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D’anciens employés de la Bourse et un rédacteur en chef arrêtés

Nouvelle purge en Turquie, cette fois dans le milieu de la finance (photo symbolique) KEYSTONE/EPA/CEM TURKEL sda-ats

(Keystone-ATS) Les purges consécutives au coup d’Etat militaire manqué de juillet dernier en Turquie se poursuivent. Elles ont conduit vendredi à l’arrestation par la police turque de 53 anciens employés de la Bourse d’Istanbul, a rapporté le journal Haberturk.

Au total, les autorités ont ordonné l’arrestation de 102 personnes dans le cadre de cette enquête, écrit le média sur son site Internet. Le quotidien précise que les personnes interpellées sont d’anciens employés de la Bourse soupçonnés d’avoir eu recours à une application de messagerie cryptée, Bylock, qui était, selon les autorités turques, l’outil de communication des putschistes.

Cette vague d’arrestations a également été confirmée par l’agence de presse progouvernementale Anadolu. Les arrestations ont eu lieu dans six provinces différentes, a ajouté l’agence.

Rédacteur en chef arrêté

Les autorités turques ont également interpellé vendredi le rédacteur en chef du site internet du quotidien d’opposition Cumhuriyet. Une vingtaine de ses collaborateurs ont été détenus ces derniers mois. Oguz Güven a lui-même annoncé son arrestation dans un tweet. Le quotidien affirme sur son site ne pas encore connaître les raisons de cette interpellation.

L’agence progouvernementale Anadolu a pour sa part affirmé qu’il a été arrêté en lien avec sa couverture de la mort, plus tôt cette semaine, dans un accident de la route d’un procureur turc en charge des poursuites contre un nombre de suspects détenus depuis le putsch manqué du 15 juillet.

Farouchement critique du président Erdogan, Cumhuriyet, fondé en 1924, s’est transformé, sous la houlette de son ancien rédacteur en chef Can Dündar en machine à scoops, multipliant les enquêtes embarrassantes pour le pouvoir. La Turquie est 155e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pour 2017.

Environ 145’000 fonctionnaires, membres des forces de sécurité et autres universitaires ont été limogés dans le cadre de la répression en Turquie, dont s’inquiète l’Union européenne. Près de 49’000 personnes ont en outre été arrêtées.

Journaliste allemande détenue

Concernant les médias aussi, une journaliste allemande, Mesale Tolu, est emprisonnée depuis fin avril en Turquie et les autorités allemandes n’ont pas pu avoir de contacts avec elle, a indiqué vendredi un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. “Nous n’avons eu aucune information des autorités turques lors de l’arrestation (de Mme Tolu) puis lors de son placement en détention provisoire. C’est regrettable”.

“Ce cas nous préoccupe”, a jugé le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, alors que la détention d’un journaliste germano-turc, Deniz Yücel, accusé d’espionnage a déjà sérieusement écorné les relations entre Berlin et Ankara.

Selon les médias turcs, cette jeune femme travaillait notamment pour une petite agence de presse turque de gauche, Etkin Haber Ajansi (ETHA) mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères n’a pas pu préciser si elle était journaliste ou traductrice. Née en Allemagne de nationalité turque, elle a été naturalisée en 2007.

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