
Fonds juifs : Nestlé et les autres sortent du bois

L´accord global sur les fonds en déshérence ne concerne pour l´heure que deux banques et quatre compagnies d´assurance. Mais de nouvelles entreprises ne vont pas manquer de s´y rallier. Jeudi, Nestlé et quelques autres ont annoncé leurs intentions.
Tel qu’accepté mercredi par le juge new-yorkais Edward Korman, l’accord engage uniquement l’UBS et le Credit Suisse à hauteur d’un milliard 200 millions de dollars et quatre grandes compagnies d’assurances pour les 50 millions restants. Le document est toutefois de nature à mettre toute entreprise suisse à l’abri de plaintes ultérieures de la part des organisations juives, notamment – et c’est une nouveauté – celle qui ont bénéficié de cette forme d’esclavage pudiquement baptisé «travail forcé».
Ces entreprises ont désormais un mois pour s’annoncer comme partie prenante, et bien sûr les deux grandes banques s’attendent à ce qu’elles contribuent également à la facture. Mais ceci fera l’objet de négociations ultérieures, entre Suisses, sans intervention des plaignants. En fait, certaines de ces entreprises n’ont pas attendu la signature du juge Korman pour plancher sur la question. C’est le cas de Nestlé.
Jeudi, l’Agence télégraphique suisse annonçait que la multinationale veveysanne «voulait participer financièrement à l’accord». L’usine de sa filiale Maggi à Singen, dans le Sud de l’Allemagne, a en effet eu recours au travail forcé durant les années de guerre. Nestlé a d’ailleurs déjà ouvert ses archives aux historiens de la commission Bergier.
Alors pourquoi ne pas en avoir parlé plus tôt? A cette question, Hanjörg Renk, porte-parole du géant de l’alimentation fait cette réponse déconcertante : «parce que personne ne nous l’avait jamais demandé». Quant à savoir depuis quand Nestlé envisage de rejoindre l’accord global et quelle sera le montant de sa participation financière, M. Renk n’en dira pas plus: «ce sont là des affaires internes».
Jeudi toujours, Algroup – qui a lui aussi une usine à Singen -, Georg Fischer et les banques cantonales annonçaient à leur tour leur intention de se joindre à l’accord. Quant aux banquiers privés, s’ils saluent la signature de l’accord, ils n’en sont pas moins «surpris» et «choqués» du ton des critiques que le juge Korman adresse à la Commission fédérale des banques.
Quoiqu’il en soit, l’accord global a maintenant les meilleurs chances d’entrer rapidement en vigueur. Restera aux plaignants à se répartir l’argent ainsi récupéré. La tâche s’annonce titanesque, puisqu’elles et ils sont plus d’un demi-million – survivants et descendants – à prétendre à un dédommagement. Mais à ces négociations-là, la Suisse ne participera pas, si ce n’est en continuant à ouvrir ses archives.
Marc-André Miserez

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