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Folie sur les actions Internet: un air de déjà-vu

La frénésie autour des valeurs liées à Internet rappelle la hausse des titres technologiques aux Etats-Unis en 1967-68 ou la bulle spéculative des actions immobilières des années 80 au Japon. Reste à savoir si ce secteur connaîtra la même débâcle.

La frénésie autour des valeurs liées à Internet rappelle la hausse des titres technologiques aux Etats-Unis en 1967-68 ou la bulle spéculative des actions immobilières des années 80 au Japon. Reste à savoir si ce secteur connaîtra la même débâcle.

Impossible d’échapper à Internet. La «Nouvelle économie», que certains qualifient déjà de «troisième révolution industrielle», est partout. En Bourse, la progression de l’indice américain Datastream-Internet laisse sans voix: une croissance de 171 pour cent en 1997; 470 pour cent en 1998 et encore une hausse de 161 pour cent l’an dernier. Depuis trois ans, les titres des sociétés qui touchent de près ou de loin au réseau mondial s’arrachent.

Preuve de l’aspect irrationnel de la situation: lorsqu’une entreprise transforme sa raison sociale en «net» ou «com», son cours boursier est propulsé vers le haut. Le changement de nom engendre en moyenne une hausse de 125 pour cent dans les 10 jours qui suivent l’annonce. Le simple fait d’être associé à Internet crée de la valeur. Peu importe les pertes accumulées aujourd’hui par ces sociétés, les investisseurs misent sur les bénéfices futurs.

«Le problème, c’est que pour justifier leur valeur actuelle, les entreprises du secteur Internet devraient croître en moyenne de 80 pour cent par an pendant les cinq prochaines années. «En comparaison, Microsoft, au sommet de son succès, a connu une progression de 53 pour cent», précise Edgar van Tuyll, économiste à la banque privée genevoise Pictet et auteur d’une étude sur le sujet.

Il estime que ce phénomène a un air de déjà-vu. La situation ressemble, par exemple, à la flambée des titres liés à l’immobilier au Japon à la fin des années 80, à l’attrait pour les sociétés minières aux Etats-Unis au milieu du XIXe siècle ou aux sommes folles auxquelles se vendaient les bulbes de tulipes en Hollande au début du XVIIe siècle. Le prix ne correspondait plus du tout à la valeur économique objective du bien ou de la société. Dans tous ces cas, la chute a été brutale.

Les valeurs Internet connaîtront-elle le même sort ? «Il y aura 90 pour cent de morts et seulement 10 pour cent de gagnants», estime Jean-Paul Betbeze, responsable des études économiques au Crédit Lyonnais à Paris. «La Nouvelle économie, c’est un marché avec des places à prendre sans que l’on connaisse celles qui seront rentables: on s’arrache alors toutes les chaises libres pour ne pas rester debout», ajoute l’analyste français. Une fois l’écrémage réalisé, ceux qui survivront détiendront des parts de marchés très importantes.

Internet, c’est un peu comme le loto: quelques gros gagnants, mais des milliers de perdants. Reste à déterminer à quel moment se produira le retour de balancier et quelles seront les sociétés qui résisteront au choc.

Luigino Canal

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