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Credit Suisse: Lukas Mühlemann jette l’éponge

Dès la fin de l'année Lukas Mühlemann n'occupera plus aucune fonction au Credit Suisse. Keystone

Après la présidence en juillet, Lukas Mühlemann annonce jeudi son retrait de la direction générale du Credit Suisse Group.

La nouvelle ne surprend pas le cénacle financier, qui attendra les nouvelles têtes du numéro deux bancaire helvétique au contour.

A la fin de l’année, Lukas Mühlemann (52 ans), n’exercera plus aucune fonction au sein du Credit Suisse Group (CSG). Le montant de son indemnité de départ sera fixé par le conseil d’administration et rendu public à ce moment là.

«La décision de quitter complètement l’entreprise n’a pas été facile à prendre. Mais je veux que le CSG puisse continuer à se développer sans être entravé par les discussions au sujet de ma personne», indique jeudi Lukas Mühlemann.

Direction à deux têtes

Pour le remplacer, le conseil d’administration a choisi une présidence de la direction bicéphale, fait plutôt rare en Suisse.

Les deux élus sont John Mack, un Américain de 58 ans, actuel patron du Credit Suisse First Boston (CSFB), la banque d’affaires du CSG, et Oswald Grübel, un Allemand de 59 ans qui dirige actuellement Credit Suisse Financial Services (CSFS).

Quant au nouveau président du conseil d’administration, il s’agit de Walter Kielholz, (51 ans), actuel président de la direction de Swiss Re.

Bases solides, résultats médiocres

«Le CSG repose sur des bases très solides et dispose de tout ce dont il a besoin pour assurer son succès», affirme Walter Kielholz. Et de se réjouir de travailler avec Messieurs Mack et Grübel, qu’il qualifie de «dirigeants expérimentés.»

Côté résultats, le CSG a plongé dans le rouge au deuxième trimestre 2002. Le groupe annonce une perte nette de 579 millions de francs, qu’il explique par la chute des marchés boursiers.

Décision attendue

Ce départ largement attendu n’étonne par le cénacle financier. De l’avis général, il ne suffira toutefois pas à résoudre les problèmes de la deuxième banque suisse.

«Les marchés vont apprécier le départ de Lukas Mühlemann. Il y avait une vraie défiance à l’égard de la personne», note François Savary.

Mais pour ce stratégiste financier indépendant, «le redressement du groupe va dépendre des nouvelles structures, des nouvelles personnes et des objectifs qu’elles vont se fixer».

Stratégie perdante

«La stratégie de Lukas Mühlemann a échoué, poursuit Jérôme Schupp, de la banque Syz & Co. Elle était trop dépendante des marchés financiers, ce qui représente un risque énorme lorsque la morosité les gagne, ce qui est le cas en ce moment».

Et l’analyste de suggérer une restructuration en profondeur du CSG, qui pourrait passer par la cession de l’assureur Winterthur, dont les pertes pèsent pour 1,5 milliard de francs au bilan du groupe.

Le boulet Winterthur

«Vendre la Winterthur? C’est la grande question, confirme François Savary. Beaucoup de gens pensent que le modèle de la bancassurance ne fonctionne pas».

Mais dans les conditions actuelles, il serait très difficile de trouver un acheteur et de finaliser la vente avant 12 à 18 mois.

«Une décision de vente constituerait un signal positif pour les marchés. Mais ce n’est pas le remède miracle à tous les problèmes actuels du groupe», avertit François Savary.

Investisseurs prudents

De leur côté, l’Association de défense des investisseurs suisses (SVSA) et la Fondation suisse pour un développement durable ethos saluent le départ de Lukas Mühlemann.

«L’ancienne étoile montante de la finance a donné ce qu’elle avait à donner et il faut désormais tourner la page», estime ethos.

Quant à la SVSA, qui avait demandé la tête de Lukas Mühlemann, elle avertit que le CSG, malgré sa nouvelle direction, «restera sous haute surveillance».

La Bourse suisse a réagi sans enthousiasme à cette démission. Jeudi à la clôture, l’action CSG perd 6,33 %, soit 2,05 francs à 30,35 francs. Depuis le début de l’année, le titre a perdu près de 60 % de sa valeur.

swissinfo

Lukas Mühlemann quitte la présidence et la direction générale du CSG à fin 2002
Dès janvier 2003, le nouveau président sera Walter Kielholz
A la même date, la direction sera reprise par John Mack et Oswald Grübel

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