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Dans les Alpes, la détresse des saisonniers privés d’emploi

Les saisonniers engagés habituellement dans les stations de ski françaises se retrouvent dans une grande précarité (photo d'illustration). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Sans remontées mécaniques, ils n’ont pas de travail. Des dizaines de milliers de saisonniers des stations de ski françaises subissent cet hiver l’équivalent d’un plan social à grande échelle et à bas bruit qui accroît encore leur précarité habituelle.

“On travaille dans l’ombre (…) et on se retrouve à être complètement démunis”, raconte à l’AFP Amandine, 31 ans, qui dit désormais dépendre de sa famille pour se nourrir cet hiver. “On est des milliers à être comme ça, ça fait des mois que ça dure, et on ne sait pas où on va”.

Les remontées mécaniques à l’arrêt, les stations de montagne ont perdu l’essentiel de leurs touristes, et nombre d’employeurs n’ont pas embauché leurs salariés saisonniers. Ils sont ainsi du dispositif d’activité partielle, principal amortisseur social de la crise économique provoquée par l’épidémie de Covid-19.

Sans revenus

Amandine, qui préfère rester anonyme, disposait d’une promesse d’embauche depuis septembre dans une épicerie fine de Megève en Haute-Savoie. Elle s’est installée fin novembre avec son compagnon dans un appartement pour une prise de poste prévue début décembre.

Son employeur repousse à deux reprises le début de son contrat. Il raconte alors “qu’il n’y a pas de fréquentation, et donc pas d’embauche” et “me dit dès janvier, je te mets au chômage partiel”, poursuit Amandine, saisonnière depuis plus de cinq ans. Elle travaille l’hiver à Megève et l’été à Saint-Tropez.

Mais son employeur reporte à nouveau le début de son contrat et, mi-janvier, Amandine reçoit un SMS: elle ne sera pas embauchée de la saison. “Je suis hyper dégoutée: je suis dans une situation plus que précaire, sans revenus, sans chômage, avec des frais énormes sur Megève”. Loin d’être seule dans cette situation, elle ne trouve aucun emploi de substitution.

Chiffres contestés

Selon une première estimation, “30’000 saisonniers, sur les 60’000 qui travaillent au moment des vacances de Noël, ont pu être embauchés”, avait assuré début février la ministre du Travail Elisabeth Borne. Elle avait précisé que les vacances de février, c’est habituellement 120’000 saisonniers.

Selon Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, “autour des deux tiers” des salariés de l’hôtellerie restauration ont été recrutés en station, et 95% dans les remontées mécaniques. Mais pour Antoine Fatiga, responsable régional des saisonniers pour la CGT, “les professionnels pipeautent les chiffres” et le gouvernement les reprend aveuglément.

Selon son estimation, c’est plutôt “moins d’un tiers” des saisonniers de l’hôtellerie-restauration qui sont embauchés cet hiver, et 80% dans les remontées mécaniques.

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