Un tiers des Suissesses et des Suisses trouvent difficile leur situation financière
L’augmentation du coût de la vie fait l’objet d’un «Sommet sur le pouvoir d’achat» à Berne. Un sondage de la SSR met d’ailleurs en avant cette préoccupation sociale: un bon tiers de la population (35%) considère que sa propre situation financière lui pèse, et quatre personnes interrogées sur cinq estiment que les écarts de richesse en Suisse sont trop importants.
Ce sont d’abord les prix de l’énergie qui se sont envolés. Puis ont suivi les denrées alimentaires, les loyers et surtout les primes d’assurance maladie. Et l’inflation, sans, bien souvent, une pleine indexation des salaires.
Par conséquent, la perte de pouvoir d’achat est devenue un sujet d’actualité brûlant depuis de nombreux mois. Une détérioration de la situation économique de la population qui explique en partie pourquoi la majorité de centre-droit au Parlement a subi des revers lors des votations, notamment ce printemps sur la 13e rente AVS.
Le surveillant des prix Stefan Meierhans a invité des représentants de l’économie et de la protection des consommateurs à un nouveau « Sommet sur le pouvoir d’achat », après le premier il y a un an, dans le but de trouver des mesures qui renforcent le pouvoir d’achat de la population.
Ces 35% de Suissesses et de Suisses qui s’inquiètent des fins de mois
Un sondage d’opinion intitulé «Comment ça va, la Suisse?», commandé par la SSR et réalisé en début d’été 2024 par l’institut gfs.bern, montre que les soucis financiers pèsent sur davantage de personnes qu’il y a un an, lors de la première version de ce sondage. Au total, 35% des personnes interrogées considèrent leur propre situation financière comme très ou assez lourde, soit 4 points de plus que l’année précédente. Et 46% sont »un peu» préoccupés par le budget de leur ménage, alors que 18% ne le sont pas du tout.
Si l’on considère les grandes régions de Suisse, le Tessin se démarque clairement: 59% des personnes interrogées dans le canton italophone qualifient leur situation financière de très ou plutôt très difficile. À la fin du printemps 2023, ils étaient moins de 50%.
Les résultats du sondage «Comment ça va, la Suisse?» se basent sur un sondage représentatif réalisé auprès de 51’182 habitants de Suisse. Il a été réalisé par l’institut de recherche gfs.bern en mai et juin 2024 sur mandat de la SSR. C’est la deuxième fois que ce sondage a lieu. Par rapport à la version de l’année précédente, certaines questions ont été posées de manière nouvelle ou différente, mais la plupart sont identiques.
3000 des personnes interrogées ont aussi été sélectionnées à partir d’un panel en ligne de gfs.bern et ce, de manière à obtenir une image représentative de la population suisse (16 ans et plus). L’échantillon a été stratifié selon la région linguistique et réparti au prorata de l’âge et du sexe.
Les autres personnes interrogées ont rempli le questionnaire en ligne. Elles ont été appelées à le faire par les canaux de la SSR, mais ont décidé elles-mêmes si elles voulaient participer ou non. Cette méthode d’enquête n’est pas représentative. La représentativité résulte ici de procédures spécifiques de pondération statistique et de validation des données.
Le questionnaire comportait environ 300 questions. Afin qu’une interview ne dure pas plus de 20 minutes environ, gfs.bern n’a pas posé les mêmes questions à toutes les personnes interrogées.
L’erreur d’échantillonnage est de +/- 1,8% de marge d’erreur dans une situation ou 50% répondent «oui» et 50% répondent «non». Donc si un résultat montre que 50% des personnes soutiennent une opinion donnée, le résultat pourrait en réalité varier entre 48,2% et 51,8%.
Il y a 95% de probabilité que les paramètres de l’erreur d’échantillonnage soient corrects, ce qui signifie que si l’on répétait le sondage plusieurs fois, dans 95% des cas, la véritable proportion de la population se situerait dans l’intervalle de confiance déterminé par la marge d’erreur.
Des Helvètes sensibles à la justice socio-économique
Même si les soucis réels liés au budget du ménage ne font partie du quotidien que d’une minorité, la sensibilisation aux questions de justice sociale est forte. Ainsi, 79% des personnes interrogées sont tout à fait ou plutôt d’avis que l’écart de richesse est trop important en Suisse. Et 88% pensent totalement ou plutôt que pour la plupart des jeunes Suisses, il n’est plus possible de financer l’acquisition d’un logement.
L’été dernier, une initiative des Jeunes socialistes avait brièvement fait parler d’elle. Elle demandait que les héritages soient imposés à 50% à partir d’un seuil de 50 millions de francs, et des entrepreneurs comme Peter Spuhler (UDC), président du conseil d’administration de Stadler Rail, avaient menacé de partir à l’étranger pour cette raison, à titre préventif.
Le sondage de la SSR montre aujourd’hui que ce type de revendications a du potentiel, puisque 69% des personnes interrogées sont tout à fait ou plutôt favorables à ce que la richesse soit davantage taxée en Suisse.
Le concept de ne plus revendiquer la propriété pour soi seul (économie de partage) rencontre également l’approbation: 72% se montrent tout à fait ou plutôt d’accord avec le partage d’objets d’usage courant tels qu’une perceuse, afin que tous ne soient pas obligés d’en acheter une eux-mêmes.
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Traduit de l’allemand par Julien Furrer (RTS)
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