Des Hongkongais commémorent Tiananmen
(Keystone-ATS) De nombreux Hongkongais commençaient mardi à affluer dans un parc de l’ancienne colonie britannique. Ils s’y réunissent depuis 29 ans pour la traditionnelle veillée aux chandelles à la mémoire des victimes de la répression des manifestations de la place Tiananmen.
Hong Kong est le seul endroit de Chine où une telle commémoration est possible. Le rassemblement est d’autant plus symbolique que le territoire semi-autonome lutte pour défendre ses libertés, alors que de nombreux Hongkongais ont le sentiment d’une ingérence de plus en plus forte de Pékin dans leurs affaires intérieures.
Voilà 29 ans qu’une veillée se tient chaque année dans la ville du sud-est de la Chine en souvenir de la répression menée le 4 juin 1989 par l’armée chinoise place Tiananmen. C’est là la preuve des libertés extraordinaires dont jouit Hong Kong aujourd’hui.
Ce rassemblement est organisé par des vétérans du combat pour la démocratie pour demander à la fois la démocratisation du régime chinois et la justice pour les victimes de Tiananmen. Mais ces dernières années, il est aussi question lors de cette veillée des menaces pesant sur les droits et libertés à Hong Kong.
En théorie, ceux-ci sont garantis jusqu’en 2047 par l’accord sino-britannique qui avait présidé à la rétrocession du territoire en 1997. Les organisateurs s’attendent à une forte participation mardi soir, en raison d’une part du caractère symbolique du 30ème anniversaire mais aussi de ce sentiment d’érosion des libertés hongkongaises.
Contexte tendu
Cette veillée survient en effet dans un contexte particulièrement tendu à Hong Kong du fait du projet très controversé de l’exécutif hongkongais, qui est aligné sur Pékin, d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Ce projet de loi a suscité une levée de boucliers des milieux économiques et des critiques de juristes.
Il a aussi entraîné les manifestations les plus importantes depuis le « Mouvement des Parapluies » qui avait paralysé le centre de la ville pendant des semaines en 2014. Cette veillée intervient d’ailleurs quelques semaines après l’incarcération de plusieurs figures de cette mobilisation sans précédent.
Réclamation de l’UE
Mardi, l’Union européenne a d’ailleurs réclamé la « libération immédiate des défenseurs des droits de l’homme et des avocats détenus et condamnés pour ces événements ». Bruxelles déplore la répression contre « les personnes qui participent activement à la commémoration de cet événement, comme le pasteur Wang Yi, Dong Guanping et le groupe de victimes des mères de Tiananmen.
« La veillée de Victoria Park est symbolique pour montrer que les Hongkongais ne peuvent pas être intimidés », a déclaré dans un communiqué l’Alliance Hong Kong, l’un des organisateurs. « C’est la preuve que le Parti communiste chinois ne mettra jamais Hong Kong au pas. »
Refoulés
Il est arrivé par le passé que des survivants de Tiananmen viennent à Hong Kong participer aux commémorations. Mais ces dernières années, beaucoup ont été refoulés par les autorités hongkongaises.
Dimanche encore, l’ancien dirigeant étudiant Feng Congde, 53 ans, qui vit à San Francisco, n’a pas eu l’autorisation à son arrivée à l’aéroport de Hong Kong de pénétrer sur le territoire et a été remis directement dans un avion.
Pendant des années, cette veillée a rassemblé plus de 100’000 personnes, mais la participation a diminué après l’échec des manifestations pro-démocratie du Mouvement des Parapluies en 2014. En dépit des semaines d’occupation des rues du centre de Hong Kong, les manifestants, qui demandaient l’instauration d’un véritable suffrage universel, n’avaient obtenu aucune concession de la Chine.