre moyen d’enfants par femmes était de 1,29, soit le niveau le plus bas jamais enregistré depuis le début des relevés. Par ailleurs, le désir d’avoir un enfant est également en baisse. Ainsi, la part des 20-29 ans qui ne veulent pas d’enfant est passée de 6% en 2013 à 17% en 2023. Chez les 30-39 ans, ce taux a grimpé de 9% à 16% durant la même période.
L’OFS indique que de multiples facteurs peuvent expliquer cette baisse de la fécondité. Mais l’un d’eux est peut-être la qualité du sperme des jeunes hommes, qui est jugée préoccupante selon des analyses réalisées sur la base d’échantillons prélevés sur des recrues de l’armée.
On sait depuis 2019 qu’environ un Suisse sur six a si peu de spermatozoïdes qu’une grossesse par voie naturelle pourrait s’avérer difficile. Mais la dernière étude publiée en septembredans la revue spécialisée Human Reproduction montre pour la première fois des différences régionales et un lien possible entre la qualité du sperme et l’agriculture. L’équipe de recherche de l’Université de Genève et de l’École polytechnique fédérale de Zurich estime que des influences chimiques issues de l’agriculture, comme les pesticides, pourraient jouer un rôle.
La semaine à venir
Samedi, Alain Berset, ancien conseiller fédéral et actuel secrétaire général du Conseil de l’Europe, retrouvera une actualité suisse en devenant docteur honoris causa de l’Université de Fribourg.
Après la raclette il y a quelques jours, c’est désormais à la fondue d’être sous les feux de la rampe à l’occasion du Mondial de la Fondue qui se déroulera ce week-end à Tartegnin, dans le canton du Valais.
On en saura plus lundi sur l’avenir du tourisme en Suisse lors d’une conférence de presse de Suisse Tourisme à Zurich. Le CIFI (Centre d’information et de formation immobilières) présentera pour sa part l’état du marché immobilier suisse en 2025, mardi à Zurich.
En matière de culture signalons jeudi, à Neuchâtel, la conférence de presse de clôture du 25e anniversaire du Centre Dürrenmatt.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative