Le ministre des Finances Ueli Maurer était la semaine dernière en Chine pour promouvoir la place financière suisse.
Keystone
Le président chinois Xi Jinping ambitionne de faire revivre la «Route de la soie» entre la Chine et l’Europe, en y injectant des moyens modernes et des milliards d’investissement. Une trentaine de chefs d’Etats ont été invités à cet effet au «Belt and Road Forum», qui se tiendra à la mi-mai à Pékin. La Suisse, qui sera représentée par la présidente de la Confédération Doris Leuthard, entend participer à ce projet dans le domaine des services financiers.
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Qu'il s'agisse des relations inter-détroit (relations politiques et économiques entre la Chine et Taïwan), de la rivalité entre les États-Unis et la Chine, des relations sino-helvétiques, de la Chine et de ses structures politiques ou du développement adaptatif et de l'innovation technologique, je fais le point sur les affaires étrangères et leur impact possible sur la politique, l'économie et la société suisses/chinoises.
Ancien journaliste à Pékin, je m'intéresse à la Chine et à ses structures politiques, au développement adaptatif et à l'innovation technologique. J'ai étudié le journalisme et la communication en Chine et en Suisse. Depuis que j'ai rejoint SWI swissinfo.ch en 2015, j'ai développé un vif intérêt pour les affaires internationales en me concentrant sur les relations de la Chine avec d'autres pays/blocs et sur la position de la Suisse.
La visite d’Ueli Maurer en Chine la semaine dernière a une nouvelle fois démontré l’importance que revêt l’empire du Milieu pour la place financière suisse. Le ministre des Finances y a notamment mené des entretiens portant sur la mise en place de meilleures conditions-cadres visant à favoriser l’innovation dans le secteur financier, à la fois pour les investissements bilatéraux mais aussi pour les services financiers.
Lors d’une interview accordée à la télévision d’Etat China Global Television Network (CGTN), Ueli Maurer a indiqué que la Suisse entendait renforcer ses liens financiers avec la Chine en développant les marchés financiers et l’échange d’expertise en matière de technologies financières (fintech).
«Au cours des trois dernières années, nous avons mené un dialogue régulier avec la Chine sur les questions financières et nous allons continuer cet échange avec des projets concrets liés à la finance et à l’investissement, tel que celui de la One Belt One Road. Nous sommes intéressés à coopérer avec la Chine dans les domaines des fintech et de la supervision bancaire», a affirmé Ueli Maurer.
Des liens financiers plus étroits
Selon le quotidien chinois Global Times, les représentants du département des Finances ont exprimé leur désir de voir le secteur financier chinois s’ouvrir davantage. «La Suisse est disposée à participer à des programmes pilotes dans le processus d’ouverture de la Chine, car ce pays jouit d’une bonne réputation dans le secteur financier et présente des mesures solides dans la gestion des risques», a relevé Ueli Maurer.
Le Secrétaire d’Etat aux questions financières internationales, Jörg Gasser, faisait partie de la délégation emmenée par Ueli Maurer. «Les deux pays sont d’accord pour ouvrir davantage le secteur financier, mais le degré d’ouverture est différent dans chacun des deux pays», a-t-il indiqué au Global Times. «Le marché financier helvétique est pratiquement ouvert à 100% aux fournisseurs de services financiers étrangers. Nous espérons que la Chine pourra ouvrir encore davantage son marché aux entreprises étrangères».
Le président du Conseil d’administration de Credit Suisse Alexandre Zeller a quant à lui affirmé au Shanghai Daily que sa banque souhaitait échanger des savoir-faire sur la gestion de crédit avec les entreprises chinoises de fintech. Credit Suisse entend également répondre à la demande croissante des entreprises chinoises en ce qui concerne l’émission d’obligations en Suisse ou l’achat d’actifs dans les entreprises helvétiques.
Nouvelle Route de la soie
Ueli Maurer a par ailleurs parlé très positivement du projet chinois de «nouvelle Route de la soie» (Belt and Road), une stratégie de développement axée sur la coopération économique et le commerce entre la Chine et les pays d’Eurasie. Il a déclaré que la Suisse était disposée à coopérer avec la Chine dans le cadre de ce projet, principalement sur les questions de financement, de contrôle des risques et d’assurance.
«Compte tenu du fait que l’initiative Belt and Road est un grand projet, nous voulons connaître les considérations et les plans de la Chine avant de trouver un moyen spécifique de participer à l’initiative, tout comme à de grands projets d’infrastructures et de contrôle des risques dans le secteur financier», a toutefois relevé Jörg Gasser.
La présidente de la Confédération Doris Leuthard a quant à elle confirmé sa participation au Belt and Road Forum for international cooperation, qui se tiendra les 14 et 15 mai à Pékin.
(Traduction et adaptation de l’anglais: Samuel Jaberg)
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