«On a tiré près de chez nous», témoigne un Suisse de Thaïlande
Un ancien conflit autour de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge a à nouveau dégénéré. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir. Parmi elles se trouve Charly Hofmann, un Suisse vivant dans la région.
Jeudi, alors que les affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge reprenaient, Charly Hofmann restait encore optimiste sur les réseaux sociaux. Vendredi matin, Swissinfo a tenté de contacter ce Suisse de 71 ans pour une interview. «Nous sommes en train d’évacuer. En route pour San Kaeo. Je conduis. Je ne peux pas parler», a-t-il répondu.
Vers midi (heure suisse), il a pu être joint par téléphone depuis une ville thaïlandaise située à 80 kilomètres. Lui et sa famille sont en sécurité. «Nous sommes hébergés dans un gymnase», explique-t-il.
La zone de conflit se trouvait en réalité loin de son domicile, mais des tirs ont soudainement éclaté à seulement 17 kilomètres de chez lui. «C’est pourquoi les chefs de village ont dit qu’il fallait évacuer», raconte Charly Hofmann.
Avec deux pick-up chargés de personnes, de nourriture, de vêtements et même d’une moto, ce dernier a fui précipitamment. «Ce matin encore, je faisais tranquillement une séance de marche nordique. Maintenant, nous avons laissé derrière nous notre maison, 60 vaches et des rizières qui s’étendent sur une surface grande comme 25 terrains de football.»
Pas une destination touristique pour les Suisses
Le conflit frontalier latent entre la Thaïlande et le Cambodge a de nouveau éclaté. Des échanges de tirs et des morts ont été signalés des deux côtés, et des dizaines de milliers de personnes ont fui. Les postes-frontière sont fermés, les ambassadeurs rappelés et des évacuations ont lieu.
La zone de combat est éloignée des circuits touristiques habituels, rapporte notamment la radiotélévision alémanique SRF. Rarement les touristes suisses se rendent dans la province de Surin, à environ 400 kilomètres à l’ouest de Bangkok. Le nord-ouest du Cambodge voisin n’est pas non plus une destination touristique classique.
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) indique que, selon l’application Travel Admin, environ 40 voyageurs suisses se trouvent actuellement au Cambodge. En Thaïlande, ils sont 670.
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Swiss Travel Admin App (DFAE)
Charly Hofmann ne connaît pas d’autres Suisses de l’étranger ayant fui le conflit. «Je suis pratiquement le seul étranger dans la région», indique ce Zurichois d’origine, installé en Thaïlande depuis 2011.
Le DFAE suit de près la situation liée aux tensions entre le Cambodge et la Thaïlande. Les conseils aux voyageurs sont régulièrement mis à jour. Actuellement, il est déconseillé de se rendre dans la zone frontalière.
«Dans quelques jours, nous pourrons peut-être rentrer chez nous»
Le cœur du conflit est une zone frontalière disputée depuis des décennies autour d’anciens temples. Le différend remonte à l’époque coloniale et a donné lieu à plusieurs affrontements au fil des ans. Charly Hofmann n’avait jamais vécu une telle situation en 14 ans. «Pour ma femme, qui a grandi ici, ce n’est pas la première fois», dit-il.
Le point sur le conflit dans le Téléjournal de la RTS du 24 juillet:
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Le Suisse espère pouvoir rentrer chez lui dans quelques jours, à dix kilomètres de la frontière cambodgienne. «Pour l’instant, je dors ici dans ce gymnase. Je suis curieux de voir comment les choses vont évoluer», ajoute-t-il.
Un retour en Suisse n’est pas envisageable pour lui. Si le conflit devait durer, il prévoit de partir en vacances à Pattaya ou Koh Samui jusqu’à ce que la situation se calme.
Environ 490 personnes sont inscrites au registre des Suisses de l’étranger au Cambodge. Selon le DFAE, ce chiffre inclut également les membres de famille ne détenant pas la nationalité suisse.
Il en va de même pour la Thaïlande, où environ 13’430 personnes sont inscrites au registre des Suisses de l’étranger.
Charly Hofmann n’a pas été en contact avec la représentation suisse à Bangkok ces derniers jours. «Les autorités locales savent toutefois que j’ai fui avec ma femme et sa famille.» Il suit ainsi les recommandations du DFAE.
Le Département des affaires étrangères demande aux ressortissants suisses sur place de suivre les instructions des autorités locales et de se tenir informés via les médias ou les agences de voyages. «En cas d’urgence, ils peuvent à tout moment contacter la représentation suisse à Bangkok ou la Helpline DFAE», précise le DFAE sur demande.
Lundi, la Thaïlande et le Cambodge se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu
La Thaïlande et le Cambodge ont convenu le 28 juillet d’un cessez-le-feu immédiat.
Charly Hofmann était déjà rentré chez lui la veille. «La salle de sport était certes grande et bien équipée, mais il n’y avait pas de matelas, seulement quelques nattes en paille de riz qui provoquaient des douleurs aux os», a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Texte relu et vérifié par Giannis Mavris, traduit de l’allemand à l’aide de l’IA/op
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