
Dino Bellasi écope de 6 ans de prison
L'ancien comptable du groupe de renseignement avait détourné 8,839 millions de francs à l'aide de mandats provisionnels falsifiés.
Le procureur avait requis six ans et demi de réclusion, la défense une peine de cinq ans et trois mois.
Vendredi, le Tribunal pénal économique du canton de Berne a reconnu Dino Bellasi coupable d’abus de confiance, d’escroquerie, de faux dans les titres, de gestion déloyale des intérêts publics, de calomnie, de blanchiment d’argent et d’infraction à la loi sur les armes.
L’ancien comptable avait été arrêté en août 1999. Il a déjà purgé trois ans et demi en détention préventive.
Des mobiles purement égoïstes
Au cours de son réquisitoire, le procureur avait soutenu que des mobiles purement égoïstes avaient poussé l’ancien comptable du groupe de renseignement de l’armée, à détourner près de 9 millions de francs en falsifiant 127 mandats provisionnels.
Le procureur avait encore soutenu que Dino Bellasi avait abusé sans remords de la confiance de ses supérieurs et profité des lacunes du système administratif de l’époque pour s’enrichir.
L’expert psychiatre ayant relevé que la responsabilité de l’accusé n’est que légèrement restreinte, le procureur a requis six ans et demi de réclusion, une amende de 20 000 francs et un suivi psychologique.
Le psychiatre avait également décrit l’ex-comptable comme une personnalité en apparence adaptée, aux capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, mais perturbée.
Il avait outre souligné que Dino Bellasi avait un besoin extrême de se faire valoir.
Financer une armée secrète
La défense elle, avait plaidé une thèse à la «James Bond». Affirmant que Dino Bellasi n’avait pu agir qu’à la demande de ses supérieurs, pour financer la création d’une armée secrète.
Selon son avocat, cette version était d’autant plus crédible qu’il aurait été impossible pour un simple comptable de retirer près de 9 millions sur une aussi longue période sans se faire appréhender.
Le défenseur n’avait retenu que les accusations de faux dans les titres, blanchiment d’argent – mais dans quatre cas seulement – et infraction à la loi sur les armes.
Il avait rejeté les reproches d’escroquerie, de malversations et de calomnie et demandé une peine de cinq ans et trois mois de réclusion.
Services secrets éclaboussés
En mettant en cause sa hiérarchie, Dino Bellasi avait provoqué un véritable scandale au sein des services secrets suisses.
Des enquêtes avaient été ouvertes contre quatre de ses supérieurs, le chef des services secrets Peter Regli, son chef d’Etat-major Jean-Denis Geinoz, son prédécesseur Bernhard Stoll et le directeur du service de renseignement stratégique Fred Schreier.
Mais, après enquête, le procureur de la Confédération d’alors, Carla Del Ponte, avait établi avec certitude que Dino Bellasi n’avait jamais été chargé par ses supérieurs d’une telle tâche.
Au final, cette affaire aura eu pour conséquence une refonte des services de renseignements suisses. Et, dans la foulée, la mise à la retraite anticipée de Peter Regli.
swissinfo, Vanda Janka
– Dino Bellasi a détourné 8,839 millions de francs à la Banque nationale suisse (BNS) en falsifiant 127 mandats provisionnels.
– Le juge d’instruction fédéral a retrouvé la trace de 6,6 millions de francs.
– Il a utilisé cet argent pour acheter des armes (pour plus d’un demi-million de francs) et des maisons. Il a aussi fondé une société fictive.
– Les 2,2 millions de francs que l’accusé affirme avoir transmis à ses supérieurs n’ont jamais été retrouvé.
– Dino Bellasi a été arrêté en août 1999.

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