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EPFL: les secrets des premières photographies en couleur révélés

Une des premières photographies couleur prises par Gabriel Lippmann il y a plus de 100 ans. G. Lippmann/EPFL/PNAS sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs de l’EPFL jettent un éclairage nouveau sur l’une des premières techniques de photographie en couleur, la méthode d’imagerie multispectrale de Gabriel Lippmann. Elle avait été récompensée en 1908 par le prix Nobel.

Dans cette étude publiée par la revue américaine PNAS, les chercheurs lausannois expliquent que la plupart des techniques de photographie prennent seulement trois mesures, pour le rouge, le vert et le bleu.

Pourtant, ils ont découvert que l’approche historique de Lippmann capturait généralement 26 à 64 échantillons spectraux d’informations dans la région visible, a indiqué jeudi l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

Sa technique repose sur les mêmes principes d’interférence qui ont récemment permis de détecter les ondes gravitationnelles et représentant le fondement de l’holographie et de la majeure partie de l’imagerie interférométrique moderne. Elle est presque totalement délaissée aujourd’hui.

“Il s’agit des premières mesures de la lumière multispectrale enregistrées. Nous nous sommes donc demandé s’il était possible de recréer précisément la lumière originale de ces scènes historiques”, indique Gilles Baechler, l’un des auteurs de l’article, cité dans le communiqué.

Incohérences et distorsions

Les chercheurs ont découvert que les images multispectrales reflétées à partir d’une plaque Lippmann contenaient des distorsions, même si les couleurs reproduites semblaient précises à l’œil nu. Lorsqu’ils ont examiné le spectre complet reflété et qu’ils l’ont comparé à l’original, ils ont remarqué un certain nombre d’incohérences. Bon nombre d’entre elles n’avaient jamais été documentées, même dans des études modernes.

“Nous avons fini par modéliser le processus complet, de l’image multispectrale que vous capturez jusqu’à son enregistrement dans la photographie. Nous avons pu capturer la lumière réfléchie et la comparer à l’original”, explique Gilles Baechler.

“Avec les plaques historiques, il y a des facteurs dans le processus que nous ne pouvons pas connaître, mais parce que nous avions compris comment la lumière différait, nous pouvions créer un algorithme pour retrouver la lumière originale qui a été capturée. Nous avons pu étudier la convertibilité”, ajoute le spécialiste.

Les chercheurs ont ensuite créé leurs propres plaques en suivant la procédure historique afin de vérifier que la modélisation était correcte. Ils estiment que revisiter la technique photographique de Lippmann peut inspirer de nouveaux développements technologiques pour ce siècle. L’équipe a d’ores et déjà créé un prototype d’une caméra numérique Lippmann.

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