Ultimatum de George Bush à l’Irak… et à l’ONU

George Bush à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, ce jeudi. Keystone

Dans un discours très attendu devant l'Assemblée générale de l'ONU, le président des Etats-Unis a lancé un ultimatum à l'Irak de Saddam Hussein, mais aussi aux Nations unies.

George Bush considère que l’Irak est «un danger grave et grandissant».

Le président américain, qui considère que l’Irak est «un danger grave et grandissant» parce qu’il possède des capacités biologiques, chimiques et nucléaires, lance à l’Irak un ultimatum immédiat.

L’ultimatum consiste en plusieurs exigences faites au gouvernement irakien: détruire immédiatement ses armes de destruction massive, cesser de détourner des fonds issus du programme «pétrole contre nourriture» de l’ONU et libérer les 600 personnes enlevées pendant la guerre du Golfe.

Et aussi de respecter les droits de la majorité chiite et des minorités telles que les Kurdes, tenir des élections contrôlées par des observateurs internationaux, et arrêter d’appuyer des mouvements terroristes.

Irak et terrorisme

A cet égard, le président américain a profité de son discours pour commencer à souligner le lien qui, selon lui, existe entre l’Irak et le terrorisme.

«L’Irak continue de soutenir et d’abriter des organisations terroristes actives au Proche-Orient», déclare ainsi George Bush. « Des terroristes d’Al-Qaïda échappés d’Afghanistan se trouvent en Irak», a-t-il par ailleurs affirmé.

Mais le chef de la Maison Blanche estime aussi que Bagdad a sapé la crédibilité des Nations unies. «Saddam Hussein a du mépris pour l’ONU», dit M. Bush.

«L’Irak a passé une décennie à tromper et défier l’ONU, en violant les 16 résolutions approuvées par le Conseil de sécurité depuis l’invasion du Koweït en 1990», explique-t-il.

Ultimatum à l’ONU

Et George Bush de lancer son second ultimatum, adressé cette fois aux Nations unies.

«L’ONU fait face à un moment historique», un moment qui s’articule, à ses yeux, autour de cette question qu’il pose à l’Assemblée générale: «l’ONU remplira-t-elle la mission définie par ses fondateurs ou perdra-t-elle sa raison d’être?»

Le président Bush affirme que Washington, qui a joué un rôle crucial dans la création de l’ONU, souhaite que l’organisation internationale soit efficace et respectée.

Il annonce d’ailleurs que les Etats-Unis vont adhérer de nouveau à l’UNESCO. En ce qui concerne l’Irak, il promet de «travailler avec l’ONU».

Action unilatérale

Mais il prévient que Washington est prête à agir unilatéralement contre Bagdad. «Il faut que les résolutions de l’ONU soient plus que des vœux pieux, sinon l’action deviendra inévitable», avertit le président américain.

M. Bush n’a pas précisé dans son discours quelle forme cette «action» pourrait prendre. Mais au vu des déclarations va-t-en-guerre que ses collaborateurs ont faites au cours des dernières semaines, il ne fait aucun doute qu’il songe à une «action» militaire.

Réagissant au discours, l’ambassadeur d’Irak à l’ONU, Mohamed Al-Douri, a déploré que M. Bush ait «choisi de tromper le monde avec la plus longue liste de fabrications qui ait jamais été faite par le dirigeant d’un pays».

De son côté, Chris Patten, commissaire européen aux relations extérieures, se félicite que «le président ait ramené le dossier irakien à l’ONU».

Selon des diplomates en poste au siège de l’organisation, les premières consultations sur une nouvelle résolution pourraient avoir lieu la semaine prochaine.

swissinfo/Marie-Christine Bonzom à Washington