Le potentiel lémanique est sous-exploité
Selon «Avenir Suisse», la métropole lémanique pourrait être beaucoup plus performante d'un point de vue économique, comme l'est déjà la région bâloise.
Sponsorisé par les grandes entreprises helvétiques, le «think tank» (laboratoire d’idées) formule une série de propositions pour stimuler le développement économique de la région.
La région lémanique – qui englobe notamment Vaud, Genève et la Haute-Savoie (France) – a pratiquement atteint la dimension critique d’une vraie métropole clairement délimitée par ses pendulaires, constate Avenir Suisse dans son étude intitulée «Le feu au Lac».
«Avec une population de plus de 1,8 million d’habitants, une croissance démographique soutenue et des moyens enviables, elle pourrait se targuer de concurrencer les autres métropoles suisses, voire même certaines métropoles étrangères», observent les auteurs.
Pourtant, selon eux, la région lémanique affiche des performances décevantes, le potentiel économique étant mal exploité. Une comparaison avec la région métropolitaine bâloise suffit pour s’en convaincre.
Bâle s’en sort nettement mieux
Selon les derniers chiffres, la Région lémanique perd du terrain avec un Produit intérieur brut (PIB) par habitant de 56’700 francs, largement en dessous de la Région bâloise qui affiche un PIB par habitant de 80’000 francs.
«La région bâloise dispose de l’industrie pharma, avec ses usines, ses laboratoires et ses sous-traitants, qui crée évidemment beaucoup de richesse», explique à swissinfo Cedric van der Poel, un des auteurs de l’étude.
Mais ce n’est pas tout: la région bâloise utilise réellement l’accord de Karlsruhe, signé entre la Suisse, la France et l’Allemagne en 1996. «Il donne un vrai pouvoir décisionnel à la région, poursuit Cedric van der Poel. Et les effets s’en font sentir en termes de réseau de transports, ou en termes de partage des tâches par exemple.»
La région lémanique, au contraire, souffre d’une infrastructure de transports insuffisante et d’une fragmentation politique excessive.
Des voies à explorer
Pour dynamiser cette région, les auteurs de l’étude explorent quelques pistes et émettent des recommandations. Ils suggèrent notamment d’améliorer le réseau de transport, à l’image de ce qui a été fait dans d’autres métropoles européennes.
Le monde universitaire est aussi appelé à évoluer en tenant mieux compte de la réalité des activités économiques. La région lémanique peine en effet à transformer les savoirs académiques en produits innovateurs, regrette Avenir Suisse qui propose de viser des domaines porteurs comme la biotechnologie ou l’environnement.
Les auteurs prônent également une réforme politique. Une gouvernance régionale transfrontalière devrait être favorisée, avec une priorité donnée aux accords contractuels et sectoriels. Le territoire lémanique devrait aussi être simplifié, avec une stratégie de fusions des petites communes.
«Cela dit, conclut Cedric van der Poel, on ne peut pas transposer le modèle bâlois à la région lémanique. Les conditions politiques, économiques et géographiques ne sont pas les mêmes. Nous avons écrit ce livre plutôt pour amener à une prise de conscience, des populations et des autorités.»
swissinfo et les agences
Le bassin naturel de la métropole lémanique:
Population: 1,8 millions d’habitants
Superficie: 8900 km2
Nombre de communes: 810
Cantons suisses: Genève, Vaud, Valais (districts de Monthey et de Saint-Maurice), Fribourg (district de la Broye)
Département français: Haute Savoie, Ain
– Avenir Suisse a été créé en 1999 par quatorze des plus grandes multinationales suisses (UBS, Credit Suisse, Nestlé, Novartis, etc.) sur le modèle des think-tanks anglo-saxons.
– Le groupe se définit comme un défenseur de l’économie de marché soutenant une vision libérale du monde et de la société.
– Pour ses analyses, Avenir Suisse confie des mandats à des experts et des instituts scientifiques, en Suisse et à l’étranger.
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