Comme la Suisse, l’Allemagne est à l’heure des fusions bancaires

Comme l'avaient fait la SBS et l'UBS pour créer en 1998 l'une des premières banques mondiales, la Deutsche Bank et la Dresdner Bank ont décidé de fusionner leurs activités. Ce sera la première banque mondiale selon le classement par bilan.

Comme l’avaient fait la SBS et l’UBS en se regroupant pour créer en 1998 l’une des premières banques mondiales, la Deutsche Bank et la Dresdner Bank ont décidé de fusionner leurs activités. Le nouvel établissement unifié donnera naissance à la première banque mondiale selon le classement par bilan.

L’alliance de la première et de la troisième banque allemande va donner naissance au premier groupe bancaire mondial avec 1250 milliards de dollars de total de bilan. La Deutsche Bank figure déjà dans les trois premiers mondiaux, tandis que la Dresdner n’est que dix-huitième. La banque unifiée précédera cette fois dans le peloton des cinq premiers, deux banques japonaises, la BNP française, l’UBS et le Citigroup des Etats-Unis.

Mais en termes de capitalisation boursière, les deux banques allemandes ne font guère le poids, à la différence de l’UBS. La capitalisation de la Dresdner Bank n’est que de 30 milliards de dollars environ. Elle était jusqu’ici souvent considérée comme cible possible d’un rachat.

En Allemagne même, les deux banques privées ont fort à faire face à la concurrence des banques coopératives et des banques de crédit qui dominent la banque de détail. Le secteur bancaire allemand dans son ensemble n’a plus le poids qu’il avait autrefois dans le marché européen. Séparées, la Deutsche Bank et la Dresdner n’ont pas la taille requise dans le cadre de la mondialisation.

Dans le marché de l’investissement enfin, face aux Américains, seul le Credit Suisse en Europe peut faire le poids. Deutsche Bank et Dresdner Bank sépareront les services particuliers des services investissements, entreprises et marché de la future banque unifiée. Les premiers seront regroupés au sein de Deutsche Bank 24 – un succès entre autres du service on line.

Les deux banques ont par ailleurs été incitées à regrouper leurs activités parce qu’elles bénéficient du même actionnaire principal: le groupe mammouth de l’assurance Allianz. Celui-ci détient 5 pour cent de la Deutsche Bank et 21 pour cent de la Dresdner. Son président soulignait récemment que l’heure des restructurations qui a sonné dans le secteur bancaire allemand serait le prélude à des alliances transfrontalières. Allianz regroupera les activités de fonds d’assurance du nouvel ensemble et profitera sans doute de la restructuration de ses services aux particuliers pour proposer ses propres produits aux guichets.

La fusion devra encore être approuvée à Bruxelles. Mais 850 des 2800 filiales des deux établissements en Allemagne devraient être fermés, et 16 000 des 146 000 emplois actuels supprimés. Le nouveau groupe bancaire aura une direction à deux têtes constituée de Rolf Breuer (Deutsche Bank) et Bernhard Walter (Dresdner Bank).

Michel Verrier, Berlin