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Dirigeants mondiaux à Genève pour la réunion des 100 ans de l’OIT

Des dizaines de dirigeants dont la chancelière allemande Angela Merkel (à droite) seront à Genève pour aborder l'avenir du monde du travail lors de la Conférence de l'OIT (archives). KEYSTONE/AP/MARKUS SCHREIBER sda-ats

(Keystone-ATS) Plus de 40 dirigeants mondiaux, d’Emmanuel Macron à Angela Merkel, vont aborder à Genève l’avenir du monde du travail et le harcèlement. Présidée par la Suisse, la Conférence du centenaire de l’OIT, dès lundi, doit aboutir à une déclaration face aux nombreux défis.

Pendant 12 jours, l’ambassadeur suisse Jean-Jacques Elmiger, élevé au rang de secrétaire d’Etat le temps de la réunion, aura sauf surprise la lourde tâche de diriger la réunion. L’Organisation internationale du travail (OIT) prépare depuis plusieurs années les efforts en vue de la Déclaration du Centenaire.

Celle-ci devra être courte et « politique », affirme le directeur général Guy Ryder qui s’attend à de difficiles négociations. Non contraignante, la déclaration devrait toutefois établir un cadre pour l’institution, les Etats, les employeurs, les syndicats et les travailleurs pour les prochaines décennies. « Son influence dépendra de son utilisation », dit M. Ryder.

Selon lui, la déclaration devra répondre aux questions posées au monde travail par les nouvelles technologies, notamment les plateformes numériques comme Uber, mais aussi par le changement climatique, la mondialisation et l’augmentation de la population. Symptomatiques, les résultats des récentes élections européennes et d’autres situations dans le monde ont montré le mécontentement de citoyens « qui ont besoin de solutions », affirme-t-il.

« Si vous êtes un conducteur de bus à Genève et que vous savez que des véhicules sans chauffeur doivent arriver dans deux ou trois ans, vous vous posez d’importantes questions », ajoute-t-il. Selon lui, la venue d’autant de chefs d’Etat et de gouvernement à la réunion relève la pertinence de cette discussion.

Sans le président de la Confédération

Outre le président français, la chancelière allemande et le premier ministre russe Dmitri Medvedev mardi, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et italien Sergio Mattarella s’exprimeront dès lundi. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est lui attendu le 21 juin à la fin de la conférence.

De son côté, la Suisse ne sera pas représentée par Ueli Maurer. Il ne faut pas pour autant y voir un manque d’intérêt du président de la Confédération pour le multilatéralisme, ont dit à Keystone-ATS des sources convergentes. Il sera retenu au Japon pour le G20 des ministres des finances puis des rencontres bilatérales.

M. Maurer doit participer à une réunion cruciale, notamment sur les questions de fiscalité, pour la Suisse qui ne pouvait envoyer quelqu’un d’autre, explique l’une des sources. Pas de quoi décevoir M. Ryder. « Nous sommes plutôt bien considérés par la Suisse », a-t-il affirmé à Keystone-ATS.

D’autant plus que deux conseillers fédéraux viendront s’exprimer. Alain Berset ouvrira la conférence et Guy Parmelin viendra faire un discours le 18 juin sur l’avenir du travail, à la veille du second segment des discours des chefs d’Etat et de gouvernement.

Suisse épinglée

Outre la Déclaration du centenaire, les Etats membres devront tenter d’arracher une possible Convention contraignante et des recommandations détaillées contre les violences et le harcèlement au travail. Le directeur général se dit « confiant » malgré les importantes réserves de certains acteurs, notamment les employeurs qui souhaitent que les limites de l’application de ce dispositif soient mieux établies.

La Suisse partage ces inquiétudes. Elle s’interroge sur la validité de la Convention sur les déplacements depuis ou vers le site de travail ou sur les courriels professionnels reçus en dehors du bureau.

Pour Berne, une autre préoccupation sera abordée. L’OIT a mis la Suisse sur une liste noire de 40 pays accusés de violer leurs obligations internationales, raccourcie à 25 au moment de la conférence. Selon elle, les travailleurs actifs dans les syndicats ne sont pas assez protégés d’un licenciement et devraient bénéficier d’une compensation financière plus importante s’ils sont sanctionnés pour leurs efforts dans ce cadre.

La délégation gouvernementale suisse sera dirigée par le chef de la Direction du travail du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) Boris Zürcher. Celle des employeurs sera emmenée par le directeur général de la Fédération des entreprises romandes (FER) Blaise Matthey et celle des travailleurs par le secrétaire général de l’Union syndicale suisse (USS) Luca Cirigliano. Au total, près de 5800 personnes doivent participer à ces discussions.

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