La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

En Suisse, deux personnes sur trois sont bénévoles, et c’est important pour la démocratie

Fête fédérale de gymnastique
Inconcevable sans le bénévolat: la Fête fédérale de gymnastique 2025 a attiré 300'000 personnes et 65'000 gymnastes à Lausanne. Keystone / Jean-Christophe Bott

Le nouvel Observatoire du bénévolat de la Société suisse d'utilité publique montre que les personnes qui s'engagent bénévolement ont plus souvent une bonne compréhension de la culture du compromis et de la démocratie.

En Suisse, près de deux personnes sur trois exercent une forme de bénévolat. Cinq mille personnes ont participé à la vaste enquête scientifique réalisée pour l’Observatoire 2025 du bénévolat de la Société suisse d’utilité publique (SSUP)Lien externe. Nombre d’entre elles s’engagent dans des clubs sportifs, occupent des fonctions politiques, soutiennent ou s’occupent de personnes en dehors de leur propre foyer.

Selon l’Observatoire, la Suisse se distingue au niveau international «par un niveau élevé d’engagement bénévole». Avec la Norvège, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas, «la Suisse est en tête des classements européens, pour le travail bénévole formel comme informel».

Lien entre bénévolat et participation à la démocratie directe

Le chef de projet, Andreas Müller, rappelle que le bénévolat «existe partout» et qu’il «contribue clairement à la cohésion sociale». Mais ce qui est intéressant en Suisse, souligne-t-il, c’est «la manière dont cet engagement interagit avec le système de milice et la participation à la démocratie directe». L’enquête montre en effet que les personnes qui font du bénévolat sont aussi plus impliquées dans la vie politique.

Contenu externe

L’Observatoire fait la distinction entre travail bénévole formel – organisé – et travail bénévole informel. Au cours de l’année 2024, 41% des personnes interrogées ont effectué du bénévolat formel. Ce chiffre comprend les personnes qui s’engagent dans les 90’000 associations et organisations à but non lucratif de Suisse et qui y occupent des fonctions honorifiques (rôles statutaires non rémunérés).

Un peu plus de la moitié (51%) de la population a, elle, effectué du bénévolat informel. Beaucoup s’engagent ainsi de manière irrégulière, par exemple dans le cadre de l’aide de voisinage ou en s’occupant de proches.

Au total, 64% de la population, soit près des deux tiers, s’est engagée bénévolement au cours de l’année, de manière formelle, informelle, ou les deux.

Le bénévolat reste «relativement stable». Est-ce suffisant?

L’Observatoire du bénévolat ne paraît que tous les cinq ans. Les résultats 2025 étaient attendus avec d’autant plus d’impatience que la pandémie de coronavirus est survenue entretemps. Si elle a fortement restreint la vie associative durant certaines phases, «une vague de solidarité a traversé la Suisse», souligne l’étude.

La comparaison avec le précédent rapport est un peu compliquée en raison d’adaptations méthodologiques. Mais globalement, le rapport décrit une situation similaire à celle d’il y a cinq ans.

«Du point de vue démocratique», ce taux d’engagement est-il suffisant? Pas aux yeux d’Andreas Müller. «Ce n’est pas une bonne nouvelle que la situation reste relativement stable. Il serait préférable que le bénévolat augmente.» Sinon, à long terme, la cohésion va s’effriter, estime le responsable de la SSUP.

Une confiance accrue dans la politique et la société

L’Observatoire montre en effet qu’il existe un lien étroit entre bénévolat et sentiment d’appartenance. Les personnes qui s’engagent ont tendance à se sentir plus attachées à leur quartier, à leur lieu de vie et à la Suisse.

Les personnes bénévoles ont une confiance fondamentale plus élevée envers leurs concitoyens et concitoyennes, comme envers les institutions politiques.

Contenu externe

Elles ont une meilleure compréhension de la «culture du compromis» et se sentent moins impuissantes sur le plan politique: 55% de celles qui ont effectué un travail bénévole formel rejettent l’affirmation selon laquelle elles «n’ont pas leur mot à dire sur ce que fait le gouvernement». Parmi celles qui n’accomplissent aucun travail bénévole, seules 36% ne sont pas d’accord avec cette affirmation.

«Chaque contribution, aussi minime soit-elle, est positive pour la société», assure Andreas Müller. L’isolement n’est pas dans l’intérêt de la communauté, et tout engagement, y compris par exemple par le biais d’un entraînement de football, contribue à la cohésion sociale.

Établir une comparaison internationale du bénévolat est difficile

Comme le souligne l’Observatoire, la Suisse occupait en 2017 la deuxième place de l’étude sur les valeurs européennes (European Values Study) derrière la Norvège.

Mais dans la dernière comparaison européenne, qui remonte à 2022, la Suisse a obtenu de moins bons résultats: selon les statistiques européennes sur les revenus et les conditions de vie, seuls 25,7% des personnes en Suisse font du bénévolat.

Contenu externe

Pour le chef de projet de la SSUP, il ne faut pas accorder trop d’importance à ce chiffre, les définitions de travail et de bénévolat variant selon les enquêtes.

Par ailleurs, la comparaison internationale se heurte à une difficulté fondamentale: «En Suisse, en particulier en Suisse alémanique, l’idée que la société civile résout elle-même ses problèmes prévaut. Dans certains pays, l’État joue un rôle différent.»

En Suisse, les personnes qui gardent bénévolement les enfants du voisinage font du bénévolat informel. Dans des pays comme la France, il existe davantage de crèches, plus abordables, y compris pour les très jeunes enfants. «On a donc logiquement moins besoin de l’aide du voisinage. Mais cela ne signifie pas nécessairement que le ciment social est plus faible.»

La Suisse est actuellement confrontée à un vaste débat sur ce qu’est le bénévolat, et sur la question de savoir si, et comment, l’État doit le promouvoir, rappelle Andreas Müller.

Les Suisses sont en effet appelés à se prononcer en novembre prochain sur l’initiative dite Service citoyenLien externe – «Pour une Suisse qui s’engage». Elle demande «que toute personne de nationalité suisse effectue un service au bénéfice de la collectivité et de l’environnement.»

«Que l’on soit pour, ou que l’on craigne que le service obligatoire ne supplante l’engagement bénévole, la population suisse doit mener une discussion de fond: qu’est-ce qu’elle entend par  principe de milice – et qu’est-ce que le bénévolat?», estime Andreas Müller.

Lisez également notre article sur le système de milice, particularité du système politique suisse:

Plus

Texte relu et vérifié par Reto Gysi von Wartburg, traduit de l’allemand par Albertine Bourget/ptur

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision