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Peut-être des policiers non suisses à Genève

Engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient. Mais sans succès. www.geneve.ch

Genève manque de gendarmes et les candidats ne sont pas foule. Pourquoi ne pas ouvrir la porte à des étrangers bien intégrés? Le débat est lancé.

Les effectifs de la gendarmerie cantonale genevoise sont loin d’être complets. ll y manque actuellement une bonne quarantaine d’unités et les campagnes de recrutement n’ont pas reçu l’écho attendu.

Au sein du gouvernement cantonal, c’est la libérale Micheline Spoerri qui depuis quelques mois est en charge du Département de justice, police et sécurité. A la mi-août, elle doit présenter son projet de budget 2003.

Via une interview de La Tribune de Genève, elle en profite, entre autres, pour lancer l’idée d’engager des gendarmes non suisses, à condition qu’ils soient titulaires d’un permis d’établissement (en clair, le fameux permis C qui autorise tout ressortissant à s’intégrer dans le marché du travail local).

Gendarmes sur la réserve

Outre la réponse au besoin évident de renforcer les effectifs de police, Mme Spoerri avance deux arguments: avec ses 40% de population étrangère, Genève est un milieu multiculturel propice à une telle initiative, et il faut pour cela profiter de la prochaine révision de la loi sur la police.

Les porte-parole de la police genevoise font motus et bouche cousue sur le sujet et leur chef, Christian Coquoz, est actuellement en vacances. Il n’a pas cependant fait grand mystère de ses réticences.

Elles sont d’abord d’ordre philosophique, a-t-il expliqué au journaliste du principal quotidien local: «l’exercice d’une fonction d’autorité publique nécessite une adhésion forte à l’État qu’on représente».

Puis d’ordre juridique: le chef de la police genevoise estime que les jeunes de la seconde génération de familles immigrées ont aujourd’hui toutes les facilités d’acquérir la nationalité suisse. S’ils ne veulent pas faire ce pas, il n’y aurait alors selon lui aucune raison de leur ouvrir cette porte.

Quoi qu’il en soit, il devrait y avoir débat. Et un débat qui s’inscrit dans la droite ligne de celui qui agite régulièrement Genève autour des droits de vote et d’éligibilité de ses résidents étrangers. Peut-on de surcroît imaginer des policiers privés des droits élémentaires du citoyen?

Bâle-Ville, timidement

Genève ne serait cependant pas le premier canton suisse à engager des policiers d’origine étrangère. Bâle-Ville a déjà fait œuvre de pionnier en la matière, mais l’expérience est récente et on ne peut guère en tirer de grands enseignements.

Jusqu’à présent, seuls deux policiers ont en effet bénéficié de ce nouveau statut. Tous deux étaient d’origine italienne (immigrés de deuxième ou troisième génération) et l’un des deux, pour des raisons strictement personnelles, a même déjà quitté le corps de police.

Leur engagement répondait à une situation assez identique à celle de Genève, à savoir des difficultés de recrutement et un contexte urbain à forte proportion de population étrangère. Et ce qui est possible dans une ville comme Bâle ne le serait sans doute pas en milieu campagnard.

Baslertütsch obligé

«Les réactions ont été plutôt positives, commente André Auderset, responsable de l’information de la police bâloise, nous n’avons pas eu de réclamations, pas même des milieux nationalistes».

Les conditions d’engagement et les qualités exigées de ces policiers sans passeport suisse sont en tous points identiques à celles de leurs collègues helvétiques. Les exigences du métier sont les mêmes, quelle que soit l’origine ou la nationalité

André Auderset précise tout de même une chose importante: les candidats doivent comprendre le dialecte local et pouvoir parler le ‘schwyzertütsch’.

swissinfo/Bernard Weissbrodt

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