Déposition-choc dans le procès contre le Credit Suisse au Japon
Suite du procès dans l´affaire Credit Suisse à Tokyo: le groupe financier suisse aurait non seulement permis le transfert de mauvaises dettes à l´étranger. Mais il aurait aussi vendu ses dérivés à des PME, peu conscientes des dangers de ces produits.
La déposition d’un des ex-directeurs de Credit Suisse Financial Products (CSFP), une ancienne unité du Credit Suisse, cause un véritable remue-ménage dans le monde financier japonais. Devenu témoin à charge de l’accusation, il a révélé que la banque était active dans la vente à des PME de produits dérivés si compliqués et dangereux que certaines de ces entreprises, après avoir perdu beaucoup d’argent, ont été menacées de faillite.
D’après l’agence de presse économique japonaise «Jiji», l’ex-responsable a ainsi déclaré devant le tribunal que ces fonds, à base de produits dérivés, «étaient si inappropriés qu’ils me donnaient des frissons d’angoisse». Ces fonds utilisaient des «swaptions» ou des options sur swaps de taux d’intérêt. Des instruments qui permettent de générer un profit immédiat pour maquiller les résultats d’une entreprise. Mais qui, le plus souvent, à l’échéance de l’exercice de l’option, font perdre beaucoup d’argent aux PME qui souscrivent ces contrats.
C’est ce qui est arrivé à un constructeur japonais de machines, ajoute l’agence «Jiji», lequel se retrouva au bord du dépôt de bilan. D’autres PME subirent des risques aussi considérables. L’an dernier, les autorités japonaises retirèrent à CSFP sa licence d’opérer au Japon. A l’époque, l’on pensait que ses produits dérivés n’avaient servi qu’aux transferts de mauvaises dettes d’institutions financières japonaises en difficulté à l’étranger. Leur usage, à ce qu’il semble, aurait donc été multiple.
Le Credit Suisse s’est, entre-temps, réorganisé dans l’archipel et cherche à donner de lui une image plus avantageuse. D’autres grandes banques étrangères sont dans le collimateur des autorités japonaises, souvent pour les mêmes reproches que ceux adressés au Credit Suisse. Des pratiques douteuses que le Japon a décidé de ne plus tolérer avec la libéralisation de son marché financier.
Georges Baumgartner, Tokyo
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