La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Fonds spéculatifs: la BNS embarrasse le Japon

La décision de la Banque nationale suisse (BNS) de relever d'un coup de 0,75 pour cent ses taux surprend les marchés qui n'anticipaient pas un resserrement aussi brutal du crédit. Et, au Japon, elle cause un véritable choc.

La décision de la Banque nationale suisse (BNS) de relever d’un coup de 0,75 pour cent ses taux surprend les marchés qui n’anticipaient pas un resserrement aussi brutal du crédit. Et, au Japon, elle cause un véritable choc.

Les autorités monétaires suisses privent, désormais, les fonds les plus spéculatifs (hedge funds) du choix entre le franc ou le yen pour financer, à moindre coût, leurs opérations sur les marchés.

La Banque nationale suisse veut redresser le franc et prouver à ceux qui pensent qu’elle se contente de suivre l’euro comme son ombre qu’ils ont tort. Mais cette décision des autorités monétaires suisses ne va contribuer qu’à accroître la volatilité déjà considérable du yen par rapport au dollar et à l’euro.

Une volatilité exacerbée par les hedge funds, ces fonds hautement spéculatifs qui utilisent des emprunts en francs ou en yens très bon marchés pour financer leurs investissements en dollars, par exemple, qui offrent des rendements beaucoup plus attractifs.

Ce choix entre le franc et le yen est gommé d’un trait de plume par l’institut d’émission suisse. Son action prend à contre-pied les marchés et revient à renchérir d’un demi pour cent les emprunts en francs des hedge funds. Ceux-ci ne peuvent que se reporter sur le yen.

Le Japon est incapable de relever ses taux d’intérêt quasiment au niveau zéro aussi longtemps que son économie, en stagnation depuis dix ans, ne marque des signes d’une reprise durable. Cet argent japonais gratuit ou presque, les fonds hautement spéculatifs s’en servent en abondance pour jouer ensuite, comme au casino, sur les différentiels de taux d’intérêt avec le dollar et l’euro. Mais la débâcle de LTCM, le hedge fund américain dans lequel l’UBS investit massivement, a montré que ces opérations de «carry trades» ont des effets de séisme dévastateurs sur les marchés des changes.

En une journée, les variations entre le yen et dollar peuvent atteindre, dans un sens ou dans l’autre, entre 15 et 20 pour cent. Ce n’est pas supportable lorsqu’elles affectent les monnaies des deux économies les plus puissantes de la planète.

Le yen est aujourd’hui surévalué par rapport au dollar. Ce qui explique, dans une certaine mesure, pourquoi l’économie japonaise éprouve toutes les peines du monde à sortir de sa récession. Le redressement du franc, par un effet pervers indirect, aggrave les maux du Japon.

Georges Baumgartner, Tokyo

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision