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À Tunis, la fin du calvaire pour le Tuniso-Suisse Mustapha Djemali

Mustapha Djemali
Mustapha Djemali représente son organisation, le Conseil tunisien pour les réfugiés. DR

Après plus d'un an et demi de détention, le procès a enfin eu lieu: Mustapha Djemali, 81 ans, a été condamné en Tunisie pour avoir favorisé l’installation illégale d’étrangers, mais a pu sortir libre de prison. Les organisations internationales critiquent la manière dont la justice tunisienne a traité cet humanitaire.

Mustapha Djemali a été libéré lundi soir, après seulement deux jours de procès. La possibilité d’un appel, de sa part ou de celle du parquet tunisien, demeure incertaine.

Ses enfants de se sont dit très soulagés par la décision. Les proches avaient critiqué à plusieurs reprises ses conditions de détention: Mustapha Djemali aurait perdu 40 kilos pendant son séjour en prison, la cellule était complètement surpeuplée, étouffante en été et glaciale en hiver.

Ils estimaient également ne pas recevoir suffisamment de soutien de la part des autorités suisses et du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Accusé de favoriser l’installation illégale d’étrangers

Mustapha Djemali, collaborateur de longue date de l’ONU, était accusé, avec d’autres prévenus, d’avoir favorisé l’installation illégale d’étrangers en Tunisie.

La procédure a été engagée parce que l’ONG de Mustapha Djemali avait publié un appel d’offres pour la location d’hôtels destinés à héberger des personnes réfugiées.

En 2017, Mustapha Djemali a fondé le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), une organisation non gouvernementale financée presque exclusivement par son ancien employeur, le HCR. Depuis 2019, l’ONG s’occupe pour le compte de ce dernier de l’enregistrement des personnes réfugiées qui souhaitent demander l’asile en Tunisie.

Lisez ici les dessous de l’affaire:

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Le passeport suisse n’a pas été d’une grande utilité

Mustapha Djemali est arrivé à Genève en 1980, où ce juriste a travaillé pour l’ONU jusqu’en 2004. Tous les membres de sa famille ont la nationalité suisse depuis plus de 20 ans. Cependant, comme ils ont également la nationalité tunisienne, les possibilités d’action officielles des autorités suisses dans de tels cas sont limitées.

«Nous sommes très heureux que justice ait été rendue aujourd’hui. Le travail humanitaire important de Mustapha Djemali en faveur des réfugiés en Tunisie a toujours été légitime», a déclaré Antonia Mulvey, de l’association Legal Action Worldwide, qui a apporté un soutien juridique aux familles des accusés.

Un chef de projet tunisien du CTR, Aberrazak Krimi, a également été condamné à deux ans de prison. Quatre autres employés de l’ONG ont été acquittés. Selon Antonia Mulvey, cette décision donne également de l’espoir à d’autres détenus et à leurs familles.

Dans un communiqué de presse, Amnesty International a critiqué le fait que les accusés n’auraient jamais dû être arrêtés et que le procès n’aurait jamais dû avoir lieu. Le verdict serait un avertissement clair des autorités tunisiennes à l’intention d’autres organisations de défense des droits humains.

Politique agressive à l’encontre des réfugiés

Depuis mai 2024, au moins six autres membres d’organisations de la société civile tunisienne qui défendent les droits des personnes migrantes et des réfugiées ont été arrêtés. Le procès contre le CTR a été le premier à aboutir à un verdict.

Les observateurs tunisiens se sont montrés surpris par la relative clémence de la peine prononcée. D’autres audiences et prononcés de jugement sont prévus dans les semaines à venir.

Depuis plus de deux ans, le gouvernement tunisien mène une répression massive contre les personnes migrantes et réfugiées originaires des pays d’Afrique subsaharienne, après que le président Kais Saied a mis en garde contre un «remplacement de population» organisé à grande échelle.

Selon les chiffres officiels, seuls quelque 66’000 étrangers vivent parmi les douze millions d’habitantes et habitants du pays.

Après la signature d’un accord migratoire avec l’Union européenne à l’été 2023, le nombre d’arrivées en Europe en provenance de Tunisie a fortement diminué. Dans le même temps, la Tunisie continue d’être accusée de violations massives des droits humains dans son traitement des personnes migrantes et réfugiées.

Relu et vérifié par Balz Rigendinger. Traduit de l’allemand à l’aide d’outil de traduction automatique par Emilie Ridard/sj

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