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Une visite test pour les relations russo-suisses

A Moscou, Joseph Deiss espère développer les relations économiques avec la Russie. Keystone

A Moscou, c'est dans un contexte glacial que le ministre Jospeh Deiss va tenter de réchauffer les relations économiques entre la Suisse et la Russie.

En effet, l’affaire de l’ex-ministre de l’énergie atomique Evgueni Adamov pèse actuellement sur les relations bilatérales entre la Suisse et la Russie.

Accompagné d’une délégation de capitaines suisses de l’industrie, le ministre de l’économie rencontrera notamment son homologue German Grev et le ministre des finances Alexei Koudrine durant ces deux jours de visite officielle en Russie.

Joseph Deiss aura la tâche délicate de réchauffer les relations russo-suisses, qui se sont considérablement tendues ces dernières années. Affaire Borodine, crash d’Uberlingen, comptes Ioukos en Suisse et, tout récemment, le cas d’Evgueni Adamov, ont provoqué la colère de Moscou.

L’affaire Adamov

Dans le dernier épisode, Moscou a reproché à la Suisse d’avoir extradé l’ex-ministre de l’énergie atomique vers les Etats-Unis et non vers la Russie comme elle le souhaitait.

«Ignorer les arguments de l’autre ne constitue pas une bonne base pour une collaboration efficace», avait notamment déclaré l’ambassadeur de Russie en Suisse il y a dix jours. Les Russes n’ont cependant pas annulé la visite de Joseph Deiss à Moscou.

L’affaire Adamov est purement juridique, a pour sa part rappelé Leo Ribeli, chargé des relations avec la Russie au Secrétariat d’Etat à l’économie (seco). Le voyage de Joseph Deiss est de nature économique. Et les Russes ne doivent pas ignorer qu’en Suisse la justice est indépendante.

La dernière visite d’un ministre de l’économie suisse en Russie remonte à 2001 avec le voyage de Pascal Couchepin à Moscou. Cette année, Joseph Deiss et sa délégation informeront les investisseurs russes sur les avantages de la place économique suisse lors d’un «Business Summit».

Resserrer les liens

Les entretiens au niveau ministériel porteront sur les relations économiques entre les deux pays, ainsi que sur les moyens de les améliorer. Elles ne sont actuellement que peu développées, relève Urs Rellstab, représentant de la direction d’Economiesuisse et membre de la délégation.

Le marché russe est très important pour la Suisse, notamment au niveau des exportations et des investissements directs. «Cette mission nous donnera l’occasion de resserrer les contacts au niveau gouvernemental», a ajouté Urs Rellstab.

La délégation économique est formée de représentants de l’industrie des machines, des multinationales, des banques, ainsi que des industries horlogère, pharmaceutique et chimique. Mais, selon le représentant d’Economiesuisse «les petites et moyennes entreprises (PME) suisses ont aussi de grandes opportunités de développement en Russie».

«Nous espérons aplanir certains obstacles, notamment bureaucratiques, qui rendent difficile la vie des investisseurs. Obtenir un visa relève encore et toujours du parcours du combattant», explique Urs Rellstab. Sans compter les problèmes autrement plus graves liés à l’insécurité du droit ou la corruption.

Frilosité des investisseurs

Même si la Russie se noie dans la richesse générée par ses revenus pétrolier et gazier avec une croissance annuelle de son PIB de 7% en moyenne, les investisseurs étrangers restent pourtant très frileux, constate Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut des Hautes études internationales de Genève (HEI).

Car, en dehors du mirage énergétique et des recettes provenant des matières premières, la restructuration économique est beaucoup moins profonde. L’éviction des oligarques, le rôle peu clair de l’Etat dans les sociétés industrielles ont en outre créé une grande insécurité.

D’ailleurs, même les Russes n’investissent qu’au compte-gouttes dans leur patrie et préfèrent placer leurs capitaux à l’étranger, relève le professeur. Il faut dire qu’après un premier mandat prometteur, les réformes entreprises par le président russe Vladimir Poutine se sont embourbées. «C’est la glaciation économique et la régression politique», note Charles Wyplosz.

En revanche, la richesse se diffuse petit à petit dans la population et la demande intérieure en commerces et services est forte. Avec 144 millions d’habitants, le potentiel économique est bien là.

swissinfo et les agences

La dernière visite d’un ministre de l’économie suisse en Russie remonte à 2001 avec le voyage de Pascal Couchepin à Moscou.
Grâce à ses revenus pétrolier et gazier, la Russie a enregistré ces dernières années une croissance annuelle de son PIB de 7%.
Avec 144 millions d’habitants, la Russie présente un fort potentiel économique.

Joseph Deiss est en visite officielle à Moscou les 20 et 21 octobre.

Il est accompagné d’une délégation de représentants de l’économie suisse.

Le ministre suisse doit notamment rencontrer son homologue German Grev et le ministre des finances Alexei Koudrine.

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