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La crise alimentaire affecte plus les femmes que les hommes

Une soupe
Un plat préparé avec du beurre de palme à Monrovia, au Liberia. Keystone / Ahmed Jallanzo

La pandémie et la guerre en Ukraine ont aggravé la crise alimentaire mondiale. Selon une étude suisse, les femmes souffrent davantage de la faim que les hommes.

Un groupement d’ONG suisses appelé Sufosec a publié un rapport sur la situation alimentaire dans 16 pays du Sud. Dans le cadre de celui-ci, quelque 14’000 ménages d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine ont été interrogés entre 2020 et 2022. Résultat: dans un ménage sur quatre, les membres de la famille se couchent régulièrement le soir en ayant faim.

«Le nombre de ménages souffrant de la faim dans les régions que le rapport de la Sufosec couvre m’a particulièrement touchée», affirme Nicole Stolz de l’ONG Swissaid, interrogée par swissinfo.ch. «Un ménage sur quatre est touché par la faim, c’est un résultat extrême!»

Les femmes renoncent (en partie) volontairement à manger

Il ressort également du rapport que la faim affecte de plus en plus les femmes. Lorsque la nourriture se fait rare, les femmes sont généralement les premières à se priver de nourriture et à se contenter de ce que laissent leur mari et leurs enfants.

Vous trouverez ici le rapport complet:

Rapport mondial 2022 sur la nutrition de Sufosec

Téléchargement :Rapport mondial 2022 sur la nutrition de Sufosec

Ainsi, les femmes sont dix pour cent plus touchées par la malnutrition que les hommes. Dans le monde, près d’une femme sur trois âgée de 15 à 49 ans est touchée par l’anémie, une potentielle conséquence d’une alimentation déséquilibrée ou déficiente.

Les femmes se privent-elles volontairement de nourriture, par exemple pour protéger les enfants des carences? «C’est une question difficile», répond Nicole Stolz. «Si l’on posait la question aux femmes, la plupart répondraient: Nous le faisons volontiers et de notre plein gré».

Mais les modèles culturels et les attentes sociales joueraient également un rôle. «Si les femmes se servaient en premier, mangeaient plus que les autres ou ne servaient même pas le repas, mais le mangeaient elles-mêmes à l’avance, cela serait perçu comme un scandale», estime Nicole Stolz.

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La crise mondiale s’aggrave

La planète est en proie à une crise alimentaire. 828 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La pandémie et la guerre en Ukraine ont aggravé une situation alimentaire déjà tendue.

Le changement climatique, la mauvaise gouvernance, la spéculation sur les denrées alimentaires, le gaspillage et la croissance démographique ont, entre autres, conduit à une insécurité alimentaire à certains endroits. L’ONU espère donc transformer les systèmes alimentaires mondiaux.

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Les avis divergent toutefois sur la manière de garantir la sécurité alimentaire. Les partisanes et partisans de la révolution verte misent sur les engrais, le génie génétique et les semences hybrides, des solutions critiquées par l’alliance Sufosec en raison de leur impact négatif sur l’environnement.

Le Rapport mondial 2022 sur la nutrition a été rédigé par Sufosec. Cette alliance suisse pour une alimentation durable dans le monde regroupe les ONG Swissaid, Skat Foundation, Vétérinaires Sans Frontières Suisse, Vivamos Mejor, Action de Carême et Aqua Alimenta.

Le sondage mené auprès de 14’000 ménages, choisis au hasard parmi 600’000, a été accompagné scientifiquement par des chercheurs de l’Université de Berne et de l’EPFZ.

La Direction du développement et de la coopération (DDC) n’a pas soutenu directement le rapport, mais a soutenu six projets qui y sont présentés. Elle a également cofinancé une étude dont la Sufosec avait besoin pour des mesures d’impact et à des fins de contrôle. La publication a toutefois été financée uniquement par des dons.

Alors que le patron du groupe agrochimique Syngenta a appelé il y a quelques mois à se détourner du bio en raison de la crise alimentaire, car les rendements de l’agriculture biologique sont plus faibles, Sufosec mise sur ce qu’elle appelle l’agroécologie. Elle entend par là une agriculture écologique et sociale qui mise sur les circuits courts, les semences paysannes (produites par les agricultrices et agriculteurs) et les méthodes de culture adaptées aux conditions locales. 

«Nous avons pu prouver, grâce à cette enquête, que les méthodes agroécologiques permettent à elles seules de réduire la malnutrition de 16%», indique Nicole Stolz. Pour cela, il faut également que la fertilité des sols soit améliorée, les cultures diversifiées et l’utilisation des engrais et pesticides de synthèse réduite.

Texte traduit de l’allemand par Dorian Burkhalter

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