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‘Arktos’, l’aventure est finie!

Quelques minutes après son arrivée, le champagne… en famille! swissinfo.ch

Après plus de 26 mois de périple sur le cercle arctique, Mike Horn a bouclé son expédition ce jeudi en fin de matinée, au Cap Nord.

Famille, amis, sponsors, journalistes étaient au rendez-vous. La joie et l’émotion aussi.

Nous sommes à 2000 kilomètres du Pôle Nord. Et à 306 mètres au-dessus la mer, perchés sur une falaise vertigineuse. En bas, sur la surface grise et bleue, un petit point blanc qui grossit. Mike Horn, après 26 mois de voyage le long du Cercle arctique, approche du Cap Nord, l’endroit même d’où il était parti le 4 août 2002.

Sur le vaste rocher, l’ambiance monte d’un cran. Chacun y va de sa remarque, de son enthousiasme, malgré le froid, et la neige mouillée qui commence à tomber. Deux hélicoptères décollent.

Cornes de brumes. Fusées – mais l’interdiction tombe vite: pas de ça en Norvège! Qu’importe, les explosions de bouchons de champagne, elles, tout à l’heure, ne seront pas interdites.

Suspense

La région du Cap Nord, Mike Horn en est proche depuis quelques jours. Il attendait, pas très loin de là. Normal: il ne faut pas rater la fête. Pas rater les retrouvailles. Pas rater le retour au monde.

Entre le moment où l’on aperçoit la voile blanche, et la rencontre ‘physique’ avec l’aventurier, les minutes, nombreuses, s’égrènent lentement. Le temps pour lui de contourner l’immense masse de rocher, d’amarrer son bateau dans une crique, au fond d’un fjord, et de monter à pied, jusqu’au plateau où tout le monde l’attend.

Attente sage et disciplinée. Mais quand la silhouette rouge se profile sur l’horizon vert et brun de la lande, c’est le rush des photographes, sur les talons de Cathy, sa femme, et de leurs deux filles. Ce n’est plus le Cap Nord, mais Cannes, la Croisette, en plein festival.

Noyée parmi les objectifs et les caméras, l’émotion malgré tout subsiste, réelle et forte.

Aux premiers micros qui se tendent, Mike Horn explique que cette foule, cette agitation, il s’y est préparé. «Cela fait deux ans et trois mois que je suis seul sur la mer, la glace, la toundra… je suis content de voir des gens, hein!»

«On ne connaît pas les autres»

Mike Horn est donc arrivé en bateau au Cap Nord, comme il le souhaitait, comme il le rêvait. Alors qu’il remontait la falaise à pied, c’est son ami Stève Ravussin, le navigateur suisse, qui prenait la barre du trimaran pour le ramener au port.

«Je l’avais fait déjà en Afrique, lors de l’expédition ‘Latitude Zéro’. C’est vrai, cela me fait plaisir de faire quelques kilomètres avec son bateau!», s’exclame le marin, qui ajoute: «C’est un être exceptionnel, qui a le cœur sur la main. Et dans les moments durs, il est surhumain. C’est pour ça que je suis là».

Stève Ravussin qui, face à la personnalité de Mike Horn, a l’humilité sincère: «Nous, les navigateurs, on fait notre métier, cela n’a rien de polyvalent. Lui, où il est incroyable, c’est qu’il a une formidable palette, il est compétitif dans tous les domaines. Des mecs comme ça, il y en a pas beaucoup dans le monde… et on ne connaît pas les autres!»

Revenir, partir?

Plus tard, dans l’après-midi, Mike Horn donnera conférence de presse. Dans les entrailles mêmes de la falaise, une vaste salle dont la baie vitrée donne, évidemment, sur l’Océan arctique.

Une conférence de presse d’abord largement phagocytée par les sponsors, heureux de voir leur champion triompher, mais n’en perdant pas pour autant le sens de l’auto-promotion.

Puis Mike Horn offrira quelques perles à un public conquis d’avance il faut dire que l’homme est indéniablement charismatique. D’abord en citant son équipe logistique, sa femme en particulier: «Mon plus grand sponsor, c’est ma femme, car elle me donne la liberté».

Puis il évoquera l’expérience acquise à travers une jolie métaphore… «Avant, pour planter un clou, j’utilisais ma force. Maintenant, j’utilise le poids du marteau. Le marteau, c’est mon expérience». Et d’aller un peu plus loin en parlant d’employer peut-être «toutes ses expériences pour une dernière grande expédition».

Mais le doute demeure, et, quant à l’avenir, on le sent tiraillé: «Tu sais, on est comme les chèvres, dit-il avec son accent inimitable. L’herbe est toujours plus verte ailleurs. A la maison, je veux partir. Ici, je veux rentrer chez moi… Je ne sais pas où je dois aller, maintenant!»

Pour Mike Horn, Arktos, c’est terminé. L’aventure, sans doute pas.

swissinfo, Bernard Léchot au Cap Nord

Ce jeudi au Cap Nord (Norvège), Mike Horn a bouclé l’expédition «Arktos», le tour de la Terre par le Cercle polaire, entamé le 4 août 2002 au même endroit.
En solitaire et sans motorisation – une première – il est passé par le Groenland, le Canada, l’Alaska, la Sibérie, la Russie.
Ses moyens de locomotion: voilier monocoque, trimaran, kayak, raquettes, skis et kite, vélo.

– Mike Horn est né à Johannesburg en 1966. Militaire entre 1984 et 1987, il a été capitaine dans les forces spéciales sud-africaines.

– Diplômé en sciences humaines à l’Université de Stellenbosch, il quitte l’Afrique du Sud en 1990 pour voyager en Europe.

– Débarqué à Zurich, il s’installe aux Moulins, à côté de Château-d’Oex, dans le Pays-d’Enhaut (Alpes vaudoises).

– C’est là qu’il vit avec ses deux filles, Annika et Jessica, et sa femme, Cathy, qui participe à l’organisation (logistique, nourriture, communication) de ses expéditions.

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