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Diminution des ventes d’antibiotiques dans la médecine vétérinaire

La quantité d'antibiotiques vendus en Suisse est en constante diminution depuis 2008 (image d'archives). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Le recul des ventes d’antibiotiques dans la médecine vétérinaire s’est poursuivi en 2016. Pour la première fois, cette diminution concerne également des antibiotiques de première priorité pour la médecine humaine.

En 2016, 38’300 kg d’antibiotiques destinés aux animaux ont été vendus en Suisse, soit un recul de 9% par rapport à l’année précédente. Depuis 2008, la baisse atteint même 45%, indique mercredi l’Office fédéral des affaires vétérinaires (OSAV) dans un communiqué. Elle est principalement due à la diminution des ventes de prémélanges pour aliments médicamenteux.

Pour la première fois, les ventes d’antibiotiques critiques, c’est-à-dire de première priorité pour la médecine humaine, ont également connu un fléchissement. En 2016, elles ont baissé d’un quart par rapport à 2015.

Mesures efficaces

L’OSAV attribue cette diminution constante à un changement de mentalités chez les vétérinaires et les détenteurs d’animaux ainsi qu’aux mesures mises en oeuvre. Parmi elles figure notamment l’interdiction de remettre à titre de stock des antibiotiques appartenant à des familles critiques ou employés à des fins prophylactiques.

L’OSAV précise toutefois que la quantité totale d’antibiotiques vendus ne permet pas de tirer des conclusions sur la manière dont ceux-ci sont utilisés. Et de rappeler qu’en ce qui concerne le développement de résistance, “ce n’est pas la baisse de la quantité totale d’antibiotiques qui prévaut, mais le nombre de traitement par animal, respectivement le nombre d’animaux traités par unité de temps”.

Dès 2019, une base de données fournira des informations sur l’utilisation précise des antibiotiques et les traitements effectifs. Ces données permettront d’identifier des problèmes spécifiques et de les résoudre avec des mesures ciblées. Pour faire face de manière coordonnée au problème de la recrudescence des résistances, le Conseil fédéral a adopté en 2015 la stratégie nationale Anti-biorésistance (StAR).

Urgence sanitaire

L’Organisation mondiale de la santé tire régulièrement la sonnette d’alarme sur l’augmentation de la résistance aux antibiotiques. Un récent rapport de l’organisation qualifie le phénomène d’urgence sanitaire mondiale et s’alarme du manque de nouveaux antibiotiques en développement.

Selon un groupe d’experts internationaux qui ont rédigé plusieurs rapports sur le sujet, les bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050, soit autant que le cancer.

D’après ce groupe d’experts, présidé par l’économiste Jim O’Neill, le phénomène cause déjà 700’000 décès par an, dont 50’000 en Europe et aux Etats-Unis.

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