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Des congés sous surveillance pour les criminels internés

Le Conseil national a accepté que les criminels internés ne puissent sortir qu'accompagnés (image symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Les personnes internées devraient pouvoir profiter de congé ou de sorties à condition qu’elles soient accompagnées. Le Conseil national a accepté mardi par 100 voix contre 71 la version modifiée d’une motion qui réclamait une interdiction pure et simple.

Le texte initial avait été déposé par la conseillère nationale Natalie Rickli (UDC/ZH) en 2011 après la fuite d’un dangereux détenu de la prison de Gorgier (NE) qui avait faussé compagnie à ses gardiens lors d’une sortie. Il s’était rendu quelques jours plus tard aux gendarmes dans le Jura vaudois.

La motion chargeait le Conseil fédéral de modifier le code pénal pour éviter ce genre de sorties. Elle avait été acceptée par la Chambre du peuple par 95 voix contre 79. Le Conseil des Etats a modifié le contenu, afin de permettre ce genre de sortie si la personne est accompagnée.

“Les sorties permettent d’évaluer la dangerosité réelle des criminels dans la réalité. C’est une étape nécessaire avant une éventuelle libération”, a argumenté Lisa Mazzone au nom de la commission.

Tant la gauche que le Conseil fédéral se sont opposés à cette motion. Dans la pratique, il est très rare qu’une personne internée bénéficie d’un allégement dans l’exécution de sa peine, a rappelé la ministre de justice et police Simonetta Sommaruga.

Aucun assouplissement n’est d’ailleurs possible pour les internés à vie, en raison de leur caractère extrêmement dangereux pour la collectivité. Quant aux internés “normaux”, on part de l’idée qu’ils pourront un jour être libérés, il faut donc les préparer progressivement, avec des sorties ponctuelles, a expliqué la conseillère fédérale.

Observer le détenu

Il faut observer comment un détenu se comporte quand il a ses congés. “On ne peut pas les libérer du jour au lendemain” sans qu’ils s’accommodent à la vie extérieure, a-t-elle lancé.

Et Simonetta Sommaruga de rappeler: le fait d’accompagner un détenu n’empêche pas les drames. Adeline, une sociothérapeute, avait été assassinée à Genève en 2013 par un détenu qu’elle accompagnait en sortie thérapeutique. “On ne gagne rien avec cette modification”.

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